Étiquette : Strougatski
La troïka par A. et B. Strougatski
Fiche de La troïka
Titre : La troïka
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1972
Traduction : P. Chwat
Editeur : Albin Michel
Première page de La troïka
« L’histoire débute au beau milieu d’une journée de travail. Je suais à grosses gouttes sur la rédaction de l’habituelle réclamation à adresser à l’usine des techniques magnétiques de Kitejgrad lorsque mon ami Edik Ampériane se présenta à mon bureau. D’une exquise politesse et de parfaite éducation, il n’avait pas surgi sans crier gare, ne s’était pas brusquement emparé du siège réservé aux visiteurs, n’avait pas effrontément fait irruption à travers un mur et ne s’était pas engouffré par le vasistas ouvert à coups de lance-pierres. La plupart de mes amis sont généralement pressés d’arriver on ne sait où, sont toujours en retard, aussi jaillissent-ils avec une totale désinvolture, négligeant les voies d’accès qu’empruntent ceux du commun. Edik, lui, n’appartient pas à cette race et il était tout bonnement entré »
Extrait de : A. et B. Strougatski. « La Troïka. »
La seconde invasion des martiens par A. et B. Strougatski
Fiche de La seconde invasion des martiens
Titre : La seconde invasion des martiens
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1967
Traduction : P. Lequesne
Editeur : L’esprit des péninsules
Première page de La seconde invasion des martiens
« 1er JUIN (3 heures du matin)
Ô maudit conformisme du monde !
Seigneur, encore Artémis à présent ! Je découvre qu’elle fricote malgré tout avec ce Nicostrate. Et ça se dit ma fille… Bon, enfin…
Vers une heure du matin, j’ai été réveillé par un grondement puissant bien qu’éloigné, et intrigué par le reflet sinistre des taches rouges qui dansaient sur les murs de la chambre. Le bruit était comme un roulement continu, pareil à ce qu’on entend lors d’un tremblement de terre, et du reste toute la maison vibrait, les vitres tintaient et les flacons tressautaient sur la table de nuit. Effrayé, j’ai bondi à la fenêtre. Le ciel au nord flamboyait : on aurait dit que la terre là-bas, derrière l’horizon, s’était entrouverte et lançait jusqu’aux étoiles des fontaines de feu multicolore. Et ces deux-là, sourds et aveugles, tout baignés qu’ils étaient par les flammes de l’enfer et secoués par les ondes de choc souterraines, se tenaient enlacés sur le banc juste sous ma fenêtre et s’embrassaient à pleine bouche. J’ai tout de suite reconnu Artémis et j’ai d’abord cru que Charon était »
Extrait de: A. et B. Strougatski. « La Seconde invasion des Martiens. »
L’escargot sur la pente par A. et B. Strougatski
Fiche de L’escargot sur la pente
Titre : L’escargot sur la pente
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1968
Traduction : M. Pétris
Editeur : Champ libre
Première page de L’escargot sur la pente
« De cette hauteur, la forêt était comme une luxuriante écume mouchetée. Comme une immense éponge poreuse couvrant le monde tout entier. Comme un animal qui se serait un jour tapi dans l’attente puis se serait endormi et se serait couvert d’une mousse grossière. Comme un masque informe posé sur un visage que personne n’avait encore jamais vu.
Perets quitta ses sandales et s’assit, ses pieds nus pendant dans le précipice. Il lui sembla que ses talons étaient tout d’un coup devenus humides, comme s’il les avait réellement plongés dans le tiède brouillard lilas qui s’accumulait sous la falaise. Il tira de sa poche les cailloux qu’il avait ramassés, les disposa soigneusement а côté de lui, puis choisit le plus petit et le jeta doucement en bas, dans le monde vivant et silencieux, endormi et indifférent qui avalait pour toujours. L’étincelle blanche s’éteignit, et rien ne se produisit, aucun branchage ne remua, aucun oeil ne s’entrouvrit pour le regarder.
S’il jetait un caillou toutes les minutes et demi; »
Extrait de : A. et B. Strougatski. « L’Escargot sur la pente. »
L’auberge de l’alpiniste mort par A. et B. Strougatski
Fiche de L’auberge de l’alpiniste mort
Titre : L’auberge de l’alpiniste mort
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1982
Traduction : A. Volodine
Editeur : Denoël
Première page de L’auberge de l’alpiniste mort
« Je coupai le contact, puis je sortis de la voiture et ôtai mes lunettes noires. Tout était conforme à ce qu’avait décrit Zgoot. L’hôtel n’avait qu’un étage. C’était un bâtiment peint en jaune et vert. Une magnifique enseigne funèbre était pendue au-dessus du seuil : auberge de l’alpiniste mort. De gros tas de neige s’élevaient à droite et à gauche de l’entrée, et dans cette masse poreuse étaient plantés des skis de toutes les couleurs. Sept, d’après mes calculs ; à l’un d’eux était encore fixée une chaussure. Troubles, gaufrés, des glaçons énormes formaient des guirlandes au niveau du toit. À la dernière fenêtre du rez-de-chaussée apparut la tâche pâle d’un visage, et au même instant s’ouvrit la porte de l’entrée principale. Un homme trapu, chauve, s’avança sur le seuil. Il portait une éblouissante chemise en dacron, par-dessus laquelle il avait enfilé un gilet de fourrure rousse. Il avait une démarche lourde, traînante ; il s’approcha puis s’arrêta en face de moi. Je remarquai aussitôt sa physionomie rougeaude et grossière, soutenue par un cou de lutteur catégorie poids lourd. »
Extrait de : A. et B. Strougatski. « L’auberge de l’alpiniste mort. »
L’arc-en-ciel lointain par A. et B. Strougatski
Fiche de L’arc-en-ciel lointain
Titre : L’arc-en-ciel lointain
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1963
Traduction : S. Delmotte
Editeur : Fleuve noir
Première page de L’arc-en-ciel lointain
« La paume de Tania, chaude et un peu rugueuse, reposait sur ses yeux, et plus rien ne le concernait. Il sentait l’odeur amère et salée de la poussière, les oiseaux de la steppe grinçaient, mal réveillés, et l’herbe sèche lui piquait et chatouillait la nuque. Rester allongé ainsi était dur et inconfortable, son cou le démangeait intolérablement, mais il ne bougeait pas, écoutant la respiration douce et égale de Tania. Il souriait et se réjouissait de l’obscurité, car son sourire devait être bête et satisfait jusqu’à l’indécence.
Puis, d’une manière aussi intempestive que déplacée, l’appel stridula au laboratoire du mirador. Tant pis ! Ce n’était pas la première fois. Ce soir-là, tous les appels tombaient d’une manière intempestive et déplacée. »
Extrait de : A. et B. Strougatski. « L’arc-en-ciel lointain. »
Il est difficile d’être un dieu par A. et B. Strougatski
Fiche d’Il est difficile d’être un dieu
Titre : Il est difficile d’être un dieu
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1964
Traduction : B. Du Crest, V. Lajoye
Editeur : Denoël
Première page d’Il est difficile d’être un dieu
« L’arbalète d’Anka était équipée d’un fût en matière plastique noire, d’une corde d’acier chromé, et un seul mouvement de son levier coulissant suffisait à la bander. Anton n’aimait pas les nouveautés, il utilisait un bon vieil engin du même modèle que celui du maréchal Totz, premier roi d’Arkanar : bardé de cuivre, avec un moulinet sur lequel s’enroulait une corde de boyau. Pachka, lui, avait pris une carabine à air comprimé. Paresseux et peu doué pour les travaux manuels, il considérait les arbalètes comme des armes préhistoriques.
Ils approchèrent d’une rive escarpée et sablonneuse, orientée au nord, où affleuraient les racines enchevêtrées de pins immenses. Anka lâcha la barre du gouvernail et regarda autour d’elle. Le soleil était déjà haut, tout était bleu, vert et jaune : le brouillard bleu au-dessus du lac, les pins vert sombre de la forêt, le sable jaune de la rive opposée. Et au-dessus d’eux, le ciel d’un bleu très clair.
« Il n’y a rien ici », dit Pachka. »
Extrait de : A. et B. Strougatski. « Il est difficile d’être un dieu. »
Arcadi et Boris Strougatski
Présentation de Arcadi et Boris Strougatski :
Arcadi et Boris Strougatski étaient deux écrivains de science-fiction soviétiques qui ont marqué le genre avec leur œuvre prolifique. Arcadi est né en 1925 à Léningrad et Boris en 1933 à Batumi. Tous deux ont étudié à l’Institut de physique et de technologie de Moscou et ont commencé à écrire ensemble dans les années 1950.
Leurs œuvres se caractérisent par un humour subtil, une satire sociale et une réflexion philosophique profonde sur la condition humaine. Ils ont écrit plus de 25 romans et des centaines de nouvelles, qui ont été traduits dans plus de 20 langues et ont reçu de nombreux prix littéraires.
Les Strougatski ont souvent été confrontés à la censure et à la pression du gouvernement soviétique en raison de leurs idées subversives et de leur critique implicite du régime. Leur roman le plus célèbre, « Stalker », a été adapté au cinéma par le réalisateur Andreï Tarkovski en 1979 et est devenu un classique de la science-fiction.
Après la chute de l’Union soviétique, les Strougatski ont continué à écrire, mais ont également participé activement à la vie publique, en s’engageant notamment dans la défense des droits de l’homme et de l’environnement.
Arcadi est décédé en 1991, mais Boris a continué à écrire jusqu’à sa mort en 2012. Leur héritage littéraire reste aujourd’hui une référence majeure de la science-fiction, en Russie comme à l’étranger.
Livres d’Arcadi et Boris Strougatski :
Il est difficile d’être un dieu (1964)
L’arc-en-ciel lointain (1963)
L’auberge de l’alpiniste mort (1982)
L’escargot sur la pente (1968)
La seconde invasion des martiens (1967)
La troïka (1972)
Le dernier cercle du paradis (1976)
Le lundi commence le samedi (1966)
Le petit (1971)
Le scarabée dans la fourmilière (1979)
Les mutants du brouillard (1972)
Les revenants des étoiles (1962)
Les vagues éteignent le vent (1985)
Stalker (1972)
Un gars de l’enfer (1974)
Un milliard d’années avant la fin du monde (1976)
Pour en savoir plus sur Arcadi et Boris Strougatski :
La page Wikipédia sur A. et B. Strougatski
La page Noosfere sur A. Strougatski et B. Strougatski
La page isfdb de A. Strougatski et B. Strougatski