Auteur/autrice : CH91
Illa et son étoile par Jean-Louis Le May

Fiche de Illa et son étoile
Titre : Illa et son étoile (Tome 6 sur 8 – Contes et Légendes du futur)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1984
Editeur : Fleuve noir
Première page de Illa et son étoile
« Le jour du Renouveau approchait.
Encore dix-sept révolutions de Nome, la planète riante, autour de son axe invisible et le soleil jaune masquerait totalement son petit compagnon rouge. Une éclipse totale, visible du monde entier, durant plusieurs heures. Une éclipse qui rythmait la vie de Nome depuis le plus lointain passé de l’humanité, une fois tous les cinquante-deux ans.
Lors de la période incompréhensible de rupture qui avait suivi l’avènement de l’espèce humaine sur Nome, le passage de l’astre jaune devant le rouge avait engendré la terreur. Pour apaiser le courroux du dieu flamboyant qui pouvait dévorer son frère rouge, le sang des victimes sacrificielles avait coulé à flots. Les hurlements lugubres des suppliciés et les glapissements des bourreaux arrachant les cœurs avaient répondu aux lamentations psalmodiées des prêtres, dans les cryptes gigantesques des montagnes de cristal.
Plusieurs millénaires durant, après l’abandon des connaissances originelles, les prémices du rapprochement cosmique avaient ainsi déclenché l’horreur. Jusqu’au temps du Premier Palier. »
Extrait de : J.-L. Le May. « Illa et son étoile – Contes et Légendes du futur. »
L’alizé pargélide par Jean-Louis Le May

Fiche de L’alizé pargélide
Titre : L’alizé pargélide (Tome 5 sur 8 – Contes et Légendes du futur)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1980
Editeur : Fleuve noir
Première page de L’alizé pargélide
« Une rafale plus longue que celles qui l’avaient précédée ulula en se faufilant entre les tours et les passerelles du palais. Yrietl remua sur la haute couche de cuir. Entre les voiles de soie mauve, son corps mince et souple se replia dans la position qu’il avait prise durant les longs jours de la gestation, dix-sept ans auparavant. Mais elle ne s’éveilla pas.
Le vent força un peu, avec l’apparition de la tache écarlate de l’aube, rappelant ce qu’avait été le crépuscule, la veille. Span venait de se coucher, brillant et bleu, sur l’horizon de l’ouest. Hélios allait paraître, attirant à sa suite, pour la première fois depuis quinze décades, l’alizé qui pousse les nuages porteurs de pluie.
Au sommet du donjon, la girouette d’airain grinça à peine et les bagues musicales vibrèrent sur le registre d’une octave, indiquant, par la densité de leur chant, l’exacte puissance du vent constant.
La lueur rouge de l’aurore glissa de l’écarlate au vermillon puis à l’orangé brillant et le fin ménisque d’Hélios apparut au-dessus des forêts de l’est. Sa lumière frappa le cristal d’éveil et le pinceau ardent forma une tache incandescente sur la couche de cuir. »
Extrait de : J.-L. Le May. « L’Alizé pargélide – Contes et Légendes du futur »
Dal’nim par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Dal’nim
Titre : Dal’nim (Tome 4 sur 8 – Contes et Légendes du futur)
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1977
Editeur : Fleuve noir
Première page de Dal’nim
« La Terre ne semblait pas avoir changé. Symphonie de bleu et d’aigrettes immaculées. Mais il n’en était pas de même à la lecture des appareils sensibles braqués sur le sol de la planète qui défilait sous le navire interstellaire, à la vitesse imposée par la gravitation, à tout satellite qu’il soit naturel ou artificiel.
Et le France était devenu satellite artificiel par la volonté de la majorité de son équipage. C’est tout au moins ce qu’estimait son actuel commandant. Avoir réussi sans coup férir l’opération dans laquelle il avait entraîné douze des dix-huit membres survivants de l’expédition ne lui apportait pourtant pas les compensations escomptées.
La Terre demeurait désespérément muette. Le pouvoir de résolution des télescopes, depuis le millier de kilomètres de l’orbite choisie, permettait d’apercevoir, une fois tous les deux jours, le village de chasseurs où le commandant Roche et ses cinq compagnons avaient probablement trouvé asile, mais il n’était pas suffisant pour qu’on puisse distinguer, en observation directe, des êtres humains. »
Extrait de : J.L. et D. Le May. « Dal’Nim – Contes et Légendes du futur. »
Plus jamais le « France » par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Plus jamais le « France »
Titre : Plus jamais le « France » (Tome 3 sur 8 – Contes et Légendes du futur)
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1976
Editeur : Fleuve noir
Première page de Plus jamais le « France »
« Gérard Dunne, le mécanélec du France, était en surveillance dans l’astrodôme du navire de l’espace vautré comme une coloquinte géante au milieu de hautes herbes ligneuses entre deux lisières d’arbres verts.
Lentement, prenant son temps, pour retrouver et goûter les images oubliées depuis cinq années spatiales, il fit tourner la molette de réglage, fouillant ainsi d’un regard à l’acuité décuplée, le feuillage des chênes, des frênes et des hêtres, curieusement mêlés à de hauts palmiers élancés. Une image passa, fugace, si folle qu’il étouffa un ricanement. « Obsession ! » pensa-t-il en continuant à tourner la molette.
Puis, la netteté de l’image entrevue l’intrigua, le tracassa au point qu’il cessa de tourner dans le sens direct pour revenir lentement en arrière, voulant comprendre quel jeu de lumière, quelle forme de branche, quel mouvement du vent, en se combinant, avaient pu créer l’illusion. »
Extrait de : J.L. et D. Le May. « Plus Jamais le « France » – Contes et Légendes du futur. »
Ce monde qui n’est plus nôtre par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Ce monde qui n’est plus nôtre
Titre : Ce monde qui n’est plus nôtre (Tome 2 sur 8 – Contes et Légendes du futur)
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1976
Editeur : Fleuve noir
Première page de Ce monde qui n’est plus nôtre
« Ce fut de la tribune de l’U.M.P. que jaillirent les chants enflammés prônant la conquête spatiale. Aussi bien chez les Unionistes vainqueurs que chez les Occidentaux vaincus, la propagande suivit immédiatement, trop heureuse de découvrir un dérivatif à l’exaspération croissante des masses.
Moins de quinze ans venaient de s’écouler depuis la fin de la guerre de l’Énergie, déclarée sur les sables constellés de torchères du Golfe de l’Or Noir et terminée par la reddition des forces twinaméricaines après 310 millions de morts en 67 jours, nouveau record à battre.
Comme après tous les grands affrontements du passé, les bonnes volontés n’avaient pas manqué pour bâtir la paix. S’il y avait encore eu une Suisse, le petit havre montagneux eût sans doute été choisi pour abriter l’U.M.P. (Union Mondiale Pacifiste). Mais il ne restait rien que le relief de ce qui avait été le coffre-fort de l’argent du monde, quelle que soit son odeur. Le relief et quelques glacis colorés en rouge sur les cartes. L’U.M.P. s’installa donc en territoire neutre mais ailleurs et, après avoir longtemps hésité entre Reykjavik et Khartoum, elle choisit raisonnablement Casablanca. »
Extrait de : J.L. et D. Le May. « Ce monde qui n’est plus notre – Contes et Légendes du futur. »
Les gardiens de l’Almucantar par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Les gardiens de l’Almucantar
Titre : Les gardiens de l’Almucantar (Tome 1 sur 8 – Contes et Légendes du futur)
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les gardiens de l’Almucantar
« Le Soleil, déjà haut, écrasait de lumière les trois coupoles du Temple. Les doigts mystérieux des Seigneurs du Vent apportaient les senteurs qui enveloppaient d’un réseau d’informations précises l’homme qui méditait, le menton reposant sur son poing, assis sur la pierre tiède du banc d’observation circulaire.
La saison du froid avait pris fin, en avance sur la date indiquée par l’anneau d’ombre. Celui-ci perdait de jour en jour de son ventre, mais l’armille donnait encore quatre rouges et quelques blanches de jours avant que l’Œil du Bélier ne parvienne au point Vernal. Bien entendu, respectant les Dits de la Litanie du Ciel, ce point aurait cette fois encore régressé sur le grand cercle de l’almucantar par rapport à l’année précédente. Et, toujours comme prévu, la visée correspondrait exactement avec un signe gravé finement dans la matière indestructible noyée dans la pierre du cercle.
L’horloge à ombre, comme l’horloge à eau, témoignaient sans défaillance de l’écoulement du temps, la première permettant de vérifier que la seconde ne trahissait pas les observateurs du Temple, Gardiens de l’almucantar. Et l’une comme l’autre fournissaient des indications concordant avec les visées de l’armille géante braquée sur l’étoile du Temps. »
Extrait de : J.L. et D. Le May. « Les gardiens de l’Almucantar – Contes et Légendes du futur. »
Claine et les Solandres par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Claine et les Solandres
Titre : Claine et les Solandres (Tome 2 sur 2 – Claine)
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1975
Editeur : Fleuve noir
Première page de Claine et les Solandres
« On signale l’arrivée du commissaire principal Dabard accompagné de deux de ses collaborateurs. La présence en nos murs du chef de la Brigade criminelle serait en rapport avec la disparition toujours inexpliquée du chef-pilote de l’Aérospatiale. Rappelons les faits, car cette étrange affaire est en passe de prendre une dimension
internationale.
M. Yonnel Dacquay, trente-deux ans, pilote comptant plus de six mille heures de vol dont deux mille aux commandes de divers prototypes de l’Aérospatiale, est chargé des essais en vol du biréacteur hypersonique français Aérospace LH 2, depuis maintenant
quatorze mois.
Le choix de cet ingénieur pilote n’a pas été fait au hasard. Il est considéré, en dépit de ses trente-deux ans, comme l’un des meilleurs spécialistes du monde dans le domaine des très hautes vitesses. Récemment, il a participé au Congrès mondial des Hypervitesses en compagnie d’une autre célèbre figure de notre aéronautique nationale, Paul Perrault, ingénieur en chef du Centre d’essais en vol. »
Extrait de : J.L. et D. Le May. « Claine et les Solandres – Claine. »
Un pilote a disparu par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Un pilote a disparu
Titre : Un pilote a disparu (Tome 1 sur 2 – Claine)
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1975
Editeur : Fleuve noir
Première page de Un pilote a disparu
« Paul Perrault avala une gorgée et reposa avec précaution son verre de jus de fruit, sans glace, sur le comptoir de cuivre brut, astiqué comme probablement ne l’avaient jamais été les meilleurs miroirs chaldéens. Il leva les sourcils, ses yeux d’un bleu acier tirant sur le gris se firent attentifs et il prêta l’oreille à ce que débitait le haut-parleur. Réglé en sourdine, l’appareil distillait ordinairement pêle-mêle des glapissement heureusement assourdis, pompeusement annoncés sous la rubrique chants et variétés, des borborygmes rythmiques rappelant que le premier instrument de musique fut sans doute un os creux, dans lequel certains soufflaient tandis que d’autres l’utilisaient pour frapper, une curieuse forme de bruit dénommée musique concrète et, comme c’était maintenant le cas, des informations lâchées sans préavis, comme une incongruité, par un commentateur aux oreilles garnies de boules de protection.
Le chef des essais en vol écouta jusqu’à ce que la voix impersonnelle et à peine audible ait cédé la place à un vacarme assourdi de casseroles descendant l’escalier en spirale de la tour Maine-Montparnasse, attachée à la queue du boxer du dernier étage. »
Extrait de : J.L. et D. Le May. « Un Pilote a Disparu – Claine. »
La révolte des Boudragues par Jean-Louis Le May

Fiche de La révolte des Boudragues
Titre : La révolte des Boudragues (Tome 7 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir
Première page de La révolte des Boudragues
« Par le trou créé par la disparition d’un nœud dans le bois trop ancien passe le premier rai de la lumière du jour et Toumas ouvre grands ses deux yeux. Il les referme, frotte ses paupières qui n’en peuvent mais et bâille. Cela fait un bout de temps qu’il tourne et retourne sur la couche formée à son empreinte et toute moite de sueur.
A sa droite, le nez tourné vers la fenêtre, Elèna paraît dormir, cette innocente ! Pas à dire, la saison chaude arrive plus vite d’une année sur l’autre. Entre deux orages à faire péter les oreilles, deux coups de vent à arracher les cornes les mieux enfoncées dans les crânes de cocus, deux averses bonnes à noyer un chourrou(2), le soleil brille et chauffe ce couillon ! Il chauffe tellement qu’on ne peut plus mettre la trogne dehors sans un chapeau à bord.
Avec un temps pareil, jamais la végétation n’a aussi bien poussé. Il n’y a pour ainsi dire plus de pelade sur les montagnes alentour. Même le mont Tonnerre, que l’orage massacre allègrement, commence à se couvrir de beaux taillis, solides et bien verts. »
Extrait de : J.-L. Le May. « La Révolte Des Boudragues – Chroniques des temps à venir. »
L’hérésie magicienne par Jean-Louis Le May

Fiche de L’hérésie magiciennelent les Achachilas
Titre : L’hérésie magicienne (Tome 12 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir
Première page de L’hérésie magicienne
« En ce temps-là, le bon pape Adolfo Ruys Pacheco perdit la vie. Il serait plus exact de dire qu’il trouva la mort, étant donné que cette fin regrettable fut considérablement hâtée par autrui. Les méchants du temps prétendirent même quelle fut provoquée par les sortilèges érotico-initiatiques de la flamboyante conseillère privée du défunt, Anahuatl Pantli, évêque de l’Amazonas.
Dans de précédentes chroniques, nous avons traité en détail de la naissance et du développement de Transam, l’entité territoriale rockandine et de son avatar, l’Église de Grand Dieu Bon. Nous n’y reviendrons pas. Retenons que la belle Anahuatl Pantli, ayant remarquablement mené son action, se fit élire au sommet de la hiérarchie de l’Église sans la moindre difficulté.
Comme souvent en de semblables circonstances, il se découvrit des grincheux pour murmurer entre leurs dents que si le pape Pacheco avait moins chevauché l’amazone, il aurait conservé la vie. Il se trouva également des opposants systématiques à la présence, à la tête de l’œcumène, d’une femelle plus intéressée par la longueur et la cambrure de l’organe de ses diacres et vicaires du commun, que par la destinée de l’Église. »
Extrait de : J.-L. Le May. « L’hérésie magienne – Chroniques des temps à venir. »