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L’exploration de l’espace par A. C. Clarke

Fiche de L’exploration de l’espace

Titre : L’exploration de l’espace
Auteur : A. C. Clarke
Date de parution : 1951
Traduction : R. Guillonnet
Editeur : Denoël

Première page de L’exploration de l’espace

« LA FORMATION DU RÊVE

La conception même du voyage interplanétaire resta bien entendu impossible tant qu’on ignora l’existence des autres planètes. Cette découverte eut lieu beaucoup plus tard que nous ne l’imaginons parfois. Si Mercure, Vénus, Mars, Jupiter étaient connues dès la plus haute antiquité, pour les anciens elles n’étaient que des étoiles errantes. (Le mot « planète » signifie en effet « errant ».) Quant à savoir ce qu’étaient ces étoiles, c’était une question à laquelle chaque philosophe donnait une réponse différente. Les disciples de Pythagore, au VIe siècle avant Jésus-Christ, n’étaient pas très loin de la vérité lorsqu’ils enseignaient que la Terre était une des planètes. Mais cette doctrine, si évidemment opposée à toutes les données du sens commun, n’était pas généralement acceptée et de fait, il n’y avait guère, à l’époque, d’arguments pour l’appuyer. Pour les anciens, par conséquent, l’idée du voyage interplanétaire, au sens littéral, n’était pas seulement fantastique : elle n’avait aucun sens. »

Extrait de : A. C. Clarke. « L’Exploration de l’Espace. »

Egomachine par H. Kuttner

Fiche d’Egomachine

Title : Egomachine
Auteur : H. Kuttner
Date de parution : 1962
Traduction : J. Bonnefoy
Editeur : Denoël

Sommaire d’Egomachine

  • Les Etats-Unis de Hollywood par A. Bester
  • Egomachine par H. Kuttner

Première page d’Egomachine

« Nicolas Martin leva les yeux vers le robot installé derrière son bureau. « Je ne vais pas vous demander ce que vous voulez », dit-il d’une voix basse et contenue. « Je le sais déjà. Allez simplement dire à Saint-Cyr que je suis d’accord. Dites-lui que je trouve l’idée merveilleuse : mettre un robot dans un film. On a déjà tout vu – sauf les Rockettes[5]. Mais il est évident qu’une gentille petite histoire de Noël située chez des pêcheurs portugais sur la côte de Floride se doit d’avoir un robot. C’est évident. Seulement, pourquoi pas six ? Tant qu’on y est, dites-lui que je lui suggère d’en mettre treize à la douzaine… Allez, filez.
— Votre mère s’appelait bien Helena Glinska ? » demanda le robot sans prêter la moindre attention aux propos de Martin. »

Extrait de : H. Kuttner. « Egomachine. »

Les perles du temps par G. Klein

Fiche de Les perles du temps

Titre : Les perles du temps
Auteur : G. Klein
Date de parution : 1958
Editeur : Denoël

Sommaire de Les perles du temps

  • Tels des miroirs gelés
  • Le monstre
  • Une place au balcon
  • La vieille maison
  • En vacances
  • Les abandonnés
  • Les hôtes
  • Le grand concert
  • L’écume du soleil
  • Trois versions d’un évènement
  • Les voix de l’espace
  • Impressions de voyage
  • Les évadés
  • Bruit et silence
  • Civilisation 2190
  • Les prisonniers
  • Point final

Première page de Tels des miroirs gelés

« Un petit fragment de glace. Un peu de verre et d’argent, mais luisant et étincelant, et contenant des milliers et des milliers de regards, de visages, d’objets attrapés au hasard d’un rayon de soleil. Quelque chose comme une réserve d’images, ou comme un lambeau de voile de ces vaisseaux fantômes qui s’aventurent sur les mers inconnues et brumeuses du brouillard des rêves, ou quelquefois, comme une clé. Un petit bout de miroir. Juste un éclat.
La Vieille Dame s’arrêta sur la dernière marche pour reprendre haleine et elle vit, presque en même temps, un éclat pointu de glace et un petit garçon qui la dévisageait. Les yeux du petit garçon étaient pleins d’une froideur étrange, tels des miroirs gelés où dorment des lumières, et ils fouillaient la Vieille Dame si durement et si intensément qu’elle trébucha. Elle plongea la main dans sa poche et ils entendirent des bruits métalliques qui cristallisèrent brusquement le silence. Ce n’était pas un silence calme, ni reposant, ni parfait. C’était un silence vide qui forçait les yeux à se dilater et les tempes à résonner plus fort sous les pas du marcheur intérieur. »

Extrait de : G. Klein. « Les perles du temps. »

Le temps n’a pas d’odeur par G. Klein

Fiche de Le temps n’a pas d’odeur

Titre : Le temps n’a pas d’odeur
Auteur : G. Klein
Date de parution : 1963
Editeur : Denoël

Première page de Le temps n’a pas d’odeur

« Sur Altaïr, le grand rectangle noir irradiait une lumière sombre, à la limite du visible. Les ingénieurs du Temps préparaient une expédition, la troisième en moins d’une année. Les anciens se souvenaient d’une époque où les expéditions avaient été moins nombreuses. S’ils avaient eu le goût de la réflexion, ils se seraient inquiétés de cette fréquence nouvelle des explorations temporelles. Mais leur rôle n’était pas de poser des questions, et ils n’y songeaient guère. Sur Altaïr, on était très précis quant aux attributions des différentes spécialités.

Le rôle des ingénieurs du Temps était d’ajuster les multitenseurs d’un espace d’Horowitz avec une précision surpassant la seizième décimale. Une partie du résultat pouvait être atteinte à l’aide de machines. Mais pour le reste, Altaïr devait s’en remettre à leur habileté. »

Extrait de : G. Klein. « Le temps n’a pas d’odeur. »

Case et le rêveur par Theodore Sturgeon

Fiche de Case et le rêveur

Titre : Case et le rêveur
Auteur : Theodore Sturgeon
Date de parution : 1972
Traduction : J. Polanis
Editeur : Denoël

Sommaire de Case et le rêveur :

  • Le général fantôme par T. Cogswell
  • Case et le rêveur par T. Sturgeon

Première page de Case et le rêveur

« Si, à l’instant précis où Case mourut, vous aviez dirigé depuis la Terre un laser (à faisceau étroit) vers sa position dans l’espace, et si vous aviez pu chevaucher la pointe du faisceau pendant mille ans (impossible, bien sûr) vous auriez pu voir son cercueil.
Ce n’était pas un cercueil à l’origine. Les vaisseaux, en cas de défaillance, ont des canots de sauvetage, et les canots ont eux-mêmes des bouées de sauvetage en cas d’urgence ; le cercueil avait un jour été une bouée, mais maintenant et depuis tous ces siècles, il était et avait été le cercueil de Case.
Il flottait dans l’absence de lumière, son large spectre de cris de détresse à jamais silencieux. Il culbutait toujours sur lui-même, lentement, poussé par une lumière depuis longtemps disparue, parce qu’on ne lui avait jamais dit de s’arrêter. »

Extrait de : T. Sturgeon. « Case et le rêveur. »

Le retour de Marion Marsh par Jack Finney

Fiche de Le retour de Marion Marsh

Titre : Le retour de Marion Marsh
Auteur : Jack Finney
Date de parution : 1973
Traduction : M. Lebailly
Editeur : Denoël

Première page de Le retour de Marion Marsh

« Cher fils,
Juste un petit mot pour te dire que je suis ravi que Jan et toi soyez décidés à emménager dans une vieille maison victorienne : elles ont un charme qui manque totalement à l’architecture d’aujourd’hui, condamnée aux économies de bouts de chandelle. J’ai moi-même vécu dans l’une d’elles lorsque j’habitais San Francisco, alors si au cours de vos recherches vous passez à proximité de Buena Vista Hill, j’aimerais bien que vous alliez voir si elle est toujours là ; faites-le-moi savoir, c’est surtout pour cela que je vous écris. Elle était dans le dernier pâté de maisons de Divisadero Street, au numéro 114 ; une belle demeure d’un étage – j’occupais le rez-de-chaussée – avec une charpente en bois, un comble sur pignon, une fenêtre en saillie et une vue à couper le souffle sur la ville et la Baie. Je ne l’ai jamais oubliée et si vous en trouvez une comme ça, je suis sûr que Jan et toi, vous y vivrez heureux – pour être heureux, il suffit souvent de décider qu’on le sera. C’est tout !
À part ça, pas grand-chose à vous raconter. Comme toujours en février, on a un temps dégueulasse à Chicago, même s’il ne fait pas trop froid ces derniers temps. Samedi dernier…
 »

Extrait de : J. Finney. « Le retour de Marion Marsh. »

La pièce d’à côté par Jack Finney

Fiche de La pièce d’à côté

Titre : La pièce d’à côté
Auteur : Jack Finney
Date de parution : 1968
Traduction : N. Serval
Editeur : Denoël

Première page de La pièce d’à côté

« Sur les six heures trente d’une aube gris lavasse dopée au 220, l’alarme du réveil résonnant encore à mes oreilles, j’ai gagné la salle de bains à tâtons, les yeux fermés, histoire de grappiller quelques secondes supplémentaires de sommeil. Je me suis planté devant le miroir de l’armoire à pharmacie, espérant comme d’habitude qu’un miracle aurait eu lieu pendant la nuit. Mais rien n’avait changé, en tout cas pas en mieux.
Toujours la même vieille gueule pas rasée d’abruti presque trentenaire ; toujours la même tignasse queue de vache rebiquant en tous sens comme une poignée de clous rouillés ; toujours les mêmes yeux injectés de basset artésien. « Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est le roi des tocards ?
— Toujours pareil, a répondu la voix grave et familière. Tu es au coude à coude avec un berger australien alcoolo et un usurier de Beyrouth. Mais on dirait que c’est toi qui tiens la corde. » Une main céleste émergeant de la manche brodée d’or d’une longue robe blanche est alors descendue du plafond, armée d’un énorme tampon en caoutchouc, et a imprimé sur mon front, en noir et en capitales, les quatre lettres du mot raté. »

Extrait de : J. Finney. « La pièce d’à côté. »

L’invasion des profanateurs par Jack Finney

Fiche de L’invasion des profanateurs

Titre : L’invasion des profanateurs
Auteur : Jack Finney
Date de parution : 1954
Traduction : M. Lebrun
Editeur : Denoël

Première page de L’invasion des profanateurs

« Je préfère vous avertir tout de suite : le récit que vous commencez à lire regorge d’incohérences et de questions sans réponses. Il s’achèvera sans beaucoup de précision ; tout n’y sera pas résolu, ni expliqué avec logique. Du moins pas par moi. Je ne peux même pas affirmer que je sache exactement ce qui s’est passé, ni pourquoi, ni comment ça a commencé, comment ça a pris fin, ou seulement si ça s’est terminé ; pourtant j’ai été aux premières loges. Maintenant, si vous n’aimez pas ce genre d’histoire, désolé, mais vous feriez mieux de lire autre chose. Je ne peux raconter que ce que je sais.
Pour moi, tout commença vers les six heures du soir, le jeudi 28 octobre 1976, une fois que j’eus reconduit mon dernier patient – un pouce foulé – à la porte de mon cabinet, avec l’impression vague que ma journée n’était pas encore finie ; j’aurais souhaité ne pas être médecin, car chez moi ce genre  »

Extrait de : J. Finney. « L’invasion des profanateurs. »

Le balancier du temps par Jack Finney

Fiche de Le balancier du temps

Titre : Le balancier du temps (Tome 2 sur 2 – Simon Morley)
Auteur : Jack Finney
Date de parution : 1995
Traduction : H. Collon
Editeur : Denoël

Première page de Le balancier du temps

« L’homme assis à l’extrémité de la longue table avait une barbiche noire bien taillée, striée de blanc aux coins de la bouche. Il leva les yeux vers l’horloge murale, qui indiquait sept heures et trois minutes. « Bien », dit-il aux quelque dix individus des deux sexes rassemblés devant lui. « Allons-y. » Cependant, il se retourna une fois de plus vers la porte grande ouverte derrière lui, et les autres l’imitèrent. Mais comme personne ne s’y présentait, et qu’on n’entendait pas le moindre bruit de pas sur le parquet du couloir, il se résigna. Avec sa petite quarantaine bien portée, ses jeans et sa chemise à carreaux, il était le plus jeune, mais aussi le seul professeur titulaire. « Audrey, voulez-vous ouvrir la séance ?
— Mais certainement. »
L’interpellée ouvrit l’enveloppe brune posée sur la table, à côté de son sac à main, et entreprit d’en retirer lentement un journal plié en quatre. L’espace d’un instant, seule une partie du titre resta visible :… w York Courier ; une ou deux personnes sourirent de ce qu’elles prirent pour un geste délibérément théâtral. Tous les membres de l’assistance, qui avaient entre vingt-cinq et quarante ans, étaient vêtus simplement et se comportaient avec naturel.  »

Extrait de : J. Finney. « Simon Morley – Le balancier du temps. »

Le voyage de Simon Morley par Jack Finney

Fiche de Le voyage de Simon Morley

Titre : Le voyage de Simon Morley (Tome 1 sur 2 – Simon Morley)
Auteur : Jack Finney
Date de parution : 1970
Traduction : H. Collon
Editeur : Denoël

Première page de Le voyage de Simon Morley

« En manches de chemise, comme toujours quand je travaille, j’ébauchais les contours d’un savon scotché dans le coin supérieur de ma table à dessin. Le papier d’emballage doré était soigneusement déplié de manière qu’on puisse encore en déchiffrer la marque. J’en avais gâché une demi-douzaine avant d’obtenir l’effet désiré. C’était une nouvelle idée : montrer le produit prêt à l’emploi – « toujours plus mousseux et parfumé pour vous si belle », comme disait le texte d’accompagnement –, et j’étais chargé d’en faire cinq ou six croquis en orientant chaque fois le savon dans une position différente.
La tâche était aussi assommante qu’il y paraît ; je me suis interrompu un moment pour me tourner vers la fenêtre et regarder, douze étages plus bas, les têtes minuscules qui circulaient sur les trottoirs de la Cinquante-Quatrième Rue. C’était une belle journée de novembre, ensoleillée, d’une clarté limpide,  »

Extrait de : J. Finney. « Simon Morley – Le voyage de Simon Morley. »