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L’auberge de l’alpiniste mort par A. et B. Strougatski

Fiche de L’auberge de l’alpiniste mort

Titre : L’auberge de l’alpiniste mort
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1982
Traduction : A. Volodine
Editeur : Denoël

Première page de L’auberge de l’alpiniste mort

« Je coupai le contact, puis je sortis de la voiture et ôtai mes lunettes noires. Tout était conforme à ce qu’avait décrit Zgoot. L’hôtel n’avait qu’un étage. C’était un bâtiment peint en jaune et vert. Une magnifique enseigne funèbre était pendue au-dessus du seuil : auberge de l’alpiniste mort. De gros tas de neige s’élevaient à droite et à gauche de l’entrée, et dans cette masse poreuse étaient plantés des skis de toutes les couleurs. Sept, d’après mes calculs ; à l’un d’eux était encore fixée une chaussure. Troubles, gaufrés, des glaçons énormes formaient des guirlandes au niveau du toit. À la dernière fenêtre du rez-de-chaussée apparut la tâche pâle d’un visage, et au même instant s’ouvrit la porte de l’entrée principale. Un homme trapu, chauve, s’avança sur le seuil. Il portait une éblouissante chemise en dacron, par-dessus laquelle il avait enfilé un gilet de fourrure rousse. Il avait une démarche lourde, traînante ; il s’approcha puis s’arrêta en face de moi. Je remarquai aussitôt sa physionomie rougeaude et grossière, soutenue par un cou de lutteur catégorie poids lourd. »

Extrait de : A. et B. Strougatski. « L’auberge de l’alpiniste mort. »

Il est difficile d’être un dieu par A. et B. Strougatski

Fiche d’Il est difficile d’être un dieu

Titre : Il est difficile d’être un dieu
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1964
Traduction : B. Du Crest, V. Lajoye
Editeur : Denoël

Première page d’Il est difficile d’être un dieu

« L’arbalète d’Anka était équipée d’un fût en matière plastique noire, d’une corde d’acier chromé, et un seul mouvement de son levier coulissant suffisait à la bander. Anton n’aimait pas les nouveautés, il utilisait un bon vieil engin du même modèle que celui du maréchal Totz, premier roi d’Arkanar : bardé de cuivre, avec un moulinet sur lequel s’enroulait une corde de boyau. Pachka, lui, avait pris une carabine à air comprimé. Paresseux et peu doué pour les travaux manuels, il considérait les arbalètes comme des armes préhistoriques.
Ils approchèrent d’une rive escarpée et sablonneuse, orientée au nord, où affleuraient les racines enchevêtrées de pins immenses. Anka lâcha la barre du gouvernail et regarda autour d’elle. Le soleil était déjà haut, tout était bleu, vert et jaune : le brouillard bleu au-dessus du lac, les pins vert sombre de la forêt, le sable jaune de la rive opposée. Et au-dessus d’eux, le ciel d’un bleu très clair.
« Il n’y a rien ici », dit Pachka. »

Extrait de : A. et B. Strougatski. « Il est difficile d’être un dieu. »

La révolte masculiniste par W. Tenn

Fiche de La révolte masculiniste

Titre : La révolte masculiniste
Auteur : W. Tenn
Date de parution : 1965
Traduction : M. Rolland
Editeur : Denoël

Sommaire de La révolte masculiniste

  • La révolte masculiniste par W. Tenn
  • Le règne des fourmis par J. Wyndham

Première page de La révolte masculiniste

« Le retour de la Braguette

Les historiens de la période allant de 1990 à 2015 sont en total désaccord sur les causes de la Révolte masculiniste. Aux yeux de certains, il s’agissait d’un séisme sexuel d’envergure nationale prévisible depuis longtemps. D’autres, en revanche, soutiennent qu’un vieux célibataire déclencha le mouvement dans le seul but d’échapper à la faillite, puis assista à sa transformation en un monstre terrifiant qui le dévora tout cru.
Ce P. Édouard Pollybrille, que ses disciples surnommèrent affectueusement « Pépère », fut l’ultime représentant d’une famille qui s’était distinguée depuis des générations dans la confection pour hommes. L’usine Pollybrille ne produisait qu’un seul article, des tuniques polyvalentes pour hommes, et travaillait à plein rendement jusqu’au jour où s’imposa la mode interchangeable. Brusquement, du jour au lendemain semblait-il, l’habillement purement masculin ne trouva plus preneur. »

Extrait de : W. Tenn. « La Révolte masculiniste. »

Le village des damnés par J. Wyndham

Fiche de Le village des damnés

Titre : Le village des damnés (Les coucous de Midwich)
Auteur : J. Wyndham
Date de parution : 1959
Traduction : A. Veillon
Editeur : Denoël

Première page de Le village des damnés

« défense d’entrer à Midwich

Un des plus grands bonheurs de ma femme a été d’épouser un homme né un 26 septembre. Sans cela, nous aurions sûrement passé la nuit du 26 au 27 chez nous à Midwich, ce qui eût entraîné des conséquences qui, Dieu merci, lui ont été épargnées.
Comme c’était mon anniversaire, et que d’autre part il se trouvait que la veille j’avais reçu et signé un contrat avec un éditeur américain, nous partîmes dans la matinée du 26 pour fêter à Londres l’une et l’autre circonstance. Ce fut charmant. Quelques visites utiles, homard au Chablis chez Wheeler, ensuite au spectacle, pour voir la dernière invention d’Ustinov, et après un souper fin, le retour à l’hôtel où Janet, ma femme, ne manqua pas de s’extasier sur le confort de la salle de bains, ce qu’elle fait toujours hors de chez elle.
Sans nous presser, le lendemain, nous rentrâmes à Midwich. Un arrêt chez l’épicier à Trayne, qui est notre centre de ravitaillement le plus proche. Nous reprîmes ensuite la route principale traversant le  »

Extrait de : J. Wyndham. « Le Village Des Damnés: Les Coucous De Midwich. »

Le temps cassé par J. Wyndham

Fiche de Le temps cassé

Titre : Le temps cassé
Auteur : J. Wyndham
Date de parution : 1956
Traduction : E. Gille
Editeur : Denoël

Sommaire de Le temps cassé :

  • Chronoclasme
  • Le temps du repos
  • Météore
  • Survie
  • Les lunettes de Pawley
  • Numéro opposé
  • De Caïphe à Pilate
  • Stupides martiens
  • Circuit de compassion
  • Fleur sauvage

Première page de Chronoclasme

« Le jour où j’entendis parler de Tavia pour la première fois, l’allusion fut assez confuse et ne retint guère mon attention. Un monsieur d’un certain âge, un étranger, m’aborda un matin dans la grand-rue de Plyton. Il souleva son chapeau, s’inclina – avec peut-être un soupçon d’exotisme – et se présenta poliment :
— Je me nomme Donald Gobie, docteur Gobie. Je vous serais très reconnaissant, sir Gerald, s’il vous était possible de me consacrer quelques minutes. Je suis vraiment désolé de vous déranger, mais il s’agit d’une affaire assez urgente et d’une importance considérable.
Je le regardai attentivement.
— Il doit y avoir quelque erreur, lui dis-je. Je n’ai pas le moindre titre de noblesse.
Il sembla déconcerté.
— Mon Dieu. Je suis absolument désolé. Mais quelle ressemblance… j’étais tout à fait sûr de m’adresser à sir Gerald Lattery. »

Extrait de : J. Wyndham. « Le temps cassé. »

Le règne des fourmis de J. Wyndham

Fiche de Le règne des fourmis

Titre : Le règne des fourmis
Auteur : J. Wyndham
Date de parution : 1956
Traduction : D. Hersant
Editeur : Denoël

Sommaire de Le règne des fourmis

  • La révolte masculiniste par W. Tenn
  • Le règne des fourmis par J. Wyndham

Première page de Le règne des fourmis

« Il n’y avait rien d’autre que moi. Je restais suspendue, hors du temps et de l’espace, dans un vide où nulle force ne s’exerçait, où ne régnaient ni lumière ni ténèbres. J’étais une entité, mais je n’avais pas de forme ; j’avais conscience d’exister, mais je n’éprouvais pas de sensations ; j’étais douée d’un esprit, mais non d’une mémoire. Je me demandais si ce… néant était mon âme, et il me semblait que je m’étais toujours posé cette question et que je continuerais à me la poser éternellement…
Puis, pour une raison ou une autre, l’impression d’éternité se dissipa. Je me rendis compte qu’une force s’exerçait sur moi, me contraignait à me déplacer, et l’impression d’infini que j’avais ressentie se dissipa à son tour. Rien ne me prouvait que je me déplaçais. Je savais simplement que j’étais attirée vers quelque chose ou quelqu’un et j’en étais heureuse : c’était ce que je souhaitais. Je n’avais pas  »

Extrait de : J. Wyndham. « Le Règne des fourmis. »

Le péril vient de la mer par J. Wyndham

Fiche de Le péril vient de la mer

Titre : Le péril vient de la mer
Auteur : J. Wyndham
Date de parution : 1958
Traduction : H. Couppie
Editeur : Denoël

Première page de Le péril vient de la mer

« L’iceberg le plus proche paraissait échoué pour de bon. Les vagues, avec tout l’élan de l’Atlantique derrière elles, se brisaient contre lui comme sur un roc. Au-delà se dressaient d’autres formes massives, également échouées par la marée descendante, et qui surgissaient telles des montagnes immaculées. Çà et là, les plus petites d’entre elles flottaient encore et, poussées par le vent et par le courant, remontaient la Manche. Ce matin-là, j’ai eu l’impression que nous n’avions jamais encore vu autant d’icebergs à la fois. Je me suis attardé à contempler ces falaises d’un blanc aveuglant surplombant la mer bleue.
« Je crois que je vais faire le récit de tout ce qui est arrivé, ai-je dit.
— Un long exposé, qui raconterait tout ? Un livre ? a demandé Phyllis.
— Ma foi, je ne crois pas qu’on l’imprime jamais, sous couverture glacée et reliure toile. Mais tout de même, ce serait un livre.
— Je suppose qu’un livre est toujours un livre, même si l’auteur et sa femme sont les seuls à le lire.
— D’autres qu’eux pourraient bien le lire. Il me semble que c’est une chose à faire. Après tout, nous en savons aussi long que n’importe qui sur toute  »

Extrait de : J. Wyndham. « Le péril vient de la mer. »

L’herbe à vivre par J. Wyndham

Fiche de L’herbe à vivre

Titre : L’herbe à vivre
Auteur : J. Wyndham
Date de parution : 1960
Traduction : C. Saunier
Editeur : Denoël

Première page de L’herbe à vivre

« Le dernier adieu fut très beau.
Les choristes vêtues de blanc, des filets d’or étincelant sur leurs cheveux, chantèrent avec la mélodieuse tristesse d’anges abandonnés.
Quand elles s’arrêtèrent, un silence absolu régna dans la chapelle où l’on s’entassait, le parfum de milliers de fleurs s’épandit en lentes vagues dans l’air lourd.
Le cercueil émergeait d’une pyramide de couronnes. Aux quatre coins, figées comme des statues, se tenaient des gardes vêtues de classiques tuniques de soie pourpre, des filets d’or sur leurs têtes inclinées ; un grand cordon d’or barrait leur poitrine, et leurs mains tenaient des palmes dorées.
L’évêque traversa sans bruit la chapelle, monta les quatre marches basses conduisant à la chaire. Il posa soigneusement son livre sur la planchette en face de lui, se recueillit un instant, puis leva les yeux. »

Extrait de : J. Wyndham. « L’Herbe à vivre. »

Les dieux eux-mêmes … par I. Asimov

Fiche de Les dieux eux-mêmes …

Titre : Les dieux eux-mêmes …
Auteur : I. Asimov
Date de parution : 1972
Traduction : J. Fillion
Editeur : Denoël

Première page de Les dieux eux-mêmes …

« — Rien à faire ! s’exclama Lamont avec amertume. Je ne suis arrivé à rien.
Son air découragé s’accordait bien avec ses yeux profondément enfoncés et son long menton légèrement de travers. Oui, dans le meilleur des cas il avait l’air découragé et il n’était pas dans sa meilleure forme. Son second entretien officiel avec Hallam avait été un fiasco plus complet encore que le premier.
— Ne dramatise pas, dit Myron Bronowski. De toute façon, tu n’y comptais pas. Tu me l’as dit toi-même.
Tout en parlant il lançait dans les airs des cacahouètes qu’il happait au passage de sa grande bouche aux lèvres épaisses. Il n’en ratait pas une. C’était un homme ni très grand ni très mince.
— Ça n’a évidemment rien d’agréable. Mais tu as raison, ça n’a pas d’importance. Il y a d’autres choses que je peux faire, et que j’ai l’intention de  »

Extrait de : I. Asimov. « Les Dieux eux-mêmes. »

Jusqu’à la quatrième génération par I. Asimov

Fiche de Jusqu’à la quatrième génération

Titre : Jusqu’à la quatrième génération (Tome 3 sur 3 – Quand les ténèbres viendront)
Auteur : I. Asimov
Date de parution : 1970
Traduction : S. Hilling
Editeur : Denoël

Sommaire de Jusqu’à la quatrième génération :

  • Les mouches
  • Briseur de grève
  • Introduisez la tête A dans le logement B
  • Le sorcier à la page
  • Jusqu’à la quatrième génération
  • La machine qui gagna la guerre
  • Mon fils, le physicien
  • Les yeux ne servent pas qu’à voir
  • Ségrégationniste

Première page de Les mouches

« — Des mouches ! dit Kendell Casey d’un ton las.
Il remua le bras. La mouche décrivit un cercle, et revint se nicher sur son col de chemise.
Quelque part, le bourdonnement d’une seconde mouche résonna.
Le Dr. John Polen dissimula le léger tremblement de son menton en portant rapidement sa cigarette à ses lèvres.
Il dit :
— Je ne pensais pas te rencontrer, Casey. Ni toi, Winthrop. À moins que tu ne préfères que je t’appelle Révérend Winthrop ?
— Et toi, préfères-tu que je t’appelle professeur Polen ? répondit Winthrop, attaquant la conversation sur un ton délibéré de chaude cordialité.
Chacun d’eux essayait péniblement de s’introduire dans la coquille de ses vingt ans. En poussant et en se tortillant, mais elle ne leur allait plus. »

Extrait de : I. Asimov. « Quand les ténèbres viendront – Jusqu’à La Quatrième Génération. »