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Les clans de la lune alphane par P. K. Dick
Fiche de Les clans de la lune alphane
Titre : Les clans de la lune alphane
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1964
Traduction : F. Truchaud
Edition : J’ai lu
Première page de Les clans de la lune alphane
« Avant de pénétrer dans la salle du Conseil suprême, Gabriel Baines envoya au-devant de lui son simulacre cliquetant – fabrication manse – pour voir s’il ne risquait pas d’être attaqué. Le simulacre – construit avec ingéniosité pour ressembler à Baines en tous points – rendait de multiples services depuis qu’il avait été construit par le clan inventif des Manses, mais Baines l’utilisait uniquement pour son système de défense ; se défendre était sa seule conduite de vie, ce qui lui donnait le droit de faire partie de la communauté pare d’Adolfville, à l’extrémité nord de la lune…
Baines bien sûr était sorti d’Adolfville de nombreuses fois, mais il ne se sentait en sécurité – ou plutôt relativement en sécurité – qu’ici, à l’intérieur des murs épais de la ville pare. Ce qui prouvait que sa prétention à être un membre à part entière du clan pare n’était pas simulée, n’était pas un simple moyen qu’il avait imaginé pour avoir accès à n’importe quel endroit de la zone urbaine, dont la plupart des constructions étaient solides, robustes et prévues pour durer longtemps. »
Extrait de : P. K. Dick. « Les clans de la lune alphane. »
Les chaînes de l’avenir par P. K. Dick
Fiche de Les chaînes de l’avenir
Titre : Les chaînes de l’avenir
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1956
Traduction : D. Defert, J. Huet
Edition : Le livre de poche
Première page de Les chaînes de l’avenir
« La température du Refuge oscillait entre 37 et 38°C. L’air y était perpétuellement imprégné de vapeur dont les volutes s’effilochaient paresseusement. De l’eau brûlante jaillissait en geysers et le « sol » était une surface mouvante de vase chaude, composée d’eau, de minéraux dissous, et d’une pulpe fongueuse. Des restes de lichens et de protozoaires coloraient et épaississaient la mousse humide qui s’amoncelait partout, recouvrant les roches luisantes, les buissons spongieux et les diverses installations utilitaires. Tout l’arrière-plan était occupé par une toile de fond où l’on avait peint avec soin un long plateau s’élevant au-dessus d’une mer plombée.
À n’en pas douter, le Refuge avait la matrice pour modèle. On ne pouvait nier la ressemblance, et personne n’avait d’ailleurs songé à le faire. »
Extrait de : P. K. Dick. « Les chaînes de l’avenir. »
Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? par P. K. Dick
Fiche de Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
Titre : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1968
Traduction : S. Quadruppani
Edition : J. C. Lattès
Première page de Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
« Le déclic de l’orgue d’humeur situé près de son lit réveilla Rick Deckard. Agréablement surpris, comme chaque jour, par la qualité de son éveil, il se dressa dans son lit puis, debout dans son pyjama multicolore, il étira ses membres. Dans le lit jumeau, sa femme Iran ouvrit des yeux gris sans joie, cligna deux ou trois fois des paupières en grognant puis referma les yeux.
— Tu n’as pas réglé ton Penfield assez haut, lui fit-il observer. Je vais t’arranger ça, et tu te sentiras bien réveillée…
— Touche pas mon orgue ! (Sa voix était pleine de rancœur.) Je ne veux pas me réveiller.
Il s’assit à côté d’elle, se pencha et lui expliqua doucement :
— Si tu règles la décharge de manière à ce qu’elle soit assez forte, tu seras heureuse de te réveiller. C’est tout l’intérêt de la chose ! Tu mets le bouton sur C et tu atteins d’un seul coup à la conscience éveillée. Comme moi. »
Extrait de : P. K. Dick. « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?. »
Le zappeur de mondes par P. K. Dick
Fiche de Le zappeur de mondes
Titre : Le zappeur de mondes
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1965
Traduction : R. Albeck
Edition : Le livre de poche
Première page de Le zappeur de mondes
« — M. Lars, s’il vous plaît.
— Je crains fort de n’avoir qu’un moment à accorder à vos téléspectateurs. Je regrette vraiment.
Il était piégé. L’interviewer automatique de la Télé, caméra à la main, lui barrait le passage. Le sourire métallique du robot étincelait, comme plein de confiance.
— … Vous sentiriez-vous prêt à entrer en transe, monsieur ?
Son ton exprimait vraiment l’espoir, comme si sa victime allait vraiment entrer en transe devant le dispositif dit « multiple-alterne » des lentilles de sa caméra portable.
Lars Powderdry soupira. De l’endroit où il se tenait debout sur le trottoir roulant des piétons, il entrevoyait son bureau new-yorkais. Mais quant à l’atteindre, c’était une autre histoire. Trop de gens – trop de purzouves – s’intéressaient à lui, et non à son travail. Or, c’était son travail qui comptait. »
Extrait de : P. K. Dick. « Le zappeur de mondes. »
Le voyageur de l’inconnu par P. K. Dick
Fiche de Le voyageur de l’inconnu
Titre : Le voyageur de l’inconnu
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1960
Traduction : F. Robinet
Edition : Le Masque
Première page de Le voyageur de l’inconnu
« Les spires lui étaient étrangères ; inconnues, les couleurs. Un instant, la terreur l’envahit au point de l’étouffer. Puis, de nouveau, le calme… Il respira à pleins poumons l’air vif de la nuit et essaya de reprendre le vent.
Il était debout sur le flanc d’un coteau mangé de ronces et de lambrusques. Il était vivant – et tenait toujours à la main sa mallette grise en métal. Il écarta des sarments de vigne sauvage et s’avança prudemment à pas lents. Les étoiles scintillaient dans le firmament. Dieu merci. Des étoiles familières…
Familières ? Non.
Il ferma les yeux et ne les rouvrit que lorsqu’il eut retrouvé ses esprits. Puis, la poignée de sa mallette serrée entre ses doigts, il continua péniblement de descendre le versant en direction des spires illuminées qui semblaient se dresser à un mille environ devant lui.
Où se trouvait-il ? Et pourquoi était-il là ? Quelqu’un l’avait-il amené puis abandonné à cet endroit ? Dans quel but ? »
Extrait de : P. K. Dick. « Le voyageur de l’inconnu. »
Le temps désarticulé par P. K. Dick
Fiche de Le temps désarticulé
Titre : Le temps désarticulé
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1959
Traduction : P. R. Hupp
Edition : Le livre de poche
Première page de Le temps désarticulé
« VICTOR NIELSON alla chercher derrière, dans la chambre froide, un chariot de pommes de terre nouvelles et l’amena au rayon primeurs. Il commença à garnir le bac presque vide, en inspectant une pomme de terre sur dix pour s’assurer qu’elle n’était pas pourrie ni éraflée ; il en laissa tomber une grosse. En se baissant pour la ramasser, il balaya du regard les caisses, les enregistreuses et les présentoirs de cigares et de sucreries, entr’aperçut la rue par les larges portes de verre. De rares passants déambulaient sur le trottoir ; il saisit un fugitif éclat de soleil sur l’aile d’une Volkswagen qui sortait du parking réservé au magasin.
« Était-ce ma femme ? demanda-t-il à Liz, l’imposante Texane de service à la caisse.
— Pas que je sache », répondit la jeune fille. Elle tapa deux cartons de lait et un paquet de bœuf maigre haché. Le client à l’âge respectable plongea la main dans sa poche intérieure pour sortir son portefeuille. »
Extrait de : P. K. Dick. « Le Temps Désarticulé. »
Le roi des elfes par P. K. Dick
Fiche de Le roi des elfes
Titre : Le roi des elfes
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1982
Traduction : B. Martin, F.-M. Watkins, D. Hersant, M. Deutsch, H. Collon
Edition : Gallimard
Sommaire de Le roi des elfes
- Le constructeur
- Le roi des elfes
- La dame aux biscuits
- L’homme doré
- Si Benny Cemoli n’existait pas …
- Projet Argyronète
- La guerre contre les Fnouls
- La sortie mène à l’intérieur
- Chaînes d’air, réseau d’éther
Première page de Le constructeur
« E.J. Elwood ! fit Liz, d’un ton inquiet. Tu n’écoutes rien de ce que nous disons. Et tu ne manges rien non plus. Mais enfin, qu’est-ce que tu as ? Parfois, je ne te comprends vraiment pas. »
Ernest Elwood resta un long moment sans réagir. Il continuait de regarder le crépuscule par la fenêtre, comme s’ils n’existaient pas, comme s’il entendait quelque chose qu’ils ne pouvaient percevoir. Finalement il poussa un soupir en se redressant sur sa chaise, peut-être pour dire quelque chose. Mais à ce moment, il heurta du coude sa tasse de café et se tourna pour la retenir en essuyant le café qui s’était répandu sur le côté. « Je te demande pardon, dit-il. Tu disais ?
— Mange, chéri », répondit sa femme. Elle jeta un coup d’œil aux deux garçons pour voir s’ils s’étaient également arrêtés de manger. « Tu sais, je me donne beaucoup de mal pour préparer tes repas. »
Bob, l’aîné, n’avait pas cessé de manger. Il coupait avec soin son foie et son bacon en petits morceaux. Mais évidemment, le petit Toddy avait posé couteau et fourchette en même temps que son père, et restait lui aussi silencieux, les yeux fixés sur son assiette. »
Extrait de : P. K. Dick. « Le roi des elfes. »
Le profanateur par P. K. Dick
Fiche de Le profanateur
Titre : Le profanateur
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1956
Traduction : P. Lorrain, B. Panloup
Edition : Le livre de poche
Première page de Le profanateur
« À SEPT heures, Allen Purcell, jeune et dynamique président de la plus jeune et de la plus novatrice des Agences de Recherche, perdit une chambre à coucher, mais regagna une cuisine. L’opération se déroulait automatiquement, sous le contrôle d’une bande magnétique imprégnée d’oxyde de fer et scellée dans le mur. Allen n’avait aucun pouvoir sur le processus, mais la substitution n’était pas pour lui déplaire ; il était déjà éveillé et prêt à se lever.
Il fut bientôt sur pied, bâillant, plissant les yeux, et cherchant à tâtons le bouton qui commandait l’éjection de la cuisinière. Comme toujours, l’appareil resta coincé à mi-chemin, moitié dans la pièce, moitié dans le mur. Mais il suffisait de le manipuler d’un doigt ferme. Allen exerça une forte pression sur le bouton et la cuisinière sortit de sa gangue avec un grincement. »
Extrait de : P. K. Dick. « Le profanateur. »
Le prisme du néant par P. K. Dick
Fiche de Le prisme du néant
Titre : Le prisme du néant
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1974
Traduction : M. Deutsch, I. Delord
Edition : Le Masque
Première page de Le prisme du néant
« Le mardi 11 octobre 1988, le show Jason Taverner fut trop court de trente secondes. Le technicien posté derrière la vitre de plastique de la régie stoppa le générique de fin sur l’écran vidéo, puis fit signe à Jason Taverner qui, déjà, se préparait à quitter le plateau. Il tapota son poignet et montra sa bouche.
— Continuez à nous envoyer vos cartes et vos lettres d’encouragement, les amis, dit mielleusement Jason dans le micro. Et maintenant restez à l’antenne pour Les aventures de Scotty, le chien extraordinaire.
Le technicien sourit, Jason lui rendit son sourire. Après un déclic, l’image et le son furent coupés. Leur programme d’une heure de variétés, qui arrivait en deuxième position à l’indice d’écoute des meilleures émissions télévisées de l’année, était achevé. Tout s’était bien passé.
— Où avons-nous perdu une demi-minute ? demanda Jason à son invitée spéciale de la soirée, Heather Hart.
Cela l’intriguait. Il aimait chronométrer lui-même ses shows.
— Minou, ce n’est pas grave. »
Extrait de : P. K Dick. « Le prisme du néant. »
Le maître du haut château – P. K. Dick
Fiche de Le maître du haut château
Titre : Le maître du haut château
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1962
Traduction : M. Charrier
Edition : J’ai lu
Première page de Le maître du haut château
« M. Childan avait beau scruter son courrier avec anxiété depuis une semaine, le précieux colis en provenance des Rocheuses n’arrivait pas. Lorsqu’il ouvrit son magasin, le vendredi matin, seules quelques lettres l’attendaient à l’intérieur, devant la porte. Je connais un client qui ne va pas être content, se dit-il.
Il prit une tasse de thé instantané au distributeur mural à cinq cents, s’empara du balai et se mit au travail. Quelques minutes plus tard, la devanture d’American Artistic Handcrafts Inc. était prête : propre comme un sou neuf, la caisse enregistreuse pleine de monnaie, un vase de soucis frais sur le comptoir, une discrète musique de fond, diffusée par la radio. Sur le trottoir, des hommes d’affaires se hâtaient vers leurs bureaux de Montgomery Street. »
Extrait de : P. K. Dick. « Le Maître du Haut Château. »