Étiquette : Dorémieux
Collector par W. M. Miller
Fiche de Collector
Titre : Collector
Auteur : W. M. Miller
Date de parution :
Traduction : M. Battin, B. Martin, M. Deutsch, A. Dorémieux, E. Longchamp, D. Hersant, D. Riche
Editeur :
Sommaire de Collector
- Le gardien du savoir
- Les ogres de l’espace
- Légitime défense
- Enfants sans âme
- Bénédiction en gris
- La cité sans âmes
- La sentinelle
- Moi qui rêve
- L’intrus
- Le retour à la Terre
- Hommes de la Lune
- Le testament
- Vengeance pour Nicolaï
Première page du Le gardien du savoir
« Il allait mourir comme meurent les voleurs.
Il était suspendu par les poignets, lacé au poteau. La pâle lumière solaire faisait luire faiblement son dos nu tandis qu’il attendait, les paupières étroitement serrées, ses lèvres bougeant doucement tandis qu’il appuyait son visage contre le bois rugueux. Il se tenait dressé sur la pointe des pieds afin de calmer un peu la douleur grandissante qui lui déchirait les épaules. Quand ses chevilles à leur tour devenaient douloureuses, il se laissait pendre aux clous qui transperçaient ses avant-bras, juste au-dessus des poignets.
Il était jeune – peut-être dans sa treizième Mars-année – et sa chevelure noire frisée était coupée court à la manière des célibataires qui n’ont pas encore engendré de rejeton, ou qui ne veulent pas admettre qu’ils l’ont fait. Il était souple et éclatant de santé, avec les membres minces et rapidement bandés d’une chose sauvage mal nourrie que harcèle en permanence une faim furieuse tapie en embuscade au plus profond d’elle-même. »
Extrait de : Walter M. Miller. « Collector. »
Martiens, go home ! par F. Brown
Fiche de Martiens, go home !
Titre : Martiens, go home !
Auteur : F. Brown
Date de parution : 1954
Traduction : A. Dorémieux
Editeur : Gallimard
Première page de Martiens, go home !
« Si les peuples de la Terre n’étaient pas préparés à la venue des Martiens, c’était entièrement leur faute. Les événements du siècle en général et des précédentes décennies en particulier avaient dû leur mettre la puce à l’oreille.
Ils pouvaient même s’y attendre, en fait, depuis bien plus longtemps encore, l’homme ayant échafaudé des hypothèses sur la pluralité des mondes habités depuis qu’il savait que la Terre n’était pas le centre de l’univers. Mais ces hypothèses, sans rien pour les confirmer ni les réfuter, demeuraient sur un plan purement philosophique, comme la question du nombril d’Adam ou du sexe des anges.
Disons donc que cette préparation pouvait avoir commencé avec Schiaparelli et surtout Lowell.
Schiaparelli est l’astronome italien qui découvrit les canaux de la planète Mars, mais il ne soutint jamais qu’ils étaient construits de la main d’êtres vivants.
L’astronome américain Lowell vint ensuite et, après avoir étudié et dessiné les canaux, il mit en branle son imagination, puis celle du public, en affirmant que c’étaient incontestablement des constructions. Preuve indéniable que Mars était habitée.
À la vérité, peu d’astronomes se rangèrent à la théorie de Lowell ; les uns nièrent jusqu’à l’existence de ces marques ou les considérèrent comme des illusions d’optique ; les autres les expliquaient comme des phénomènes géographiques naturels. »
Extrait de : F. Brown. « Martiens, go home !. »
Le livre d’or par R. A. Heinlein
Fiche de Le livre d’or
Titre : Le livre d’or de la science fiction
Auteur : R. A. Heinlein
Date de parution : 1981
Traduction : J.-P. Pugi, L. Terrier, C. Jayat, A. Dorémieux
Editeur : Pocket
Sommaire de Le livre d’or
- Un self made man
- Sous le poids des responsabilités
- L’année du grand fiasco
- De l’eau pour laver
- Les autres
- La maison biscornue
- L’étrange profession de M. Jonathan Hoag
Première page de Un self made man
« Bob Wilson ne vit pas apparaître le cercle.
Il ne vit pas non plus l’étranger en sortir puis venir s’immobiliser derrière lui, pour fixer sa nuque… chose qu’il fit en respirant avec difficulté, comme sous l’emprise d’une émotion puissante et peu commune.
Rien ne permettait à Wilson de se douter qu’une autre personne se trouvait dans sa chambre : tout pouvait en effet lui faire croire le contraire. Il s’était enfermé dans cette pièce dans le but de rédiger sa thèse d’une seule traite. Il y était contraint… car si le lendemain était le dernier jour de délai pour la remise des thèses, la veille encore la sienne n’avait été qu’un simple titre : Étude de certains aspects mathématiques d’une exactitude métaphysique. »
Extrait de : R. A. Heinlein. « Le livre d’or de la science fiction. »
La mante par K. W. Jeter
Fiche de La mante
Titre : La mante
Auteur : K. W. Jeter
Date de parution : 1987
Traduction : A. Dorémieux
Editeur : Denoël
Première page de La mante
« Ils sont là-bas. » Penché au balcon, je scrute la ville. Halos de fumée sanguinolente cernant les édifices. « J’en suis sûr.
— Qui ? » Près de moi crisse la toile de la chaise pliante. Mon ex-épouse se dresse pour se resservir du vin. « Qui est là-bas ? »
Je contemple les tours lointaines. Le ciel où leurs silhouettes se profilent s’est embrasé. Au crépuscule, à en croire divers tarés congénitaux, les frontières s’amenuisent entre cet univers et celui d’à côté. Ce n’est pas faux. Mais cet autre univers plus ténébreux est en nous.
« Deux personnages. » J’ai répondu sans me retourner. « Parmi la foule. » Mais les deux à qui je fais allusion sont spéciaux. Quand le rouge se sera noyé dans une noirceur d’encre, ils rôderont sous les ondulations des néons. En chasse, à la poursuite de ce qui motive leur désir. »
Extrait de : K. W. Jeter. « La mante. »
L’arbre d’halloween par R. Bradbury
Fiche de L’arbre d’halloween
Titre : L’arbre d’halloween
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1972
Traduction : A. Dorémieux
Editeur : Seuil
Première page de L’arbre d’halloween
« C’est une petite ville au bord d’un petit fleuve et d’un petit lac dans un petit comté au nord d’un État du Midwest. Les prairies alentour ne suffisent pas à la dissimuler. Mais la bourgade n’est pas assez vaste pour empêcher de les voir, de humer leur odeur, de sentir leur présence. En ville il y a des arbres à foison, de l’herbe séchée par l’automne et des fleurs mortes à profusion, des tas de palissades qu’on escalade, de contre-allées où patiner. Un profond ravin la côtoie, gouffre où dégringoler en poussant des cris de putois. Et la ville est remplie d’une foule…
… de gamins.
Et c’est l’après-midi d’Halloween.
Toutes les portes se sont closes pour se protéger de l’air froid. »
Extrait de : R. Bradbury. « L’Arbre d’Halloween. »
Celui qui attend par R. Bradbury
Fiche de Celui qui attend
Titre : Celui qui attend et autres nouvelles
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1995
Traduction : J.-P. Harrisson, C. Andronikof, A. Dorémieux, H. Robillot, J. Fillion, R. Négrou
Editeur : Librio
Sommaire de Celui qui attend
- Celui qui attend
- La fusée
- La pierre tombale
- Août 2002, rencontre nocture
- Le jour de la grande exhumation
- Icare Montgolfier Wright
- Le petit assassin
- Un coup de tonnerre
Première page de Celui qui attend
« Je vis dans un puits. Je vis comme une fumée dans un puits, comme un souffle dans une gorge de pierre. Je ne bouge pas. Je ne fais rien, qu’attendre. Au-dessus de ma tête j’aperçois les froides étoiles de la nuit et les étoiles du matin – et je vois le soleil. Parfois je chante de vieux chants de ce monde au temps de sa jeunesse. Comment dire ce que je suis, quand je l’ignore ? J’attends, c’est tout. Je suis brume, clair de lune, et souvenir. Je suis triste et je suis vieux. Parfois je tombe vers le fond comme des gouttes de pluie. Alors des toiles d’araignée tressaillent à la surface de l’eau. J’attends dans le silence glacé ; un jour viendra où je n’attendrai plus.
En ce moment c’est le matin. J’entends un roulement de tonnerre. Je sens de loin l’odeur du feu. J’entends un craquement de métal. J’attends, j’écoute. »
Extrait de : R. Bradbury. « Celui qui attend. »
A l’ouest d’octobre par R. Bradbury
Fiche d’A l’ouest d’octobre
Titre : A l’ouest d’octobre
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1988
Traduction : A. Dorémieux, J. Chambon
Editeur : Denoël
Sommaire d’A l’ouest d’octobre
- A l’ouest d’octobre
- Le convecteur Toynbee
- La trappe
- Le voyageur de l’Orient-Express
- Une nuit dans la vie
- Le dernier cirque
- L’histoire d’amour de Laurel et Hardy
- Tu te demandes sans doute ce qu’on fait ici ? …
- Adieu, Lafayette
- Banshee
- J’ai fait un voeu
- Un coup pour Sa Seigneurie, et un coup pour la route !
- A minuit, au mois de juin
- Bénissez-moi, mon père, parce que j’ai péché
- Exécution !
- Un soupçon de mauvaise humeur
- Le partage
- Venez, et amenez Constance !
- Junior
- La pierre tombale
- La bête de l’escalier
- L’authentique momie égyptienne faite maison du colonel Stonesteel
Première page d’A l’ouest d’octobre
« Les quatre cousins, Tom, William, Philip et John, étaient venus rendre visite à la Famille à la fin de l’été. Comme il n’y avait pas de place dans la grande vieille maison, on les avait relégués sur de petits lits de camp dans la grange, qui brûla peu après.
Il faut dire que la Famille n’était pas une famille ordinaire. Chacun de ses membres était encore plus extraordinaire que le précédent.
Indiquer que la plupart d’entre eux dormaient le jour et exerçaient d’étranges activités la nuit ne nous avancerait en rien.
Remarquer que certains d’entre eux pouvaient lire dans les pensées et d’autres voler avec les éclairs pour toucher terre avec les feuilles serait une litote.
Ajouter que certains ne se reflétaient pas dans les miroirs tandis que d’autres pouvaient se rencontrer sous une multitude de formes, tailles et textures »
Extrait de : R. Bradbury. « À l’ouest d octobre. »
Le fantôme d’Hollywood par R. Bradbury
Fiche de Le fantôme d’Hollywood
Titre : Le fantôme d’Hollywood (Tome 2 sur 3 – Autobiographie)
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1990
Traduction : A. Dorémieux
Editeur : Denoël
Première page de Le fantôme d’Hollywood
« Il y avait une fois deux cités à l’intérieur d’une cité. L’une était de lumière et l’autre d’ombre. L’une fourmillait d’activité toute la journée, l’autre n’avait jamais un frémissement. L’une était chaude et baignée d’éclairages chatoyants. L’autre était froide et immobilisée par les pierres. Et chaque soir au coucher du soleil, les studios des Films Maximus, la cité des vivants, prenaient l’apparence du cimetière de Green Glades Park, situé sur le terrain attenant, qui était la cité des morts.
À cet instant des lumières éteintes et des mouvements suspendus, où le vent soufflant dans les recoins des studios fraîchissait, une indicible mélancolie semblait franchir le portail du domaine des vivants, pour dériver le long des avenues crépusculaires vers le grand mur de brique séparant les deux cités à l’intérieur d’une cité. »
Extrait de : R. Bradbury. « Autobiographie – Le fantôme d’Hollywood. »
Ubik par P. K. Dick
Fiche d’Ubik
Titre : Ubik
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1969
Traduction : A. Dorémieux
Editeur : J’ai lu
Première page d’Ubik
« À 3 h 30 du matin la nuit du 5 juin 1992, le principal télépathe du système solaire disparut de la carte dans les bureaux de Runciter Associates à New York. Aussitôt les vidphones se mirent à sonner. La firme Runciter avait perdu la trace de trop de Psis de Hollis au cours des deux derniers mois ; cette disparition supplémentaire faisait déborder la coupe.
— Mr Runciter ? Désolé de vous déranger. (Le technicien qui était de service de nuit dans la chambre des cartes toussota nerveusement en voyant ta grosse tête massive de Glen Runciter envahir l’écran du vidphone.) Un de nos neutralisateurs nous a alertés. Attendez que je regarde. (Il fouilla dans l’amas des bandes sorties du transmetteur.) C’est une femme, miss Dorn ; comme vous le savez, elle l’avait suivi jusqu’à Green River, dans l’Utah, où…
Runciter grogna d’une voix ensommeillée :
— Qui donc ? Si vous croyez que je me souviens en permanence des neutralisateurs qui pistent tel ou tel télep ou précog. »
Extrait de : P. K. Dick. « Ubik. »
La vérité avant-dernière par P. K. Dick
Fiche de La vérité avant-dernière
Titre : La vérité avant-dernière
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1964
Traduction : A. Dorémieux
Editeur : Le livre de poche
Première page de La vérité avant-dernière
« LE brouillard peut aussi venir de l’extérieur ; il peut vous envahir. À la grande fenêtre de sa bibliothèque – assemblage géant de débris de béton qui, jadis, avaient constitué une bretelle d’entrée de l’autoroute de la baie – Joseph Adams réfléchissait en contemplant le brouillard en question : celui du pacifique. Et comme c’était le soir et que les ténèbres tombaient sur le monde, ce brouillard lui faisait aussi peur que l’autre brouillard, celui de l’intérieur, qui n’a pas besoin de vous envahir mais qui se contente de tourner et de s’étirer en vous, en remplissant toutes les parties vides du corps. D’habitude, ce brouillard-là porte le nom de solitude.
« Prépare-moi un verre, dit plaintivement Colleen derrière lui.
— Tu as perdu ton bras ? demanda-t-il. Tu n’es plus capable de presser une rondelle de citron ? » Il se détourna de la fenêtre et de son paysage d’arbres morts, avec au-delà l’étendue de l’océan sous l’horizon, dans l’obscurité de la nuit montante, et se demanda un instant s’il allait lui servir à boire. »
Extrait de : P. K. Dick. « La vérité avant-dernière. »