Étiquette : Fleuve noir
Le sang du soleil par Maurice Limat

Fiche de Le sang du soleil
Titre : Le sang du soleil
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1959
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le sang du soleil
« L’idée était bizarre et Alain en conçut un amusement passager. Il y avait beau temps que les humains ne cultivaient plus guère les vieilles légendes. Pourtant, le fils du commodore Frank Maresco admettait qu’il progressait exactement comme ce héros des mythes périmés, chaussé de bottes magiques et franchissant monts et vallées en enjambées de… il n’en savait pas le compte, de telles mesures de distance ne prévalant plus.
Alain Maresco se hâtait. Il avait aperçu la lueur caractéristique d’un vaisseau de l’espace en détresse. Une sorte d’étoile filante tombant à l’extrémité d’une traînée sinusoïde, très irrégulière, cela n’indiquait pas autre chose qu’un cosmonef en perdition, dont le pilote n’était plus maître.
Les humains, d’une planète à l’autre, étaient animés du même instinct ancestral qui les avait, depuis toujours, jetés au secours de leurs semblables en péril. »
Extrait de : M. Limat. « Le Sang du Soleil. »
Le proscrit de Delta par Maurice Limat

Fiche de Le proscrit de Delta
Titre : Le proscrit de Delta
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1980
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le proscrit de Delta
« — Votre nom ?
— Klaus Verdier.
— Votre âge ?
— 27 ans.
— Profession ?
— Ingénieur.
— Appartenance politique ?
— Néant.
— Appartenance religieuse ?
— Néant.
Il y eut un petit temps.
Cet interrogatoire – car c’en était bien un – se déroulait dans un cadre des plus singulier.
Une sorte de caisson métallique, où l’homme interrogé se tenait seul, debout entre deux parois où se voyaient des canalisations, d’innombrables boulons, des appareils compliqués, peu compréhensibles pour le profane mais dont lui-même, eu égard à sa qualité d’ingénieur, devait être susceptible de deviner l’utilité. »
Extrait de : M. Limat. « Le proscrit de Delta. »
Le moulin des damnés par Maurice Limat

Fiche de Le moulin des damnés
Titre : Le moulin des damnés
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1965
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le moulin des damnés
« Le vent venait de la mer. Les arbres l’attestaient. Tous, ils avaient pris la même inclinaison et, même quand c’était le calme sur les landes, ils restaient ainsi penchés, comme accablés de tant de tempêtes.
L’auto filait sur la route plate traversant ce pays qui pouvait être agréable au grand soleil mais, sous ce ciel d’un gris tourmenté, offrait un aspect déprimant. Le terrain morne, qui s’étendait très loin, demeurait sans relief. La mer devait être par-là, sur la droite. On ne la voyait pas. Tout se confondait et le littoral n’était qu’un immense plateau balayé par les rafales, seulement renflé par la falaise vers l’estuaire de la Somme.
Teddy Verano était de méchante humeur. Seul, au volant, il ronchonnait contre cette crevaison qui l’avait retardé. Rentrer à Paris ce soir ? Il était tard. Il était las. Yvonne savait bien qu’il pouvait n’être de retour que le lendemain.
Au besoin, il lui téléphonerait.
Il avait le vent en face et des feuilles se plaquaient au pare-brise. Tout l’agaçait, ce soir. Il en avait fini avec cette ridicule histoire d’adultère, à la station balnéaire la plus proche. »
Extrait de : M. Limat. « Le moulin des damnés. »
Le marchand de cauchemars par Maurice Limat

Fiche de Le marchand de cauchemars
Titre : Le marchand de cauchemars
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1962
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le marchand de cauchemars
« Après être sorti du métro, Charles ne se souvenait plus de rien.
Du moins en ce qui concernait l’itinéraire exact. Parce que les moindres détails de l’aventure demeuraient gravés en lui.
Chose étrange ! en dépit de la netteté de ses souvenirs, il ne parvenait pas à situer la maison, ni la rue, ni même le quartier où tout cela s’était déroulé.
Pourtant, il en était sûr, cela avait existé.
Cela reviendrait certainement s’il pouvait arriver à se souvenir de la station. Le métro, c’est banal, c’est courant pour la vie des Parisiens. Et ce cadre familier où se ruent chaque jour un million de voyageurs, cela produit quelque chose de réconfortant.
Dans le métro, on n’est pas seul, c’est une vérité de La Palice.
Alors, on se sent mieux. Mais dès qu’on en sort, on est jeté dans la vie.
La vie avec ses pièges, ses surprises, ses chausse-trappes.
Ses épouvantes aussi…
Donc il était sorti du métro. Dans la rue. Et il savait où il devait se rendre. Il le savait ce jour-là. Mais après, il n’avait plus jamais pu refaire, même en imagination, le trajet vers l’infernale demeure. »
Extrait de : M. Limat. « Le Marchand de cauchemars. »
Le grand oiseau des galaxies par Maurice Limat

Fiche de Le grand oiseau des galaxies
Titre : Le grand oiseau des galaxies
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1983
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le grand oiseau des galaxies
« Hélène se penche sur le petit lit. Xavier dort encore. Ou peut-être fait-il semblant. Un instant, elle le contemple. Comme toutes les mamans de la Galaxie, depuis les origines du monde jusqu’à cette fin du XXIe siècle.
D’un baiser qui effleure le petit front très pur, elle le réveille. Avec l’impression que ce petit démon malicieux la guettait entre ses paupières mi-closes.
Petites effusions classiques, puis :
— Tu as bien dormi, mon chéri ?
— Oh ! oui, m’man… Et puis, tu sais… Il est venu, je l’ai encore vu cette nuit…
Hélène a pâli. Mais elle ne veut rien lui laisser voir de son émotion :
— Qu’est-ce que tu racontes ? De qui parles-tu ?
— Tu sais bien, m’man. Lui… Le grand oiseau !
Maman hausse les épaules :
— Oui. Bien sûr. Tu as rêvé. Ce n’est pas la première fois… »
Extrait de : M. Limat. « Le grand oiseau des galaxies. »
Le crépuscule des humains par Maurice Limat

Fiche de Le crépuscule des humains
Titre : Le crépuscule des humains
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1963
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le crépuscule des humains
« Le signal ne venait pas. Thierry avait porté à plusieurs reprises la montre-bracelet à son oreille. Et elle venait de lui murmurer : douze heures sept… douze heures sept dix secondes… douze heures sept vingt secondes…
Non, il n’y avait pas d’erreur, elle n’était pas détraquée. Corson, l’ingénieur en chef du département bioélectronique, ne devait pas songer à l’heure, lui, l’expérience en cours l’absorbant totalement. Mais Thierry, en dépit de la passion qu’il apportait habituellement à faire vivre des hybrides de chair et de mécanique, ou des biobots dont le sang vert était de chlorophylle, ne pouvait oublier qu’il avait rendez-vous avec Inès.
D’ailleurs, les camarades du labo, les autres assistants de Corson, commençaient à donner des signes d’impatience, à écouter le ronron de leurs montres, voire à échanger des regards et même des propos étonnés.
— Eh bien, messieurs… ? demanda Corson, intrigué de ce manège. »
Extrait de : M. Limat. « Le crépuscule des Humains. »
Le carnaval du cosmos par Maurice Limat

Fiche de Le carnaval du cosmos
Titre : Le carnaval du cosmos
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1961
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le carnaval du cosmos
« C’était, sur l’Égypte millénaire, l’heure du crépuscule. Le monde neuf, technocratique n’avait pas assez sclérosé les hommes qu’ils n’aient gardé l’amour du passé, bien qu’emportés dans un tourbillon d’avenir qui, en un peu plus d’un siècle, les avait amenés du gaz d’éclairage et de la lampe à pétrole à la lumière captée de Sirius, d’Antarès et d’Orion et diffusée à volonté, par commutateurs.
Aussi, soucieux de demeurer humains, les Terriens conservaient-ils jalousement vestiges, monuments et musées. Musées surtout, forteresses intertemps où les œuvres d’art inégalées et inégalables vivaient de cette vie silencieuse et éternelle qui est celle des merveilles. Prestige des siècles disparus, les chefs-d’œuvre continuaient à voir naître les hommes, à les enchanter, à les laisser mourir impassiblement.
Le Caire, cité croissante, empiétait de plus en plus vers les déserts. Du moins, le fier Nil cabrait-il toujours ses ondes d’orgueil et vers le sud, on savait que les colossales constructions des Pharaons défiaient toujours le temps. »
Extrait de : M. Limat. « Le Carnaval du Cosmos. »
La tour des nuages par Maurice Limat

Fiche de La tour des nuages
Titre : La tour des nuages
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1977
Editeur : Fleuve noir
Première page de La tour des nuages
« Je ne peux pas dormir.
L’objet est là. Près de mon lit. À portée de main. Pour l’instant, il n’est rien qu’une chose inerte.
Inerte mais inquiétante.
Fascinant, ce… cette chose. Quand je l’ai vue, au marché aux puces, j’en ai eu envie tout de suite. J’étais irrésistiblement attiré. Il me semblait que ce cadran gravé de signes incompréhensibles évoquait pour moi des souvenirs très lointains, ensevelis au fond de ma mémoire, des souvenirs à la fois tendres et passionnés, douloureux peut-être. Mais l’homme est toujours égal à lui-même et il garde la nostalgie du passé, ce passé fut-il cruel.
Idiot, ce que je dis là. Quel rapport entre moi et l’objet ?
Un cadran. Une aiguille. Des signes. Une boussole me dira-t-on. Oui, on peut admettre que ça évoque une boussole. Mais une boussole dont nul ne serait capable de se servir. Fondue dans un métal indéterminé. »
Extrait de : M. Limat. « La tour des nuages. »
La prison de chair par Maurice Limat

Fiche de La prison de chair
Titre : La prison de chair
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1964
Editeur : Fleuve noir
Première page de La prison de chair
« Un cœur véritablement amoureux peut aimer l’ambiance printanière, le décor romantique qui sied à ce qu’il appelle son bonheur. Il n’en est pas moins vrai que, véritablement épris, il peut tout aussi bien aller à un rendez-vous en plein hiver, alors que le froid menace, que le brouillard enveloppe la ville, et y trouver autant de charmes, s’y rendre avec le même pincement au cœur.
Christian se moquait bien de la brume et du gel. Lorsque Sylvie, avec sa gentillesse habituelle, lui avait dit « vendredi à neuf heures, comme d’habitude », il était arrivé avec un bon quart d’heure d’avance au carrefour que le soir noyait, que l’ambiance à la fois pesante et glaciale de ces sinistres nuits d’hiver faisait ressembler à une bifurcation direction enfer.
Malgré son enthousiasme, il avait été frappé par l’aspect inhabituel de ce quartier parisien.
Dix fois déjà il était venu attendre Sylvie. Ils se connaissaient depuis peu, mais il avait l’impression que c’était depuis toujours, que, surtout, c’était pour toujours.
Chaque fois, comme elle travaillait tard, il venait la chercher là, puis ils allaient dîner dans un petit restaurant de Montparnasse. Quelquefois, ensuite, ils dansaient à la « Coupole ». »
Extrait de : M. Limat. « La prison de chair. »
La planète sans soleil par Maurice Limat

Fiche de La planète sans soleil
Titre : La planète sans soleil
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1984
Editeur : Fleuve noir
Première page de La planète sans soleil
« Ki-Gor s’arrêta un instant, non pour souffler, car il était dans la vigueur de ses vingt ans, mais pour contempler la splendeur de sa planète natale.
L’astre écarlate glissait vers l’horizon courbe, éveillant, des collines aux forêts, et sur les flaques miroitées des marais, d’étranges sonorités visuelles. Après l’accablement du grand jour, c’était, déjà, presque le crépuscule, cette heure intermédiaire où la lumière, semblant deviner son proche effacement, cherche à éblouir en jetant toutes ses féeries, accentuant les tonalités, heurtant les complémentaires et créant, spontanément, des variantes inconnues.
La horde s’éloignait, lourdement. Les hommes ployaient sous les quartiers du mammouth abattu, dans la forêt, après des jours et des jours de guet, de dépistage, de patience et de vaillance.
Le chef, s’étonnant de ne plus voir Ki-Gor, tourna la tête et l’aperçut, immobile sur un roc, baigné des feux de cuivre du couchant. Ki-Gor était vigoureux, quoique mince, plus élancé que la majorité de ses congénères, presque toujours râblés et noueux. »
Extrait de : M. Limat. « La planète sans soleil. »