Étiquette : Le livre de poche

 

Le seigneur des ténèbres par R. Silverberg

Fiche de Le seigneur des ténèbres

Titre : Le seigneur des ténèbres
Auteur : R. SIlverberg
Date de parution : 1983
Traduction : N. Zimmermann
Editeur : Le livre de poche

Première page de Le seigneur des ténèbres

« Dieu Tout-Puissant, je Te rends grâces pour m’avoir délivré des sombres terres d’Afrique. Je Te suis cependant reconnaissant de tout ce que Tu m’as montré en ce pays, et même des souffrances que Tu m’as infligées à cette fin de parfaire mon instruction. Je Te remercie également de m’avoir gardé du courroux des Portugais, qui firent de moi leur esclave, ainsi que d’autres ennemis à la peau sombre et à l’âme plus sombre encore que je dus affronter. Et je Te rends grâces encore pour m’avoir fait goûter les délices d’étranges amours en d’étranges lieux, m’accordant ainsi le privilège de contempler avec joie, durant les dernières années de ma vie, des jouissances que fort peu d’Anglais ont éprouvées. Mais, par-dessus tout, je Te remercie de m’avoir présenté le visage du mal puis de m’avoir permis de revenir indemne, bienheureux et affermi encore dans mon amour pour Toi. »

Extrait de : R. Silverberg. « Le seigneur des ténèbres. »

Le livre des crânes par R. Silverberg

Fiche de Le livre des crânes

Titre : Le livre des crânes
Auteur : R. SIlverberg
Date de parution : 1972
Traduction : G. Abadia
Editeur : Le livre de poche

Première page de Le livre des crânes

« Nous arrivions à New York, venant du nord par le New England Thruway. Comme d’habitude, c’est Oliver qui conduisait. Décontracté, sa vitre à demi baissée, ses longs cheveux blonds battant au vent glacé. Timothy tassé à côté de lui, assoupi. Deuxième jour de nos vacances de Pâques. Les arbres étaient encore nus, et des plaques de neige noircie enlaidissaient les bas-côtés. En Arizona, nous ne trouverions pas de vieille neige au bord des routes. Ned, assis à côté de moi sur la banquette arrière, griffonnait des pages et des pages dans un carnet à reliure spirale, une lueur démoniaque dans ses petits yeux noirs brillants. Notre mignon Dostoïevski au petit pied. Un camion rugit soudain derrière nous sur la voie de gauche, nous doubla et se rabattit brusquement devant nous. C’est tout juste s’il ne nous toucha pas. Oliver enfonça la pédale du frein dans un crissement plaintif. Nous faillîmes, Ned et moi, être projetés contre le siège avant. Une seconde plus tard, Oliver fit une embardée vers la droite pour éviter d’être embouti par une voiture qui arrivait derrière nous. »

Extrait de : R. Silverberg. « Le livre des crânes. »

Le fils de l’homme par R. Silverberg

Fiche de Le fils de l’homme

Titre : Le fils de l’homme
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1971
Traduction : J. Guiod
Editeur : Le livre de poche

Première page de Le fils de l’homme

« Il s’éveille. Sous lui, la terre noire est froide et humide. Il est allongé sur le dos dans un champ d’herbes écarlates. Un souffle de vent se lève et agite les feuilles, qui se fondent en un ruisseau de sang. Le ciel est d’un bleu métallique, une couleur d’une transparence si intense qu’elle éveille dans son crâne une clameur aussi brève que désespérée. Il découvre le soleil : bas dans le ciel, plus grand qu’il n’aurait dû être, il a l’air légèrement pâle et fragile et semble aplati aux deux pôles. Des brumes nacrées s’élèvent de la terre et tourbillonnent vers le soleil, créant dans leur ascension des spirales de dentelles bleues, vertes et rouges. Un coussin de silence l’oppresse. Il se sent perdu. Il ne voit pas de cités, il ne relève aucune trace de la présence de l’homme dans cette prairie, sur ces collines et par-delà cette vallée. Lentement, il se lève et se dresse face au soleil.
Son corps est nu. Il le touche et découvre sa peau. Avec une curiosité paisible, il examine sa main, posée sous son menton contre la toison brune de sa poitrine. »

Extrait de : R. Silverberg. « Le Fils de l’homme. »

La guerre du froid par R. Silverberg

Fiche de La guerre du froid

Titre : La guerre du froid
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1964
Traduction : J.-C. Deret
Editeur : Le livre de poche

Première page de La guerre du froid

« LA CITÉ SOUS LA GLACE
Le jour – ou, du moins, ce qui passait pour le jour dans la cité souterraine de New York – était déjà bien avancé. De pâles lumières brillaient dans les couloirs du niveau C. Des silhouettes se déplaçaient lentement le long de l’interminable vestibule. À cette heure-là, la plupart des New Yorkais s’installaient pour une confortable soirée.
Jim Barnes s’arrêta devant une porte épaisse, dans la section résidentielle du niveau C, et frappa vivement de son index replié. Il attendit un bon moment, fourrageant de la main à travers son épaisse chevelure rouge clair. Puis la porte s’ouvrit et un petit homme trapu apparut. C’était Ted Callison, le propriétaire de la chambre. »

Extrait de : R. Silverberg. « La guerre du froid. »

La face des eaux par R. Silverberg

Fiche de La face des eaux

Titre : La face des eaux
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1991
Traduction : P. Berthon
Editeur : Le livre de poche

Première page de La face des eaux

« Il y avait du bleu au-dessus et un bleu d’une autre nuance au-dessous, deux immensités vides et inaccessibles, et le navire semblait presque flotter, suspendu entre les deux immensités bleues, sans les toucher, totalement immobile, encalminé. Mais, en réalité, il était bien à sa place, sur l’eau et non au-dessus, et il suivait sa route. Depuis quatre nuits et quatre jours, il voguait vers le large, s’éloignant inexorablement de Sorve, s’enfonçant dans les étendues inexplorées de l’océan.
 
Quand, au matin du cinquième jour, Valben Lawler monta sur le pont du navire de tête, il vit des centaines de longs museaux argentés qui sortaient de l’eau de tous côtés. C’était nouveau. Le temps, lui aussi, avait changé : le vent était tombé et la mer était calme, une mer d’huile, mais qui semblait avoir une qualité étrangement électrique, potentiellement explosive. Les voiles étaient flasques et les cordages pendaient mollement. Une écharpe de brume barrait le ciel d’un mince trait gris, comme quelque envahisseur venu du bout du monde. Grand, mince, dans la force de l’âge, Lawler avait un corps d’athlète, musclé et gracieux. Il regarda en souriant les étranges créatures entourant le navire, dont la laideur était telle[…] »

Extrait de : R. Silverberg. « La Face des eaux. »

Ciel brûlant de minuit par R. Silverberg

Fiche de Ciel brûlant de minuit

Titre : Ciel brûlant de minuit
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1994
Traduction : P. Berthon
Editeur : Le livre de poche

Première page de Ciel brûlant de minuit

« Voilà ma cible, se dit Juanito. Celui-là, là-bas. Oui, ce sera lui.
Il observait les nouveaux dinkos descendant de la navette spatiale de midi, en provenance de la Terre. Celui qu’il avait repéré était le grand qui n’avait pas d’yeux du tout ; un visage uni du front à l’arête du nez, à peine l’esquisse d’une concavité plus sombre sous la peau lisse du front. Pas même de sourcils, juste la forme des arcades glabres. Comme si les yeux avaient été effacés, se dit Juanito. En réalité, il n’y en avait probablement jamais eu. Cela ne ressemblait pas à une opération de restructuration génétique, plutôt à une ligature prénatale.
Il savait qu’il n’y avait pas de temps à perdre ; la concurrence était rude. Une quinzaine, peut-être une vingtaine de courriers étaient rassemblés comme des vautours dans la salle d’attente et certains des meilleurs étaient présents : Ricky, Lola, Kluge, Nattathaniel. Et Delilah. Tout le monde semblait avoir très faim. »

Extrait de : R. Silverberg. « Ciel Brûlant de Minuit. »

La reine du printemps par R. Silverberg

Fiche de La reine du printemps

Titre : La reine du printemps (Tome 2 sur 3 – Nouveau printemps)
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1989
Traduction : P. Berthon
Editeur : Le livre de poche

Première page de La reine du printemps

« L’émissaire

En atteignant la crête de la colline dénudée et parsemée de rochers, et avant d’entreprendre la descente vers la vallée verdoyante qui était sa destination, Kundalimon sentit le vent tourner. Depuis plusieurs semaines, depuis son départ de l’intérieur du continent en direction de la côte sud-ouest, il avait senti dans son dos un vent sec et âpre. Mais maintenant, c’était un vent très doux, presque une caresse, qui apportait du sud une foule d’étranges senteurs montant de la cité du peuple de chair qui s’étendait en contrebas.
Il ne pouvait qu’imaginer ce qu’étaient ces odeurs mystérieuses.
L’une pouvait être celle de serpents en période d’activité sexuelle, une autre évoquait des plumes en train de brûler et une troisième des animaux marins pris au filet et ramenés sur la terre ferme en se débattant furieusement. Et d’autres effluves encore qui n’étaient guère différents de ceux du Nid, les effluves de la terre noire que l’on trouvait dans les plus profondes galeries. »

Extrait de : R. Silverberg. « Nouveau printemps – La Reine du printemps. »

Le roi des rêves par R. Silverberg

Fiche de Le roi des rêves

Titre : Le roi des rêves (Tome 7 sur 8 – Majipoor)
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 2001
Traduction : R. Provost
Editeur : Le livre de poche

Première page de Le roi des rêves

« — Ce doit être ce que nous cherchions, déclara le Skandar, Sudvik Gorn, debout au bord de la falaise, indiquant le bas du coteau escarpé par des mouvements saccadés du bras gauche inférieur.
Ils avaient atteint la crête. La roche sous-jacente était fortement effritée à cet endroit, si bien que la piste qu’ils avaient suivie s’achevait sur une parcelle accidentée couverte de graviers verdâtres et acérés, au-delà de laquelle commençait une brusque descente vers une vallée à la végétation dense.
— Le Donjon de Vorthinar, juste en dessous de nous ! Que pourrait être cette construction, sinon le donjon du rebelle ? Il nous sera assez facile de l’embraser, à cette époque de l’année, reprit-il.
— Laissez-moi voir, dit le jeune Thastain. Ma vue est meilleure que la vôtre.
Il tendit impatiemment la main vers la longue-vue que Sudvik Gorn tenait dans son autre main intérieure. C’était une erreur. Sudvik Gorn adorait tourmenter le garçon, et Thastain venait de lui en donner une nouvelle occasion. Le gigantesque Skandar, qui le dépassait de plus de soixante centimètres, écarta la lunette d’un geste vif, la fit passer à un bras supérieur et l’agita au-dessus de la tête de Thastain avec une espièglerie appuyée. Il arbora un large sourire malveillant, découvrant des dents saillantes. »

Extrait de : R. Silverberg. « Majipoor – Le Roi des Rêves. »

Prestimion le Coronal par R. Silverberg

Fiche de Prestimion le Coronal

Titre : Prestimion le Coronal (Tome 6 sur 8 – Majipoor)
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1999
Traduction : P. Berthon
Editeur : Le livre de poche

Première page de Prestimion le Coronal

« La cérémonie du sacre, avec ses antiques incantations, ses serments rituels et ses sonneries de trompette, qui avait atteint son point culminant avec l’élévation de la couronne et la présentation de la robe royale, était terminée depuis cinquante minutes. Un laps de temps de quelques heures précédait dans le programme des festivités le banquet de célébration du couronnement. Il y avait du remue-ménage et une activité trépidante d’un bout à l’autre de la gigantesque construction qui, à compter de ce jour, allait porter pour toute la planète le nom de Château de lord Prestimion, tandis que les milliers d’invités et les milliers de domestiques se préparaient pour le grand repas d’apparat du soir. Seul le nouveau Coronal s’était isolé au cœur d’une sphère de silence vibrant.
Après les combats et les bouleversements de la guerre civile, après l’usurpation, les batailles, les défaites et l’immense chagrin, l’heure de la victoire était venue. Enfin sacré Coronal de Majipoor, Prestimion était impatient de s’atteler à ses nouvelles tâches. »

Extrait de : R. Silverberg. « Majipoor – Prestimion le Coronal. »

Les sorciers de Majipoor par R. Silverberg

Fiche de Les sorciers de Majipoor

Titre : Les sorciers de Majipoor (Tome 5 sur 8 – Majipoor)
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1997
Traduction : P. Berthon
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les sorciers de Majipoor

« Il y avait eu des présages toute l’année, une pluie de sang sur Ni-moya, des grêlons effilés en forme de larme sur trois des cités du Mont du Château, puis une vision véritablement cauchemardesque, un gigantesque quadrupède noir aux yeux de rubis étincelants, avec une corne unique en spirale au milieu du front, qui voguait dans les airs au-dessus de la cité portuaire d’Alaisor, à la tombée du jour. Jamais un animal de cette espèce n’avait été vu sur le sol de Majipoor, et encore moins dans le ciel. Pendant ce temps, dans sa chambre quasi inaccessible, au niveau le plus profond du Labyrinthe, le vieux Pontife Prankipin allait enfin rendre le dernier soupir, entouré de la cohorte de mages, de sorciers et de thaumaturges dont la présence avait adouci les dernières années du vieillard.
Sur toute la surface de la planète, ce n’était que tension et appréhension. Comment savoir quelles transformations, quels périls pouvaient naître de la mort du Pontife ? La stabilité régnait depuis si longtemps : quatre pleines décennies, et plus encore, depuis le dernier changement de monarque sur Majipoor. »

Extrait de : R. Silverberg. « Majipoor – Les Sorciers de Majipoor. »