Étiquette : Robert Laffont

 

Le nez-boussole d’Ulfänt Banderõz par D. Simmons

Fiche de Le nez-boussole d’Ulfänt Banderõz

Titre : Le nez-boussole d’Ulfänt Banderõz
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2013
Traduction : S. Guillot
Editeur : Robert Laffont

Première page de Le nez-boussole d’Ulfänt Banderõz

« Au cours des ultimes millénaires du Vingt et Unième Éon, lors d’une des innombrables ères chaotiques ayant marqué l’histoire ignorée de la Terre Mourante, tous les signes habituels d’un malheur imminent s’aggravèrent soudainement.
Le grand soleil rouge, toujours lent à se lever, devint plus léthargique que jamais. Tel un vieillard rechignant à sortir de son lit, l’astre boursouflé, certains matins, tremblait, frémissait, titubait, il provoquait des tremblements de terre protestataires qui rayonnaient vers l’ouest à travers les antiques continents depuis les horizons orientaux, secouant jusqu’aux basses chaînes de montagnes usées par le temps et la gravité au point de les faire ressembler à de vieilles molaires. Des taches noires toujours plus nombreuses se mirent à véroler le pâle visage du soleil à son pénible essor, de sorte que des jours entiers finirent par se perdre dans un terne crépuscule marron. »

Extrait de : D. Simmons. « Le Nez-Boussole d’Ulfänt Banderõz. »

Le cinquième coeur par D. Simmons

Fiche de Le cinquième coeur

Titre : Le cinquième coeur
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2015
Traduction : C. Arnaud
Editeur : Robert Laffont

Première page de Le cinquième coeur

« Au cours du pluvieux mois de mars 1893, pour des raisons que personne ne comprend (en premier lieu parce que personne en dehors de nous ne connaît cette histoire), l’auteur américain Henry James, alors installé à Londres, décida de passer le jour de son anniversaire à Paris et, ce 15 avril, de s’y donner la mort en se jetant de nuit dans la Seine.

Si je peux affirmer que James était très déprimé ce printemps, je ne saurais vous dire précisément pourquoi. Bien sûr, il avait perdu sa sœur un an plus tôt, emportée par un cancer de sein le 6 mars 1892, à Londres, mais Alice, une invalide professionnelle depuis des décennies, avait accueilli de bonne grâce le diagnostic de cancer. La mort, avait-elle dit à son frère, était l’événement qu’elle avait toujours attendu avec le plus grand enthousiasme. »

Extrait de : D. Simmons. « Le cinquième cœur. »

L’abominable par D. Simmons

Fiche de L’abominable

Titre : L’abominable
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2013
Traduction : C. Arnaud
Editeur : Robert Laffont

Première page de L’abominable

« Nous sommes tous les trois en train de déjeuner au sommet du Cervin, quand nous apprenons la disparition de Mallory et d’Irvine dans l’Everest.

C’est une journée splendide de la fin du mois de juin 1924, et l’information se trouve dans les pages d’un journal anglais vieux de trois jours avec lequel une employée de la petite auberge du Breuil, en Italie, a emballé nos sandwichs de bon pain frais au rosbif et raifort. Sans le savoir, j’ai porté cette nouvelle encore immatérielle – mais qui va bientôt nous peser lourdement – jusqu’en haut du Cervin dans mon sac à dos, à côté d’une outre de vin, de deux bouteilles d’eau, de trois oranges, de trente mètres de corde d’escalade et d’un gros salami. »

Extrait de : D. Simmons. « L’Abominable. »

Flashback par D. Simmons

Fiche de Flashback

Titre : Flashback
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2011
Traduction : P. Dusoulier
Editeur : Robert Laffont

Première page de Flashback

« — Vous vous demandez probablement pourquoi je vous ai prié de venir ici aujourd’hui, Mr Bottom, dit Hiroshi Nakamura.

— Non, répondit Nick. Je sais pourquoi vous m’avez fait venir ici.

Nakamura eut l’air surpris.

— Vous le savez ?

— Ouais, fit Nick en pensant : Et puis merde… Au point où tu en es… Nakamura veut engager un détective. Montre-lui que tu en es un. Vous voulez que je trouve la ou les personnes qui ont tué votre fils Keigo.

Nakamura cligna des yeux sans rien dire. C’était comme si le fait d’entendre prononcer le nom de son fils l’avait figé sur place.

Le vieux milliardaire jeta un coup d’œil vers son chef de la sécurité, un homme trapu mais puissamment bâti qui se tenait accoudé à un tansu près d’un shōji ouvert par lequel on apercevait le jardin intérieur. Si Sato avait réagi à l’interrogation muette de son employeur par un geste ou une expression quelconque, Nick n’avait rien remarqué. »

Extrait de : D. Simmons. « Flashback. »

Drood par D. Simmons

Fiche de Drood

Titre : Drood
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2009
Traduction : O. Demange
Editeur : Robert Laffont

Première page de Drood

« Je m’appelle Wilkie Collins et puisque j’ai l’intention de repousser la publication de ce document d’au moins un siècle et quart après le jour de mon trépas, je suppose que mon nom ne te dit rien. Certains me présentent comme un joueur et ils ont raison. Je te parie donc, Cher Lecteur, que tu n’as lu aucun de mes livres, aucune de mes pièces de théâtre et que tu n’en as même pas entendu parler. Après tout, peut-être ne parlez-vous plus anglais, Britanniques et Américains de quelque cent vingt-cinq ans dans le futur. Peut-être vous habillez-vous comme des Hottentots, vivez-vous dans des grottes éclairées au gaz, voyagez-vous en ballon et communiquez-vous par transmission de pensée, sans vous embarrasser du moindre langage parlé ou écrit.

Néanmoins, je suis prêt à parier ma fortune, pour ce qu’elle vaut, et tous les droits d’auteur à venir de mes pièces et de mes romans, pour ce qu’ils vaudront, que vous vous souvenez du nom, des livres, des pièces et des personnages imaginaires de mon ami et ancien collaborateur, un certain Charles Dickens.»

Extrait de : D. Simmons. « Drood. »

Collines noires par D. Simmons

Fiche de Collines noires

Titre : Collines noires
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2010
Traduction : O. Demange
Editeur : Robert Laffont

Première page de Collines noires

« Paha Sapa retire sa main précipitamment, mais pas suffisamment pour éviter le choc, fulgurant comme la morsure d’un crotale, de l’esprit du Wasicun*2 mourant qui, d’un bond, s’introduit dans ses doigts et remonte le long de son bras jusqu’à sa poitrine. Le garçon recule en titubant, épouvanté, tandis que le fantôme s’insinue, brûlant, dans ses veines et dans ses os tel un flot de venin. L’esprit du Wasicun creuse un sillon brûlant dans les nerfs de l’épaule de Paha Sapa, avant de se répandre dans son thorax et dans sa gorge, bouillonnant et tourbillonnant à l’image d’une épaisse fumée grasse. Paha Sapa en sent le goût. Un goût de mort. Se dilatant toujours, le fantôme envahit le torse de Paha Sapa, il descend, gagne les extrémités du petit garçon, affaiblissant et alourdissant ses bras et ses jambes. Tandis que le fantôme du Wasicun emplit ses poumons d’une affreuse pesanteur qui s’élargit, se densifie et lui coupe le souffle, Paha Sapa se rappelle le jour – il était encore si petit ; il marchait à peine – où il a failli se noyer dans la rivière de la Langue. Du fond de sa terreur, Paha Sapa qui n’a même pas onze étés sent pourtant que ce qui lui arrive – cette invasion – est infiniment plus effroyable qu’une mort par noyade. »

Extrait de : D. Simmons. « Collines noires. »

Olympos par D. Simmons

Fiche de Olympos

Titre : Olympos (Tome 2 sur 2 – Ilium et Olympos)
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2004
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Robert Laffont

Première page de Olympos

« Peu de temps avant l’aurore, Hélène de Troie est réveillée par le hurlement des sirènes. Elle promène une main sur les coussins de son lit, mais Hockenberry, son amant du moment, a disparu – il s’est éclipsé en pleine nuit, pendant que les domestiques dormaient encore, ainsi qu’il le fait toujours à l’issue d’une nuit d’amour avec elle, comme s’il avait honte de ses actes, et sans doute marche-t-il en ce moment dans les ruelles et les venelles les plus obscures de la ville. Hockenberry est un homme bien triste et bien étrange, songe Hélène. Puis elle se souvient.

Mon époux est mort.

Cela fait neuf jours que la mort de Pâris, tué par l’impitoyable Apollon, relève de la réalité – dans trois heures débuteront ses funérailles, auxquelles doivent participer Troyens et Achéens, si le char divin qui survole la cité d’Ilium ne l’a pas complètement détruite dans les prochaines minutes –, mais Hélène n’arrive toujours pas à croire que son Pâris n’est plus. »

Extrait de : D. Simmons. « Olympos – Ilium et Olympos. »

Questions brûlantes par M. Atwood

Fiche de Questions brûlantes

Titre : Questions brûlantes
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2022
Traduction : M. Albaret-Maatsch, O. Demange, V. Leÿs, R. Morin, I. D. Philippe
Editeur : Robert Laffont

Première page de Questions brûlantes

« Questions brûlantes est mon troisième recueil d’essais et autres textes de circonstance. Le premier, Second Words, s’ouvrait en 1960, date à laquelle j’ai commencé à publier des critiques littéraires, pour s’achever en 1982. Le deuxième, Moving Targets, regroupait des textes écrits entre 1983 et le milieu de l’année 2004. Questions brûlantes va du milieu de 2004 au milieu de 2021. Soit vingt ans, à raison d’un volume par an, à peu de chose près.
Ces périodes ont toutes été mouvementées, chacune à sa manière. Les textes de circonstance sont écrits pour des circonstances particulières et se rattachent donc étroitement au temps et au lieu qui les ont vus naître – les miens, en tout cas. Ils sont également liés à l’âge que j’avais lorsque je les ai écrits, et à la vie que je menais alors. (Avais-je un emploi ? Étais-je étudiante ? Avais-je besoin de l’argent qu’ils me rapportaient ? Étais-je déjà une autrice assez en vue pour pouvoir me consacrer à ce qui m’intéressait ? Était-ce un service que je rendais à quelqu’un qui m’avait demandé de l’aide ?) »

Extrait de : M. Atwood. « Questions brûlantes. »

Poèmes tardifs par M. Atwood

Fiche de Poèmes tardifs

Titre : Poèmes tardifs
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2020
Traduction : C. Evain, B. Doucey
Editeur : Robert Laffont

Première page de Poèmes tardifs

« Voici des poèmes tardifs.
La plupart des poèmes arrivent tard,
bien sûr : trop tard,
comme une lettre envoyée par un marin
qui arrive après qu’il s’est noyé.
 
Trop tard pour être utiles, de telles lettres,
et il en va de même pour les poèmes tardifs.
Ils arrivent comme apportés par l’eau.
 
Quoi qu’il en soit, c’est déjà fait :
la bataille, le jour ensoleillé et joyeux, la chute dans la luxure
au clair de lune, les mots d’adieu. Le poème
s’échoue sur le rivage comme une épave.
 
… »

Extrait de : M. Atwood. « Poèmes Tardifs. »

Oeil de chat par M. Atwood

Fiche de Oeil de chat

Titre : Oeil de chat
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 1988
Traduction : H. Filion
Editeur : Robert Laffont

Première page de Oeil de chat

« Le temps n’est pas une ligne, mais une dimension ; comme les dimensions de l’espace. Si l’on peut modifier l’espace, on peut aussi modifier le temps. Et si l’on en savait suffisamment, on pourrait aller plus vite que la lumière, remonter dans le temps, et exister à deux endroits à la fois.
C’est mon frère Stephen qui m’a appris cela, à l’époque où il enfilait son chandail rouge foncé effiloché pour étudier et se tenait sur la tête afin que le sang irrigue mieux son cerveau et le nourrisse. Je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire, alors, mais peut-être ne l’expliquait-il pas très bien. Il prenait déjà ses distances par rapport à l’imprécision des mots. »

Extrait de : M. Atwood. « Oeil-de-chat. »