Étiquette : Robert Laffont
La vallée de la soie par M. Jeury
Fiche de La vallée de la soie
Titre : La vallée de la soie (Tome 1 sur 2 – Vallée de la soie)
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1998
Editeur : Robert Laffont
Première page de La vallée de la soie
« Au moment où ce siècle de triomphante industrie et de folie humaine va plier bagage, une hâte presque superstitieuse me prend soudain.
Je n’aurai sans doute pas le temps de finir le récit de ma vie avant que sonne l’an 1900. Tant pis, le XXe siècle ne s’ouvre qu’en 1901, m’a-t-on dit, ce qui me donne une pleine année.
Je me lance donc dans cette grande affaire, avec une plume d’acier qu’on n’a pas besoin d’aiguiser. J’ai toujours pensé qu’un travail commencé était à moitié fini : c’est ainsi que j’ai accompli, en bonne partie au moins, et à travers les pires vicissitudes, les espérances de ma jeunesse.
Me voilà prête pour étaler tous mes secrets, le cœur tranquille, d’autant que personne ne me lira de mon vivant. Après ma mort, mes petits-enfants choisiront : brûler mes cahiers ou tenter de déchiffrer l’âme de leur grand-mère ! »
Extrait de : M. Jeury. « Vallée de la soie – La vallée de la soie. »
L’orbe et la roue par M. Jeury
Fiche de L’orbe et la roue
Titre : L’orbe et la roue (Tome 1 sur 2 – L’orbe)
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1982
Editeur : Robert Laffont
Première page de L’orbe et la roue
« Mark Jervann d’Angun vécut pour la première fois au XXIe siècle de l’ère terrestre-chrétienne : il y a donc un peu plus de trente mille ans. À cette époque, la construction de la Sphère avait commencé, puisqu’il existait des « îles de la lune » ou « villes de l’espace » : Lagrangia I, II, III et IV. L’idée de la Sphère de Dyson était connue depuis le XXe siècle. Car il y a eu Dyson avant Govan…
Mark était citoyen de la Roue : Republic of United Europe. Il était donc européen. L’Orbe désignait alors une autre grande puissance économique de la Terre : l’Alliance ou Orbite du Pacifique, qui rassemblait tous les pays formant un cercle autour de cet océan, en particulier les États-Unis d’Amérique du Nord, l’Union d’Amérique du Sud, le Japon, la Chine, l’Indonésie… En théorie, l’Orbe était dix fois plus important que la Roue. Mais c’était une alliance assez lâche, souffrant de rivalités et de dissensions internes. Longtemps amis, l’Orbe et la Roue s’affrontèrent à la fin du XXIIe siècle et se servirent de la « bombe à structure ». Ils se retrouvèrent tous les deux très amoindris et mystérieusement changés. C’était un des effets de la bombe. »
Extrait de : M. Jeury. « L’orbe – L’orbe et la roue. »
Soleil chaud poisson des profondeurs par M. Jeury
Fiche de Soleil chaud poisson des profondeurs
Titre : Soleil chaud poisson des profondeurs (Tome 3 sur 3 – Chronolyse)
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1976
Editeur : Robert Laffont
Première page de Soleil chaud poisson des profondeurs
« Les psychiatres de l’hôpital Garichankar ont, les premiers, défini le syndrome de Hood – soleil chaud – et le syndrome de Boldi – poisson des profondeurs – comme deux aspects équivalents d’une fuite schizophrénique à répercussion somatique totale… L’homme est terrorisé par le froid absolu de la civilisation des hypersystèmes, alors il rêve qu’il est très loin de là, quelque part sous un soleil chaud. Et il se met à brunir. Telle est la maladie bronzée de Hood.
Mais peut-être le Hood et le Boldi ressemblent-ils aussi à l’effort du premier animal qui est sorti de l’eau pour se traîner sur le rivage. Peut-être, par cette réaction, l’organisme humain essaie-t-il – d’une façon qui paraît absurde et ridicule – de s’adapter au vide et au froid d’un monde inhumain. Peut-être essaie-t-il de remplacer le soleil par autre chose – en lui-même. »
Extrait de : M. Jeury. « Chronolyse – Soleil chaud poisson des profondeurs. »
Les singes du temps par M. Jeury
Fiche de Les singes du temps
Titre : Les singes du temps (Tome 2 sur 3 – Chronolyse)
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1973
Editeur : Robert Laffont
Première page de Les singes du temps
« Simon Clar savait que Magic-Joe allait mourir : question de jours ou peut-être d’heures… Simon avait douze ans et il passait ses après-midi de vacances dans le camion rouge, à écouter délirer le magicien du Far-West. Le médecin avait insisté longtemps pour que Joe Anton-Amos Roboam se laisse conduire à l’hôpital. Je veux crever chez moi ! répondait toujours le vieux baladin. Et il mourait lentement, en crachant ses poumons, dans le désespoir et la solitude de sa dernière étape.
Ce n’était pourtant qu’une demi-solitude. Simon venait l’écouter à l’insu de ses parents, et Sophia Shofranka, la Lovara, lui apportait à boire et à manger et nettoyait le camion de temps en temps.
— Quoi ? Quoi ? Quoi ? C’est ma vie, ma vie, ma vie ! Ah, quand je voyais ces montagnes qui grimpaient jusqu’au ciel et que je pensais à la mer, de l’autre côté, je me sentais tout petit. Je me disais : tu y arriveras jamais, au bord de la mer ! »
Extrait de : M. Jeury. « Chronolyse – Les singes du temps. »
En terre étrangère par R. A. Heinlein
Fiche de En terre étrangère
Titre : En terre étrangère
Auteur : R. A. Heinlein
Date de parution : 1961
Traduction : F. Straschitz
Editeur : Robert Laffont
Première page de En terre étrangère
« Il était une fois un Martien du nom de Valentin Michaël Smith.
Les membres de la première expédition humaine vers Mars furent choisis selon la théorie que le plus grand danger pour l’homme, c’est l’homme lui-même. En ce temps-là, huit années après l’établissement de la première colonie sur Luna, les voyages interplanétaires humains dépendaient encore de trajectoires orbitales – deux cent cinquante-huit jours terrestres de Terra à Mars et autant pour le retour, sans compter quatre cent cinquante-cinq jours d’attente sur Mars pour que les planètes se retrouvent dans une position réciproque favorable à la trajectoire du retour.
L’Envoy ne pouvait faire le voyage qu’en se réapprovisionnant à une station spatiale. De Mars, il pourrait revenir… s’il ne s’écrasait pas à l’arrivée, si l’on trouvait de l’eau pour remplir ses réservoirs, si mille autres choses se passaient comme prévu. »
Extrait de : R. A. Heinlein. « En terre étrangère. »
Mémoire par M. McQuay
Fiche de Mémoire
Titre : Mémoire
Auteur : M. McQuay
Date de parution : 1987
Traduction : H. Collon
Editeur : Robert Laffont
Première page de Mémoire
« Et maintenant, que se passe-t-il ? »
« Mon père me porte sur son épaule, il me soulève au-dessus de sa tête pour que je puisse y voir. La salle est comble, les gens se pressent pour apercevoir le grand homme. Je n’ai jamais vu de salle si vaste. Mon père me dit que c’est l’homme le plus important du pays, mais moi je ne peux pas croire qu’on soit plus grand que mon père. »
« Quel âge as-tu ? »
« Quatre ans. »
« Qui est ce grand homme ? »
« Je ne sais pas. Je suis contente parce qu’on dirait un jour de fête – tout le monde est tellement excité ! Des milliers de bougies illuminent la salle et pour moi elles sont comme des étoiles dans le ciel. »
David Wolf se rassit et contempla avec embarras la femme qui était à demi renversée sur le divan aux couleurs passées. Ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait à effleurer chez elle ce même point sensible de sa main experte. »
Extrait de : M. McQuay. « Mémoire. »
Mensonges et Cie par P. K. Dick
Fiche de Mensonges et Cie
Titre : Mensonges et Cie
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1984
Traduction : H.-L. Planchat
Editeur : Robert Laffont
Première page de Mensonges et Cie
« Un ballon-jet créancier flottait au-dessus de Rachmael ben Applebaum ; de ses circuits vocaux jaillit une voix monocorde mais agréable et masculine – bien qu’artificielle – tellement amplifiée qu’elle fut entendue non seulement par Rachmael, mais également par tous les gens qui se pressaient sur les trottoirs roulants. L’amplification était bien destinée à cela ; vous étiez simultanément dénoncé et exposé à la raillerie publique, aux ricanements de la foule toujours présente qui devenait alors une force agissant contre vous… et gratuitement pour le créancier, songea Rachmael.
— Mr. Applebaum !
La grosse voix cordiale mais synthétique se répercuta, roula et tonna tandis qu’un millier de visages humains se tournaient d’un air attentif, levaient les yeux avec amusement pour voir le ballon-jet créancier, et observaient sa cible : Rachmael ben Applebaum qui s’efforçait de sortir du parking où il venait de laisser son papillon, pour gagner les bureaux de l’Arnac, à peine à deux kilomètres de là – une distance néanmoins suffisante pour être reconnu et devenir la cible du ballon-jet créancier. »
Extrait de : P. K. Dick. « Mensonges et Cie. »
Crise par L. del Rey
Fiche de Crise
Titre : Crise
Auteur : L. del Rey
Date de parution : 1956
Traduction : J.-M. Léger
Editeur : Robert Laffont
Première page de Crise
« La sonnerie aigre du téléphone rongeait le sommeil de Doc Ferrel. Ses efforts pour l’assourdir en enfouissant la tête plus profondément dans son oreiller n’avaient réussi qu’à la rendre plus présente. Il entendait Emma se retourner dans le lit voisin. C’est à peine s’il devinait son corps sous les draps dans la lumière pâle du petit matin.
On n’avait pas le droit d’appeler les gens à une heure pareille !
La colère dissipa les dernières brumes du sommeil. Il se leva tant bien que mal et tâtonna à la recherche de sa robe de chambre. Lorsqu’un homme approche de la soixantaine, qu’il a des cheveux gris et de l’embonpoint pour le rappeler, on devrait respecter son sommeil. Mais le téléphone continuait avec insistance. En atteignant le palier, il commença pourtant à redouter qu’il ne cesse de sonner. Arriver quelques secondes trop tard serait l’ultime vexation. »
Extrait de : L. Del Rey. « Crise. »
Tom O’Bedlam par R. Silverberg
Fiche de Tom O’Bedlam
Titre : Tom O’Bedlam
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1985
Traduction : P. Berthon
Editeur : Robert Laffont
Première page de Tom O’Bedlam
« Cette fois, Tom s’était senti poussé vers l’ouest par une force intérieure. Une direction qui en valait bien une autre. En allant vers le couchant, il arriverait un jour aux confins des terres et de là peut-être lui serait-il possible de s’élancer vers les étoiles.
Ce jour de juillet, l’après-midi touchait à sa fin quand il déboucha au sommet de la pente abrupte bordant le lit à sec d’un cours d’eau et s’arrêta dans un champ calciné pour reprendre son souffle et faire le point. Il se trouvait à peu près à deux cents kilomètres à l’est de Sacramento, sur le versant le plus aride de la montagne, dans le courant de la troisième année du nouveau siècle qui, à ce que l’on disait, devait voir se terminer les souffrances de l’humanité. Tom songea que cela se réaliserait peut-être, mais mieux valait ne pas trop y compter.
Juste devant lui, il aperçut un groupe de sept ou huit hommes déguenillés et rassemblés autour d’un vieux van sur coussin d’air dont les flancs rouillés étaient couverts d’éclairs de peinture rouge et jaune. Il était difficile de savoir s’ils réparaient le véhicule ou s’ils se disposaient à le voler. Peut-être les deux à la fois. Deux hommes étaient allongés dessous, la tête et les épaules au niveau de la boîte de vitesses, tandis qu’un troisième bricolait le filtre à air. »
Extrait de : R. Silverberg. « Tom O’Bedlam. »
Le long chemin du retour par R. Silverberg
Fiche de Le long chemin du retour
Titre : Le long chemin du retour
Auteur : R. SIlverberg
Date de parution : 2002
Traduction : R. Provost
Editeur : Robert Laffont
Première page de Le long chemin du retour
« Les premières explosions semblèrent très distantes : une série lointaine, étouffée, de détonations, de grondements et de bruits sourds qui aurait pu n’être que le tonnerre à l’horizon. Joseph, plus endormi qu’autre chose dans son lit confortable du pavillon des invités de la Maison Geften, remua, sa vigilance vaguement en éveil, dressa une oreille, écouta un instant sans vraiment écouter. Oui, songea-t-il : le tonnerre. Sa seule inquiétude était que ce tonnerre pût annoncer la pluie, car elle gâcherait la chasse du lendemain. Mais ici, dans le Haut Manza, on était censé être au milieu de la saison sèche, non ? Alors comment pourrait-il pleuvoir le lendemain ?
Il n’allait pas pleuvoir ; par conséquent, Joseph sut que ce qu’il croyait avoir entendu ne pouvait être le son du tonnerre… pouvait, d’ailleurs, ne rien être du tout. C’est juste un rêve, se dit-il. Demain, il fera beau, le soleil brillera, je chevaucherai jusqu’à la réserve de chasse avec mes cousins du Haut Manza et nous passerons un moment formidable. »
Extrait de : R. Silverberg. « Le long chemin du retour. »