Étiquette : Roberts
Survol par K. Roberts
Fiche de Survol
Titre : Survol
Auteur : Keith Roberts
Date de parution : 1985
Traduction : G. Abadia
Editeur : Robert Laffont
Première page de Survol
« L’équipage de sol avait presque achevé sa litanie. Les hommes attendaient l’un derrière l’autre, la tête inclinée en avant, profilant leurs silhouettes sur les dernières lueurs estompées du couchant. En contrebas de l’endroit où je me tenais, le Véhicule de Lancement frémissait doucement tandis que l’eau bruissante ruisselait autour d’un rivet de chaudière rouillé. Une rafale d’air chaud monta vers le portique, apportant des effluves de vapeur et d’huile qui se mélangèrent aux odeurs omniprésentes des enduits. À côté de moi, le Captain Servant renifla, apparemment en signe d’impatience. Puis il remua les pieds sur le sol et enfonça un peu plus sa tête taurine dans ses épaules. Je regardai autour de moi dans le hangar de plus en plus sombre, enregistrant mentalement la scène familière. Les rouleaux de câbles, debout sur leurs chariots, les lames luisantes des systèmes d’ancrage, le train de levage complexe s’étirant brasse après brasse. »
Extrait de : K. Roberts. « Survol. »
Pavane par K. Roberts
Fiche de Pavane
Titre : Pavane
Auteur : Keith Roberts
Date de parution : 1968
Traduction : F. Straschitz
Editeur : Le livre de poche
Première page de Pavane
« Par une chaude soirée de l’an 1588, dans le palais royal de Greenwich, aux portes de Londres, une femme se mourait ; dans sa poitrine, dans son abdomen, les balles d’un assassin. Son visage était ridé, ses dents noircies, et la mort ne lui prêtait nulle dignité. Elizabeth Ire, la Grande Elizabeth, reine d’Angleterre, n’était plus.
La rage des Anglais ne connut pas de bornes. Un seul mot, un murmure, suffisait ; un jeune benêt, mis en pièces par la foule, appelait sur lui la bénédiction du Pape… Les catholiques anglais, saignés à blanc par les amendes, portant toujours le deuil de la reine d’Écosse, n’ayant pas oublié le sanglant Soulèvement du Nord, durent faire face à de nouveaux pogroms. À contrecœur, pour assurer leur survie, ils prirent les armes contre leurs compatriotes, tandis que l’incendie allumé par les massacres de Walsingham s’étendait à tout le pays, mêlant à la lumière des feux d’alarme les sombres flammes des autodafés. »
Extrait de : K. Roberts. « Pavane. »
Molly zéro par K. Roberts
Fiche de Molly zéro
Titre : Molly zéro
Auteur : Keith Roberts
Date de parution : 1980
Traduction : M. Lebailly
Editeur : Calmann-Levy
Première page de Molly zéro
« Tu frissonnes, enveloppée dans ton manteau. C’est un beau manteau ; flambant neuf, un macfarlane vert olive ; bien sanglé à la taille, le col relevé, très militaire. Il te donne fière allure, mais, ne t’empêche pas de trembler. Tu enfonces plus profondément les mains dans tes poches et tu remontes les épaules. Tu te dis qu’il n’y a pas de raison de te tracasser, ce n’est qu’un Décentrement ; quelque chose qui arrive à tout le monde. Mais cela ne t’aide pas beaucoup. Toi, tu es Molly Zéro, et tu es morte de peur.
Les bruits semblent résonner sous le toit voûté ; le grondement des locomotives diesels, les voix criant des ordres, sans relâche. Et à travers tout cela, une stridence grêle ; produite par des centaines et des centaines de gosses. Tu regardes fixement le macadam à tes pieds. »
Extrait de : K. Roberts. « Molly Zero. »
Les seigneurs des moissons par K. Roberts
Fiche de Les seigneurs des moissons
Titre : Les seigneurs des moissons
Auteur : Keith Roberts
Date de parution : 1976
Traduction : D. Le Nouaille
Editeur : Opta (Galaxie)
Première page de Les seigneurs des moissons
« LA grosse voiture progressait avec lenteur sur des chemins se rétrécissant continuellement. Une fois dépassé le bourg de Wilton, la neige devint plus épaisse. Silhouettés par le faisceau des phares, les arbres et les buissons apparaissaient revêtus d’une blancheur immaculée. L’arrière de la Mercedes chassa légèrement, puis se redressa. Mainwaring entendit le chauffeur jurer à mi-voix. L’interphone était resté branché.
Des cadrans encastrés dans le dossier témoignaient du bon fonctionnement du véhicule : pression d’huile, température de l’eau, régime, vitesse. La lumière du répétiteur éclairait avec douceur le visage de sa compagne. Celle-ci s’agitait et il voyait voltiger sa chevelure blonde. Il se tourna à demi. Elle portait un kilt sobre quoique succinct, et de lourdes bottes. Ses jambes ne laissaient rien à désirer. »
Extrait de : K. Roberts. « Les Seigneurs des moissons. »
Les géants de craie par K. Roberts
Fiche de Les géants de craie
Titre : Les géants de craie
Auteur : Keith Roberts
Date de parution : 1974
Traduction : C. et L. Meistermann
Editeur : Opta
Première page de Les géants de craie
« La voiture de patrouille se remet en marche, remontant le flot de la circulation bloqué dans la direction du sud. Son haut-parleur est branché ; les paroles en sortent, grésillantes et ternes, déformées par la chaleur aoûtienne de la plaine de Salisbury.
Stan Potts observe le gyrophare, transpire, se gratte, jure. Il a envie de faire pipi ; il y a une heure, sinon plus, qu’il a envie de faire pipi, la douleur sourde s’est faite aiguë, puis nécessité dominante. Il fait glisser d’avant en arrière le levier de changement de vitesse, son regard fixe traverse le pare-brise sale ; il essaye de ne penser à rien, absolument rien…
L’observateur a quitté la Wolseley et progresse d’un véhicule à l’autre, se frayant un chemin dans le bouchon. »
Extrait de : K. Roberts. « Les géants de craie. »
Les furies par K. Roberts
Fiche de Les furies
Titre : Les furies
Auteur : Keith Roberts
Date de parution : 1966
Traduction : F. Straschitz
Editeur : Le masque
Première page de Les furies
« On peut les nommer les Gardiens. La chose qu’ils gardaient si jalousement n’était pas matérielle dans le sens où nous l’entendons. Elle avait du volume, mais pas de forme ; de la masse, mais pas de dimension. Bouillonnant nœud de mémoire, frémissant arbre de sagesse, elle avait bourgeonné à travers l’espace, ballottée par les courants gravitationnels, léchée par les flammes blanches des novæ. Et elle avait atteint la Terre…
Peut-être les Gardiens étaient-ils las. Pour eux, Vanderdecken était une créature éphémère et le millénium des Ahasuerws, guère plus que le lent clignement d’un œil. Leur voyage s’étendait à l’infini dans l’avenir comme dans le passé, loin, loin, loin avant notre ère, jusqu’au jour, peut-être, de la Première Création. Et les Gardiens eux-mêmes avaient oublié d’où ils venaient, et n’avaient jamais su comment ils avaient propagé leur espèce. »
Extrait de : K. Roberts. « Les Furies. »
Anita par K. Roberts
Fiche de Anita
Titre : Anita et autres nouvelles
Auteur : Keith Roberts
Date de parution :
Traduction :
Editeur :
Sommaire de Anita
- Alerte à la sirène
- A l’assaut du vétérinaire
- Par ici la sortie
- Expédition sur la troisième planète
- Subliminal
- L’être de beauté
- Terreur des hommes
- Le naufrage de la garce aux baisers
Première page de Alerte à la sirène
« Le message arriva, porté par des pépiements et des gazouillis. Il frémit à travers les hautes herbes des collines, vibra et froufrouta dans les feuilles. Des pattes duveteuses le tambourinèrent, d’étranges créatures le hurlèrent à la lune. Il se balança dans le sillage des nuées d’orage, crépita dans la grêle de l’été. Il se propageait inlassablement, s’épuisait au long des kilomètres mais, partout où il parvenait, des museaux se pointaient, des queues se tortillaient, des ailes emplumées et des ailes encloutées se tendaient vers le nord. Il avait des ratés, il s’affaiblissait, menaçait de se désagréger, de se dissoudre dans le néant. C’était un soupir, un sanglot mais, à la fin des fins, il atteignit sa destination.
Anita se promenait dans le Hallier de l’Homme Mort. Elle s’arrêta et se raidit. Ses oreilles palpitèrent, elle huma l’air. Au-dessus d’elle, les arbres s’agitaient. »
Extrait de : K. Roberts. « Anita et autres nouvelles. »
Keith Roberts
Présentation de Keith Roberts :
Keith Roberts (1935-2000) était une figure incontournable de la science-fiction britannique, particulièrement durant les années 1960. Né à Kettering en Angleterre, il a marqué le genre par son style unique et ses explorations audacieuses de thèmes souvent inattendus.
Un artiste polyvalent
Avant de se consacrer pleinement à l’écriture, Roberts a exercé en tant qu’illustrateur, laissant une empreinte indélébile sur l’esthétique des magazines de science-fiction de l’époque. Ses œuvres ont notamment orné les couvertures et les pages intérieures de publications telles que New Worlds et Science Fantasy. Cette double casquette d’écrivain et d’artiste lui a permis de développer une vision très personnelle de la science-fiction, où le visuel était autant important que le texte.
Un lien complexe avec la New Wave
Bien qu’associé au mouvement de la New Wave, qui cherchait à renouveler la science-fiction en introduisant des éléments sociaux, psychologiques et expérimentaux, Roberts s’en est toujours tenu à l’écart de certaines de ses tendances les plus radicales. Il a préféré explorer des thèmes plus intimes et personnels, tout en conservant un regard critique sur la société.
Pavane : son œuvre la plus célèbre
L’un des romans les plus acclamés de Roberts est sans doute Pavane. Cette œuvre de science-fiction alternative explore un monde où l’Inquisition espagnole a conquis l’Angleterre, entraînant un développement scientifique très différent de celui de notre réalité. Pavane est souvent cité comme l’un des meilleurs romans d’histoire alternative jamais écrits.
Un héritage durable
Keith Roberts a laissé derrière lui une œuvre riche et variée, qui continue d’inspirer de nombreux lecteurs et écrivains. Ses romans et nouvelles sont caractérisés par une grande intelligence, une écriture soignée et une imagination débordante. Bien qu’il soit moins connu du grand public que certains de ses contemporains, il reste une figure essentielle de la science-fiction britannique.
Pour aller plus loin
- Pavane est sans doute son œuvre la plus accessible pour découvrir l’univers de Keith Roberts.
- Ses nouvelles, souvent anthologuées, offrent une grande diversité thématique.
- Pour les plus curieux, il est intéressant de se pencher sur son travail d’illustrateur et sur son rôle dans le développement des magazines de science-fiction britanniques.
En résumé, Keith Roberts était un auteur complexe et talentueux, qui a apporté une contribution significative à la science-fiction. Son œuvre, à la fois intellectuelle et poétique, continue de fasciner les amateurs du genre.
Livres de Keith Roberts :
Anita et autres nouvelles
Les furies (1966)
Les géants de craie (1974)
Les seigneurs des moissons (1976)
Molly zéro (1980)
Pavane (1968)
Survol (1985)
Pour en savoir plus sur Keith Roberts :
La page Wikipédia de K. Roberts
La page Noosfere de K. Roberts
La page isfdb de K. Roberts
Les fantômes de Saigon par J. M. Roberts
Fiche de Les fantômes de Saigon
Titre : Les fantômes de Saigon
Auteur : J. M. Roberts
Date de parution : 1995
Traduction : F. Lefebvre
Editeur : Gallimard
Première page de Les fantômes de Saigon
« La lettre était dans ma boîte ce matin-là, épaisse et consistante par rapport au reste du courrier. J’ai posé le paquet sur une table et j’ai mis dix bonnes secondes pour le trier, puis j’ai tout jeté à la poubelle, sauf la lettre.
Le papier de l’enveloppe était épais et crémeux, visiblement cher. Dans le coin supérieur gauche, « Queen Productions » était imprimé à l’encre rouge sombre, avec une adresse à Hollywood. À côté, il y avait le logo de la société : une couronne stylisée. En la regardant d’assez près, on s’apercevait que la couronne était découpée dans de la pellicule photo. L’ensemble puait la richesse et le succès, et c’était l’effet recherché. Pas mal pour un gars qui avait l’habitude de me taper l’argent de ses cigarettes. »
Extrait de : J. M. Roberts. « Les fantômes de Saigon. »
Saturnalia par J. M. Roberts
Fiche de Saturnalia
Titre : Saturnalia (Tome 5 sur 5 – SPQR)
Auteur : J. M. Roberts
Date de parution : 1999
Traduction : B. Cucchi
Editeur : 10/18
Première page de Saturnalia
« Une fois de plus, c’est par une journée exécrable de décembre que je remis les pieds en Italie. Un vent mouillé et froid me cinglait le visage tandis que la petite galère remontait à la rame vers le bassin de Tarente. Ce n’était certes pas le moment de se lancer sur les flots, des mois après la meilleure saison pour naviguer. Mais bon, si cela ne tenait qu’à moi, ce ne serait jamais la bonne saison. Nous avions quitté Rhodes par un temps tout aussi détestable, reliant une à une les innombrables îles qui nous séparaient des côtes déchiquetées de Grèce. Voyage fastidieux s’il en fut ! De Grèce, nous fîmes voile vers le détroit qui la sépare de l’Italie, et, après avoir doublé le cap qui marque la pointe sud de la péninsule, nous naviguions dans les eaux assez tranquilles du golfe de Tarente. »
Extrait de : J. M. Roberts. « SPQR – Saturnalia. »