Étiquette : Rosenthal
La cité folle par Kenneth Bulmer

Fiche de La cité folle
Titre : La cité folle
Auteur : Kenneth Bulmer
Date de parution : 1971
Traduction : M. Rosenthal
Editeur : Le Masque
Première page de La cité folle
« Le sommeil refusait obstinément de venir. Une malignité subtile du lit empêchait toute tranquillité, mettait en boule draps et couvertures. Sur le côté droit, il se sentit ligoté. Sur le côté gauche, il entendit, affolants, les battements assourdissants de son cœur. Impossible de trouver le repos.
Il s’assit, tendu et résigné. Le lit à deux places le raillait de son immensité vide. Si seulement il était marié, maintenant. Des reins tendres contre lesquels se blottir, un corps docile pour faire du lit un havre matrimonial… et il aurait peut-être pu dormir.
Lumineuse, sottement joyeuse, la pendulette indiquait trois heures du matin. Il tritura sauvagement son oreiller, s’allongea, chercha le calme. En vain. Combien d’autres hommes attendaient-ils, eux aussi, le sommeil, l’oubli, énervés, inquiets sans raison précise, prisonniers de leur solitude… ?
Inutile. Il renonçait. Mais il ferait encore un essai avant de recourir à un somnifère. Indécis, épuisé, il se leva. Le sommeil l’avait fui et cependant il n’était pas totalement éveillé. Il fit la lumière lui-même, sans attendre qu’elle se fasse automatiquement. La bouche sèche, mauvaise, il avança vers la cuisine d’un pas mal assuré. »
Extrait de : K. Bulmer. « La cité folle. »
Le voleur de corps par Anne Rice

Fiche de Le voleur de corps
Titre : Le voleur de corps (Tome 4 sur 13 – Chronique des vampires)
Auteur : Anne Rice
Date de parution : 1992
Traduction : J. Rosenthal
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le voleur de corps
« Ici Lestat le Vampire. J’ai une histoire à vous raconter. Une histoire qui m’est arrivée.
Cela débute à Miami, en l’an 1990, et c’est vraiment par là que j’ai envie de commencer. Mais il est important que je vous parle des rêves que je faisais avant cette époque, car eux aussi font partie de ce récit. Je parle ici de rêves où figure un enfant vampire au visage d’ange et à l’esprit de femme, d’un rêve aussi concernant mon ami mortel David Talbot.
Il y avait aussi des rêves de mon enfance en France, à l’époque où j’étais encore un mortel : pleins de neiges hivernales, du sinistre château en ruine que mon père possédait en Auvergne, et de ce jour où je m’en étais allé chasser une meute de loups qui faisaient des ravages dans notre pauvre village.
Les rêves peuvent être aussi réels que la vie. C’est du moins ce qu’il m’a paru après coup. »
Extrait de : A. Rice. « Le Voleur de Corps – Chronique des vampires. »
Spartacus par H. Fast

Fiche de Spartacus
Titre : Spartacus
Auteur : H. Fast
Date de parution : 1960
Traduction : J. Rosenthal
Editeur : L’Atalante
Première page de Spartacus
« On rapporte que, dès le milieu du mois de mars, la grand-route qui mène de Rome, la Ville Éternelle, à la cité, plus petite certes, mais guère moins ravissante, de Capoue, fut réouverte à la circulation ; ce qui ne veut point dire que le trafic y reprit aussitôt son volume habituel. Il faut bien en convenir, durant ces quatre dernières années, nulle route de la république n’avait connu ce flux paisible de voyageurs et de marchandises qu’on pouvait s’attendre à y rencontrer. Ce n’étaient partout que perturbations plus ou moins graves et l’on pourrait affirmer sans exagération que la route de Rome à Capoue offrait une image assez exacte de cet état de choses. On a dit non sans raison que la situation à Rome dépend de celle des routes : si les routes connaissent la paix et la prospérité, ainsi en va-t-il de la ville.
On afficha donc aux quatre coins de Rome que tout citoyen libre ayant affaire à Capoue était autorisé à s’y rendre en voyage d’affaires, mais on n’encourageait pas pour le moment les voyages d’agrément vers cette charmante station. »
Extrait de : H. Fast. « Spartacus. »
Les immortels par James E. Gunn

Fiche de Les immortels
Titre : Les immortels
Auteur : James E. Gunn
Date de parution : 1962
Traduction : M. Rosenthal
Editeur : Le Masque
Première page de Les immortels
« Le jeune homme était allongé sur la table d’hôpital capitonnée. Son bras gauche nu, musclé et hâlé, était sur la tablette à côté. La bande large et plate d’un sphygmomètre serrait son biceps. La face interne de son coude, où les veines traçaient des méandres bleus, avait été lavée à l’eau et au savon, frottée d’alcool, tachée de brun avec de l’iode.
Du regard, il suivait l’efficacité rapide de la technicienne, dont les mouvements étaient aussi nets que sa blouse blanche.
Elle ouvrit la porte de gauche du vieil et immense réfrigérateur, prit un flacon brun sur la deuxième étagère. Au bas du flacon se trouvait une poignée, fixée par une bande métallique. Maintenant, elle était relevée. Au-dessous de la poignée frémissaient deux centimètres de citrate de soude. Le reste était du vide. »
Extrait de : J. E. Gunn. « Les immortels. »
L’holocauste par James E. Gunn

Fiche de L’holocauste
Titre : L’holocauste
Auteur : James E. Gunn
Date de parution : 1973
Traduction : M. Rosenthal
Editeur : Le Masque
Première page de L’holocauste
« Lorsque le cauchemar commença, il était encore à huit kilomètres du campus. Aussi longtemps qu’il vivrait, ce serait pour lui LE CAUCHEMAR, dont le souvenir l’envahissait dès qu’il n’était plus sur ses gardes. Cependant, à ce moment-là, son espérance de vie était brève.
L’incendie de la faculté de droit donna le signal. Les bâtiments étaient vieux, très secs. Ils brûlèrent avec alacrité ; les flammes bondissaient et dansaient sur la colline comme des démons impitoyables, poignardant la nuit, peignant les autres bâtiments avec des doigts couleur de sang.
Il y a eu un accident, pensa-t-il en accélérant. Le vieux moteur montra de la bonne volonté ; la Ford ’79 avança.
Un instant plus tard il comprit que les autres bâtiments flambaient aussi ; les doigts rougeoyants étaient les leurs.
Lorsqu’il atteignit la ville, la colline était un gigantesque brasier sous lequel elle s’étendait, baignée de lueurs maussades, ponctuées des ombres et des flammes d’un village des Enfers. »
Extrait de : J. E. Gunn. « L’holocauste. »
L’univers en folie par F. Brown

Fiche de L’univers en folie
Titre : L’univers en folie
Auteur : F. Brown
Date de parution : 1949
Traduction : J. Rosenthal, T. Day
Editeur : Gallimard
Première page de L’univers en folie
« Et il y eut un grand éclair…
Le premier lancement de fusée vers la Lune eut lieu en 1954 et se solda par un échec. Sans doute à cause d’un défaut de conception, la fusée retomba sur la Terre, tuant une douzaine de personnes. Afin de rendre possible l’observation de son arrivée sur la Lune depuis la surface de la Terre, la fusée était munie, non pas d’une charge explosive mais d’un accumulateur Burton capable de fonctionner tout au long du voyage à travers l’espace, et d’y accumuler »
« un formidable potentiel électrique qui, au contact du sol lunaire, devait se décharger en produisant un éclair plusieurs milliers de fois plus brillant que celui de la foudre, d’une force destructrice plusieurs milliers de fois supérieure.
Par bonheur, la fusée retomba dans une zone faiblement peuplée des monts Catskill, dans la propriété d’un magnat de la presse. Celui-ci, sa femme, deux invités et huit domestiques furent tués par la décharge électrique qui anéantit totalement la maison et abattit les arbres dans un périmètre de quatre cents mètres. Onze corps seulement furent retrouvés. On supposa alors qu’un des deux invités, un journaliste, se trouvait si près du centre de la déflagration que son corps fut complètement désintégré. »
Extrait de : F. Brown. « L’univers en folie. »
Ca ne se refuse pas par F. Brown

Fiche de Ca ne se refuse pas
Titre : Ca ne se refuse pas
Auteur : F. Brown
Date de parution : 1963
Traduction : J. Rosenthal
Editeur : Gallimard
Première page de Ca ne se refuse pas
« 17 heures
Il avait un nom, mais personne ne le connaissait. Tout le monde l’appelait le monstre, depuis son second meurtre, il y avait deux mois de cela. Au début, on l’avait désigné de diverses façons : “Le tueur qui viole ses victimes”, “le fou criminel”, etc. Pour simplifier, c’était devenu le Monstre, et la police, qui avait pourtant remué ciel et terre pour lui trouver un nom comme Peter Jones ou Robert Smith, et l’appréhender avant qu’il ne frappe encore, l’appelait comme ça aussi.
Et voilà que ce soir l’Envie le reprenait. L’envie de violer et de tuer une femme.
Tapi dans le couloir d’un immeuble, devant une porte, il fermait et ouvrait spasmodiquement les mains sous l’effet de la tension nerveuse. Des mains d’une force redoutable, des mains d’étrangleur qui avaient déjà tué une fois et qui, si tout se passait bien, allaient tuer encore. Il se força à garder les doigts immobiles. Bien sûr, ici, en ce moment, ça n’avait pas d’importance. Personne ne l’observait. Mais ça devenait un tic dont il devait se défaire. Un jour, il s’oublierait en public, et les gens se poseraient des questions. Des questions qui en amèneraient d’autres, en chaîne ; car dans cette ville maintenant tout le monde guettait son voisin, avec méfiance, à l’affût de petits indices comme celui-là. »
Extrait de : F. Brown. « Ça ne se refuse pas. »
Planète à gogos par F. Pohl et C. M. Kornbluth

Fiche de Planète à gogos
Titre : Planètes à gogos (Tome 1 sur 2 – Les gogos)
Auteur : F. Pohl et C. M. Kornbluth
Date de parution : 1953
Traduction : J. Rosenthal
Editeur : Denoël
Première page de Planète à gogos
« Tout en m’habillant ce matin-là, je repassais dans ma tête la longue liste de statistiques, d’échappatoires et d’exagérations qu’on s’attendrait à trouver dans mon rapport. Dans mon service, la Production, nous avions eu une série de maladies et de démissions, et il est quand même difficile que le travail soit fait quand le personnel manque pour cela. Mais le conseil d’administration n’accepterait probablement pas cette excuse.
Je me frottai le visage au savon épilatoire et me rinçai à l’eau douce. C’était du gaspillage, bien sûr, mais après tout je paie des impôts, et puis l’eau salée me laisse toujours une sensation de démangeaison. Je n’avais pas tout à fait fini de me rincer la figure que le filet d’eau s’arrêtait de couler ; je jurai sous cape et dus terminer à l’eau salée. »
Extrait de : F. Pohl et C. M. Kornbluth. « Les gogos – Planète à gogos. »
Le pêcheur par C. D. Simak

Fiche de Le pêcheur
Titre : Le pêcheur
Auteur : C. D. Simak
Date de parution : 1961
Traduction : J. Rosenthal
Editeur : J’ai lu
Première page de Le pêcheur
« LA FUITE
Vint enfin le moment où l’Homme fut prêt à admettre que l’espace lui était interdit. Pour la première fois, il avait soupçonné le fait, le jour où Van Allen avait découvert les ceintures de radiations qui encerclaient la Terre, lorsque les techniciens du Minnesota capturaient les protons solaires au moyen de ballons. Mais l’Homme s’était nourri si longtemps de ses rêves que, mis en face de la brutale réalité, il ne put se résoudre à les voir disparaître sans tenter un dernier effort.
C’est ainsi qu’il poursuivit ses essais et persévéra dans ses tentatives, même après que des astronautes furent morts pour en prouver la futilité. L’Homme était trop fragile pour affronter l’espace. Il mourait trop facilement. Il succombait, soit aux radiations primaires jaillies du soleil, soit aux radiations secondaires auxquelles le métal de son vaisseau donnait naissance. »
Extrait de : C. D. Simak. « Le pêcheur. »
Demain les chiens par C. D. Simak

Fiche de Demain les chiens
Titre : Demain les chiens
Auteur : C. D. Simak
Date de parution : 1952
Traduction : J. Rosenthal
Editeur : J’ai lu
Première page de Demain les chiens
« LA CITE
Grand-père Stevens, assis dans un fauteuil de jardin, regardait travailler la tondeuse, tout en laissant la douce tiédeur du soleil pénétrer jusque dans ses os. La tondeuse parvint au bord de la pelouse, eut un petit gloussement de poule satisfaite, prit un virage impeccable et repartit tondre une nouvelle bande de gazon. Le sac où s’amassaient les brins coupés se gonflait.
Soudain, la tondeuse s’arrêta avec un cliquetis excité. Un panneau s’ouvrit sur son flanc et un bras en forme de grue en émergea. Des doigts d’acier raclèrent l’herbe, remontèrent en brandissant triomphalement une pierre qu’ils abandonnèrent dans un petit réceptacle, puis disparurent à nouveau dans le panneau. »
Extrait de : C. D. Simak. « Demain les chiens. »