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Revivre encore par R. Silverberg

Fiche de Revivre encore

Titre : Revivre encore
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1969
Traduction : A. Rosenblum
Editeur : Pocket

Première page de Revivre encore

« LA lamaserie se dressait à pic en haut de la falaise, au bout de la Porte d’Or[2] donnant vers Marin County. Pris d’une légère crampe dans le mollet gauche, John Roditis descendit de voiture près de l’aire du péage et, tout en s’étirant et se dégourdissant les jambes, il regarda de l’autre côté de l’eau le bâtiment d’un jaune lumineux, sans fenêtres, aux proportions élégantes, d’une ineffable sainteté comme une source de bon karma. La journée était extraordinairement torride. Une vague de chaleur inhabituelle s’était abattue sur San Francisco pendant les quatre jours de la visite de Roditis. Les périodes brûlantes au sens psychologique du terme ne le gênaient pas ; c’était le climat idéal pour lui, en fait. Par contre, quand la chaleur se présentait non comme un élément de métaphore mais comme un œil d’or ardent qui flamboyait du haut du ciel, il rêvait de pouvoir mettre en marche le conditionneur d’air. »

Extrait de : R. Silverberg. « Revivre encore. »

Retour de R. Silverberg

Fiche de Retour

Titre : Retour
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1984
Traduction : C. Fargeot
Editeur : Denoël

Sommaire de Retour

  • Retour par R. Silverberg
  • La génération finale par C. D. Simak

Première page de Retour

« McCulloch commençait à muer. La sensation, inéluctable et indiscutable, l’horrifia : il avait exactement l’impression que son corps allait se fendre en deux – ce qui était le cas – et pourtant la sensation était en même temps familière, attendue, bienvenue. Une souffrance aiguë, nauséeuse, le traversait par vagues. S’enfonçant profondément dans le lit sableux, il agita ses grandes pinces devant lui, battit de sa queue plate le fin sable blanc, gratta frénétiquement de ses huit pattes, avec des mouvements rapides et inquiets.
Il avait peur. Il était calme. Il n’avait aucune idée de ce qui allait lui arriver. Il avait déjà connu cela des centaines de fois auparavant.
Le prodrome de la mue, avec une force dévastatrice, chassa de son esprit toute question et, après un moment, toute peur. Un trait de chaleur incandescent courut le long de son dos – non, de sa carapace –, d’un point situé juste derrière sa tête jusqu’aux premiers segments, brûlants, de sa queue en éventail. Il imagina que toute la puissance du soleil, focalisée par quelque lentille géante »

Extrait de : R. Silverberg. « Retour. »

Résurrections par R. Silverberg

Fiche de Résurrections

Titre : Résurrections
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1972
Traduction : G. Colson
Editeur : Marabout

Première page de Résurrections

« Ce matin-là, James Harker ne s’attendait à rien d’extraordinaire. Six mois s’étaient écoulés depuis les élections et ces six mois de sacrifices quotidiens lui avaient appris à ne rien attendre d’extraordinaire. Il en était revenu à son cabinet juridique qui le dissimulait sous un anonymat tel qu’il n’en avait plus connu depuis ses vingt ans ; le poste de gouverneur et tout l’appareil du pouvoir n’étaient plus maintenant que de beaux souvenirs qui s’estompaient de mois en mois.
Bien. Préparons-nous à la matinée d’un ex-gouverneur. Il y avait du pain sur la planche. L’audience pour l’affaire de la Fondation Bryant était fixée au jeudi suivant et Harker devait mettre son dossier en ordre. Une bien triste cause où les plaignants ne méritaient que le plus profond mépris : le pauvre  »

Extrait de : R. Silverberg. « Résurrections. »

Pavane au fil du temps par R. Silverberg

Fiche de Pavane au fil du temps

Titre : Pavane au fil du temps
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1989
Traduction : P. K. Rey
Editeur : J’ai lu

Sommaire de Pavane au fil du temps

  • Le temple de gloire de la science-fiction
  • Les habitués
  • L’apogée de la courbe en cloche
  • Idylle
  • Pas notre frère
  • Contre Babylone
  • Dans les crocs de l’entropie
  • Amanda et l’extraterrestre
  • Multiples
  • Une aiguille dans une meule de temps
  • Pavane au fil du temps

Première page de Le temple de gloire de la science-fiction

« Lorsque je le vis surgir du Projectorium, j’aperçus dans le lointain regard de ses yeux gris le spectre de la terreur et du renoncement. Ses épaules s’affaissaient comme sous le poids d’un terrible fardeau ; je ne me souvenais pas l’avoir jamais vu auparavant trahir ainsi le moindre abandon au désespoir, mais pour l’heure le spectacle de sa totale capitulation me glaçait les sangs. D’une main tremblante, il me tendit un ruban de données de couleur jaune, sur lequel étaient tracés en rouge les mystérieux symboles de la mathématique cosmique.
— Ce n’est plus la peine, bredouilla-t-il. Ça ne sert vraiment plus à rien de nous acharner encore à nous battre !
— De quoi veux-tu… ?
— Cette nuit, dit-il d’une voix enrouée par l’émotion, l’univers va s’enfoncer irrémédiablement dans les limbes du point zéro ! »

Extrait de : R. Silverberg. « Pavane au fil du temps. »

Opération pendule par R. Silverberg

Fiche d’Opération pendule

Titre : Opération pendule
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1987
Traduction : F. Kerline
Editeur : J’ai lu

Première page d’Opération pendule

« Eric — 5 minutes
 
La translation le frappa comme un direct à l’estomac. Il dut lutter pour ne pas se plier en deux en toussant et en vomissant. Il avait le vertige, aussi, et ses jambes semblaient vouloir s’envoler vers le plafond. Mais cette sensation ne dura qu’une fraction de seconde. Il fut vite remis d’aplomb.
Il était encore dans le laboratoire, debout en face de lui-même. En face de Sean, aussi. Jumeau et jumeau. Sean et l’autre version de lui-même étaient assis côte à côte, sur la plate-forme expérimentale, dans leurs étranges petits fauteuils de métal à trois pattes, attendant que ça commence.
Dans cinq minutes, le couplage de singularité prendrait vie et la force de translation les emporterait. Et ils feraient la navette entre le trou noir et le trou blanc à une vitesse infinie, jusqu’à ce qu’ils soient expulsés par la porte du temps. Mais, dans l’immédiat, émerveillés et étonnés, ils contemplaient l’autre Eric, Eric 2, celui qui venait de jaillir ex nihilo du mystérieux puits du temps. »

Extrait de : R. Silverberg. « Opération Pendule. »

Opération Ganymède par R. Silverberg

Fiche d’Opération Ganymède

Titre : Opération Ganymède
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1958
Traduction : A. Arnaut-Kabou
Editeur : Fleuve Noir

Première page d’Opération Ganymède

« Ç’avait été une nuit d’enfer. Pour rien au monde, Ted Kennedy n’aurait voulu revivre l’horrible cauchemar qui l’avait harcelé jusqu’au petit matin. Tel un animal piégé, il s’était inlassablement tourné et retourné dans son lit, cherchant une position confortable, une issue, jusqu’à ce que la sonnerie du réveil le tire brutalement de son sommeil. Affolé, il se redressa vivement, dans une sorte de grognement plaintif, avec l’impression pénible qu’on lui avait broyé le cerveau.
La gorge sèche, la peau moite, il resta un moment au bord du lit à frotter ses lourdes paupières, luttant contre une furieuse envie de se recoucher. »

Extrait de : R. Silverberg. « Opération Ganymède. »

Né avec les morts par R. Silverberg

Fiche de Né avec les morts

Titre : Né avec les morts
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 2006
Traduction : J. Chambon, A. Dorémieux, C. Fargeot, J.-P. Pugi
Editeur : Gallimard

Sommaire de Né avec les morts

  • La vallée hors du temps
  • Partir
  • Thomas le proclamateur
  • Né avec les morts

Première page de La vallée hors du temps

« Sam Thornhill n’avait jamais trouvé la Vallée aussi belle. Des nuages laiteux partis à la dérive s’étaient immobilisés au-dessus des deux pics vertigineux de roche purpurine qui la délimitaient et en condamnaient l’accès. Les soleils brillaient dans le ciel, l’un rouge clair et démesuré et l’autre plus lointain d’un bleu très soutenu ; et leurs rayons s’interpénétraient pour nimber d’un halo violine les arbres, les halliers et le fleuve dont les flots s’éloignaient rapidement en direction de la barrière.
La matinée tirait à sa fin et tout était ici parfait. Thornhill, une silhouette râblée en pourpoint et tunique de tissatin bleu nuit rehaussée de garnitures orangées, ressentait une vive satisfaction. Il s’intéressait à la jeune femme et à l’homme qui gravissaient le chemin tortueux en se demandant qui étaient ces intrus et ce qu’ils lui voulaient. »

Extrait de : R. Silverberg. « Né avec les morts. »

Lettres de l’Atlantide par R. Silverberg

Fiche de Lettres de l’Atlantide

Titre : Lettres de l’Atlantide
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1990
Traduction : F. Lasaygues
Editeur : J’ai lu

Première page de Lettres de l’Atlantide

« Le Prince dort maintenant. Sans doute est-il en train de rêver de l’île verte et dorée d’Athilan, de ses palais de marbre, de ses temples étincelants. C’est à son insu que j’ai emprunté son corps – son robuste bras droit – afin de pouvoir écrire cette lettre.
Voici :
D’un endroit que je suppose être la Bretagne ou la Normandie, en cette soirée que je crois être celle du Noël de l’an 18.862 avant J.-C., bien le bonjour ma chère Lora, et joyeuses Fêtes !
(Est-ce que ce mot arrivera jusqu’à toi, au cœur de cette froide terre orientale qui portera un jour le nom de Pologne ou de Russie ? Moins d’une chance sur deux, j’imagine, et cela bien que nous nous trouvions tous deux dans la même année préhistorique. Car tout un continent nous sépare. Avec les moyens de transport qu’on a ici, autant dire que nous sommes dans des mondes différents. Je ferai en sorte que le Prince glisse cette lettre dans la valise diplomatique qui part la semaine prochaine. »

Extrait de : R. Silverberg. « Lettres de l’Atlantide. »

Les royaumes du mur par R. Silverberg

Fiche de Les royaumes du mur

Titre : Les royaumes du mur
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1992
Traduction : P. Berthon
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les royaumes du mur

« Voici le livre de Poilar Bancroche, qui a atteint le toit du Monde, au faîte du Mur, qui a vu les dieux étranges et déconcertants qui y ont établi leur demeure, qui les a affrontés et s’en est revenu, riche du savoir des mystères de la vie et de la mort. Voici le récit de ce que j’ai vécu, voici ce que j’ai appris et que je dois vous enseigner pour le bien de votre âme. Écoutez et souvenez-vous.
Si vous êtes de mon village, vous me connaissez. Mais je souhaite que l’histoire que je m’apprête à conter soit entendue et comprise bien au-delà des limites de notre village. Sachez donc que mon père s’appelait Gabrian, fils de Drok, que ma Maison est la Maison du Mur et que, dans cette Maison, mon clan est le clan du Mur. Je suis, comme vous le voyez, de noble ascendance.
Les souvenirs que j’ai gardés de mon père sont très lointains, car il est parti pour le Pèlerinage quand je n’étais encore qu’un petit garçon et n’en est jamais revenu. Les seules images qu’il m’a laissées »

Extrait de : R. Silverberg. « Les Royaumes du Mur. »

Les profondeurs de la terre par R. Silverberg

Fiche de Les profondeurs de la terre

Titre : Les profondeurs de la terre
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1971
Traduction : J. Guiod
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les profondeurs de la terre

« Il était finalement sur la Terre de Holman. Il ne savait d’ailleurs pas trop pourquoi. Peut-être à cause d’une attirance irrésistible ; peut-être par sentimentalité ; ou peut-être même sur un coup de tête. Gundersen n’avait jamais envisagé de revenir sur cette planète. Et pourtant, il était là, debout devant l’écran panoramique, attendant l’atterrissage, contemplant la sphère qui était assez proche pour qu’il pût la prendre et l’écraser dans sa main. Un monde légèrement plus gros que la Terre, un monde qui lui avait pris les dix plus belles années de sa vie, un monde où il avait appris sur lui-même des choses qu’il aurait préféré ne pas connaître. Les lampes rouges du promenoir s’étaient mises à clignoter. Le vaisseau allait se poser. En dépit de tout, Gundersen était de retour.
Il vit les voiles de brume qui couvraient les zones tempérées, les immenses calottes polaires et la ceinture bleu-noir des tropiques embrasés. Il se souvint d’avoir traversé la Mer de Poussière aux lueurs du crépuscule ardent ; il se souvint d’avoir descendu, en un voyage sinistre et silencieux, une rivière que recouvrait une voûte de feuilles frissonnantes, effilées comme des poignards. »

Extrait de : R. Silverberg. « Les profondeurs de la terre. »