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La semence de la Terre par R. Silverberg
Fiche de La semence de la Terre
Titre : La semence de la Terre
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1962
Traduction : E. Chedaille
Editeur : Le Masque
Première page de La semence de la Terre
« C’était une chaude et lumineuse journée. Le ciel était pur, et la température avoisinait vingt degrés. Pour New York, une journée d’octobre absolument parfaite qui ne nécessiterait aucune intervention du Service de Contrôle météo. À la station de Scardale, des techniciens au visage maussade s’envolaient pour le Wisconsin où un front froid dévalait du Canada. À trente mille kilomètres au-dessus de Fond du Lac, un satellite leur envoyait en permanence des informations. En Australie, d’autres techniciens allaient procéder à la mise à feu d’un vaisseau spatial. Cent colons partaient la mort dans l’âme pour un monde lointain. À Chicago, où le courrier du matin venait d’être distribué, un fils de famille fixait avec horreur une feuille de papier bleu. À Londres, où le facteur était passé quelques heures plus tôt, une jeune vendeuse avait le visage défait. Elle aussi venait de recevoir un avis du Bureau de la Colonisation. »
Extrait de : R. Silverberg. « La Semence de la Terre. »
La porte des mondes par R. Silverberg
Fiche de La porte des mondes
Titre : La porte des mondes
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1967
Traduction : A. Saumont
Editeur : Pocket
Première page de La porte des mondes
« À TRAVERS L’OCÉAN
Bientôt, sûrement – d’ici l’année 1980, peut-être – on aura fini d’inventer les machines volantes et il faudra seulement deux jours pour traverser l’océan, à la façon des oiseaux. Mais en cet an de grâce 1963 dont je voudrais parler, un tel exploit était encore chimérique. Et c’est tout simplement en bateau que je me suis rendu au Nouveau Monde.
Ce fut, sur une mer agitée, une longue traversée, et j’en garde un fort mauvais souvenir. Mais avant de gémir et me plaindre je veux d’abord vous parler de moi. Je ne suis pas du tout certain que cet ouvrage trouve jamais un lecteur. À part moi, bien sûr. Je l’écris donc pour moi, et j’espère par là y voir plus clair dans ce qui m’est arrivé durant mon séjour aux Hespérides. Mais qui sait ? Supposons que j’écrive ici un livre qui devienne célèbre dans le monde entier, qu’on traduise en toutes les langues, même en turc et en arabe. Si cela devait arriver, il est préférable qu’on sache tout de suite qui je suis. »
Extrait de : R. Silverberg. « La Porte des Mondes. »
La porte des mondes – l’intégrale par R. Silverberg, J. Brunner et C. Q. Yarbro
Fiche de La porte des mondes – l’intégrale
Titre : La porte des mondes – l’intégrale
Auteur : R. Silverberg, J. Brunner et C. Q. Yarbro
Date de parution : 2015
Traduction : H. Collon, L. Dupra
Editeur : Mnémos
Sommaire de La porte des mondes – l’intégrale
- La porte des mondes
- Tombouctou à l’heure du Lion
- Sous le signe de la rose
- L’exaltation des araignées
Première page de La porte des mondes – l’intégrale
« À TRAVERS L’OCÉAN
Bientôt, sûrement – d’ici l’année 1980, peut-être – on aura fini d’inventer les machines volantes et il faudra seulement deux jours pour traverser l’océan, à la façon des oiseaux. Mais en cet an de grâce 1963 dont je voudrais parler, un tel exploit était encore chimérique. Et c’est tout simplement en bateau que je me suis rendu au Nouveau Monde.
Ce fut, sur une mer agitée, une longue traversée, et j’en garde un fort mauvais souvenir. Mais avant de gémir et me plaindre je veux d’abord vous parler de moi. Je ne suis pas du tout certain que cet ouvrage trouve jamais un lecteur. À part moi, bien sûr. Je l’écris donc pour moi, et j’espère par là y voir plus clair dans ce qui m’est arrivé durant mon séjour aux Hespérides. Mais qui sait ? Supposons que j’écrive ici un livre qui devienne célèbre dans le monde entier, qu’on traduise en toutes les langues, même en turc et en arabe. Si cela devait arriver, il est préférable qu’on sache tout de suite qui je suis. »
Extrait de : R. Silverberg, J. Brunner et C. Q. Yarbro. « La Porte des mondes – intégrale. »
La guerre du froid par R. Silverberg
Fiche de La guerre du froid
Titre : La guerre du froid
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1964
Traduction : J.-C. Deret
Editeur : Le livre de poche
Première page de La guerre du froid
« LA CITÉ SOUS LA GLACE
Le jour – ou, du moins, ce qui passait pour le jour dans la cité souterraine de New York – était déjà bien avancé. De pâles lumières brillaient dans les couloirs du niveau C. Des silhouettes se déplaçaient lentement le long de l’interminable vestibule. À cette heure-là, la plupart des New Yorkais s’installaient pour une confortable soirée.
Jim Barnes s’arrêta devant une porte épaisse, dans la section résidentielle du niveau C, et frappa vivement de son index replié. Il attendit un bon moment, fourrageant de la main à travers son épaisse chevelure rouge clair. Puis la porte s’ouvrit et un petit homme trapu apparut. C’était Ted Callison, le propriétaire de la chambre. »
Extrait de : R. Silverberg. « La guerre du froid. »
La fête de St Dionysos par R. Silverberg
Fiche de La fête de St Dionysos
Titre : La fête de St Dionysos
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1980
Traduction : S. Baker
Editeur : Jean Claude Lattès
Sommaire de La fête de St Dionysos
- La route morte
- Groupe
- Breckenridge et le continuum
- La maison des doubles esprits
- Destination fin du monde
- La fête de St Dionysos
Première page de La route morte
« Mollement étendu avec Ombre sur les épaisses fourrures de la douillette cabine des passagers, Feuille comprit que son repos tirait déjà à sa fin ; la pluie battait les flancs de l’aéro-char, et si cette pluie était bien celle qu’il craignait, il allait devoir reprendre les rênes.
Cela faisait neuf jours que la Dent avait entrepris de dévaster les provinces orientales. Fuyant le féroce appétit des envahisseurs, ils étaient quatre à bord de l’aéro-char qui flottait le long de la Route de l’Araignée quelque part entre Theptis et la Côte du Scandinave, filant vers l’ouest, aussi vite que possible. Le petit Moustique tenait les rênes magnétiques, il était le guide-songe, commandant à l’attelage des six cavales de la nuit qui tiraient le char ; dans la cabine centrale, le massif Airain devait – comme à l’accoutumé – ressasser son plan de vengeance contre la Dent. Feuille et Ombre profitaient donc de quelques instants de répit, quelques instants seulement, hélas ! »
Extrait de : R. Silverberg. « La fête de Saint-Dionysos. »
La face des eaux par R. Silverberg
Fiche de La face des eaux
Titre : La face des eaux
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1991
Traduction : P. Berthon
Editeur : Le livre de poche
Première page de La face des eaux
« Il y avait du bleu au-dessus et un bleu d’une autre nuance au-dessous, deux immensités vides et inaccessibles, et le navire semblait presque flotter, suspendu entre les deux immensités bleues, sans les toucher, totalement immobile, encalminé. Mais, en réalité, il était bien à sa place, sur l’eau et non au-dessus, et il suivait sa route. Depuis quatre nuits et quatre jours, il voguait vers le large, s’éloignant inexorablement de Sorve, s’enfonçant dans les étendues inexplorées de l’océan.
Quand, au matin du cinquième jour, Valben Lawler monta sur le pont du navire de tête, il vit des centaines de longs museaux argentés qui sortaient de l’eau de tous côtés. C’était nouveau. Le temps, lui aussi, avait changé : le vent était tombé et la mer était calme, une mer d’huile, mais qui semblait avoir une qualité étrangement électrique, potentiellement explosive. Les voiles étaient flasques et les cordages pendaient mollement. Une écharpe de brume barrait le ciel d’un mince trait gris, comme quelque envahisseur venu du bout du monde. Grand, mince, dans la force de l’âge, Lawler avait un corps d’athlète, musclé et gracieux. Il regarda en souriant les étranges créatures entourant le navire, dont la laideur était telle[…] »
Extrait de : R. Silverberg. « La Face des eaux. »
L’oreille interne par R. Silverberg
Fiche de L’oreille interne
Titre : L’oreille interne
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1972
Traduction : G. Abadia
Editeur : Gallimard
Première page de L’oreille interne
« Donc, il faut que je descende à la fac pour essayer de gratter à nouveau quelques dollars. Il ne m’en faut pas tellement pour vivre – 200 par mois font parfaitement l’affaire – mais les fonds sont en baisse, et je n’ose plus emprunter à ma frangine. Bientôt, les étudiants auront besoin de remettre leur premier devoir du semestre, et ça rapporte toujours. Le cerveau fatigué, érodé, de David Selig est une fois de plus à louer. Je devrais me faire au moins 75 dollars par cette matinée dorée d’octobre. L’air est sec et limpide. Une zone de haute pression recouvre la ville de New York, d’où l’humidité et la brume sont bannies. Par un tel temps, mes pouvoirs déclinants font encore merveille. Allons-y donc sans plus attendre, toi et moi, tandis que le matin s’étale dans le ciel. Direction Broadway-IRT. Préparez vos jetons, s’il vous plaît.
Toi et moi. De qui donc est-ce que je parle ? Je vais seul en ville après tout. Toi et moi.
Naturellement, je parle de moi et de cette créature qui vit en moi, tapie sournoisement dans son antre, épiant les mortels qui ne se doutent de rien. »
Extrait de : R. Silverberg. « L’oreille interne. »
L’homme stochastique par R. Silverberg
Fiche de L’homme stochastique
Titre : L’homme stochastique
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1975
Traduction : R. Lathière
Editeur : J’ai lu
Première page de L’homme stochastique
« Nous venons au monde par accident pour figurer dans un univers qui résulte du pur hasard. Nos vies sont déterminées par des combinaisons de gènes entièrement fortuites. Tout ce qui arrive n’est que le produit du hasard. Les concepts de cause et d’effet sont trompeurs. Il n’y a là que causes apparentes conduisant à des effets apparents. Comme rien ne procède de rien, nous nageons chaque jour dans un océan de chaos. Rien ne saurait être prévisible, pas même les événements de l’instant qui va suivre.
Partagez-vous ce point de vue ?
Si oui, je vous plains, car votre existence doit être bien sombre et bien terrifiante.
Il fut un temps, je crois, où j’ai admis quelque chose d’analogue. J’atteignais alors mes seize ans et le monde me semblait hostile, incompréhensible. Oui, j’ai cru que l’univers était comme un gigantesque jeu de dés, sans but ni schéma rigoureux, dans lequel nous autres, pauvres mortels, faisions intervenir la réconfortante notion de causalité à seule fin de préserver notre raison si fragile. »
Extrait de : R. Silverberg. « L’homme stochastique. »
L’homme programmé par R. Silverberg
Fiche de L’homme programmé
Titre : L’homme programmé
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1972
Traduction : B. Martin
Editeur : Pocket
Première page de L’homme programmé
« MÊME la rue paraissait anormale sous ses pieds. Le revêtement avait quelque chose de curieusement élastique, il cédait trop. Comme si l’on avait changé la composition de l’asphalte durant ses quatre années de difficultés. Quelque chose de futuriste, le trottoir modèle 2011, souple et étrange. Mais non. Le trottoir paraissait le même. C’était lui qui était quelque chose de nouveau. Comme si en le transformant ils avaient du même coup changé sa démarche, le mouvement de ses genoux, l’articulation de ses hanches. Maintenant, il manquait de sûreté dans sa marche. Il ne savait plus s’il devait poser d’abord la pointe ou le talon. Chaque pas était une aventure, une découverte. Il se sentait maladroit et incertain dans son propre corps.
Mais était-ce bien son corps ? Jusqu’où au juste allaient les gens de la Réhab quand ils reconstruisaient votre existence ? Peut-être une transplantation mentale totale. Extraire la vieille matière grise, y faire passer une décharge de courant, la replâtrer dans un corps tout neuf en attente. »
Extrait de : R. Silverberg. « L’homme programmé. »
L’homme dans le labyrinthe par R. Silverberg
Fiche de L’homme dans le labyrinthe
Titre : L’homme dans le labyrinthe
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1968
Traduction : M. Rivelin
Editeur : ??
Première page de L’homme dans le labyrinthe
« Muller vivait depuis neuf ans dans le labyrinthe. Maintenant il le connaissait bien. Il savait ses pièges, ses méandres, ses embranchements trompeurs, ses trappes mortelles. Depuis le temps, il avait fini par se familiariser avec cet édifice de la dimension d’une ville, sinon avec la situation qui l’avait conduit à y chercher refuge.
Il continuait néanmoins à se déplacer prudemment. À trois ou quatre occasions déjà, il s’était rendu compte que sa connaissance des lieux, quoique pratique et relativement exacte, était encore incomplète. Plus d’une fois il s’était trouvé au point d’extrême limite, se reculant juste à temps, grâce à un réflexe heureux, pour éviter le jet d’énergie brute barrant soudainement son chemin. Il avait noté ce piège, ainsi qu’une cinquantaine d’autres ; mais dans ses errements à travers le labyrinthe il savait que rien ne pouvait lui certifier qu’il n’en rencontrerait pas un autre jusqu’alors caché et inconnu. »
Extrait de : R. Silverberg. « L’Homme dans le labyrinthe. »