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Terreur par D. Simmons

Fiche de Terreur

Titre : Terreur
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2007
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Pocket

Première page de Terreur

« En montant sur le pont, le capitaine Crozier découvre que son navire est assiégé par des spectres célestes. Au-dessus de lui – au-dessus du Terror –, des plis de lumière chatoyante plongent puis se dérobent en hâte, tels les bras multicolores de fantômes agressifs mais au bout du compte hésitants. Des doigts osseux d’ectoplasme se tendent vers le bateau, s’écartent, font mine de se refermer puis se retirent.

La température a atteint -45 °C et descend à toute allure. Du fait de la brume qui s’est levée plus tôt, durant la petite heure de pauvre crépuscule à quoi se réduit la journée, les trois mâts raccourcis – on a démonté et rangé les mâts de hune, les perroquets, ainsi que les espars et les gréements supérieurs, afin de prévenir tout risque de chavirage et de chute de glace – se dressent tels des arbres étêtés et ébranchés sans ménagements, reflétant l’aurore boréale qui danse d’un horizon entraperçu à l’autre. »

Extrait de : D. Simmons. « Terreur. »

Les larmes d’Icare par D. Simmons

Fiche de Les larmes d’Icare

Titre : Les larmes d’Icare
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1989
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Gallimard

Première page de Les larmes d’Icare

« Laissant le clair de lune derrière lui, le vol 001 de la Pan Am plongea dans la masse sombre des nuages pour entamer sa descente vers New Delhi. Baedecker jeta un coup d’œil par le hublot de bâbord et sentit l’attraction terrestre s’exercer sur lui, accentuant son angoisse d’ancien pilote réduit en cet instant crucial à l’état de simple passager. Le train d’atterrissage toucha le tarmac en douceur et Baedecker consulta sa montre. 3 h 47 heure locale. Son regard glissa vers l’aile, et des particules de douleur dansèrent dans son crâne lorsqu’il vit défiler derrière les feux de position les immeubles et les châteaux d’eau découpés en ombres chinoises. Le lourd 747 obliqua brusquement sur la droite pour se diriger vers son aire de stationnement. »

Extrait de : D. Simmons. « Les larmes d’Icare. »

Les fosses d’Iverson par D. Simmons

Fiche de Les fosses d’Iverson

Titre : Les fosses d’Iverson
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1988
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Gallimard

Première page de Les fosses d’Iverson

« Nous autres Américains avons le chic pour transformer nos hauts lieux nationaux en monuments au mauvais goût et à la vulgarité. Peut-être parce que nous sommes une nation trop jeune et dépourvue du sens de l’histoire ; peut-être parce que notre territoire – à l’exception de celui des Etats confédérés – n’a jamais eu à subir un bombardement, une occupation ou une invasion (non, je ne compte pas ce que les Anglais ont fait à Washington City… rares furent les Américains qui le remarquèrent, plus rares encore ceux qui s’en soucièrent), et que le sens du sacrifice en est un peu absent.

Il existe pourtant certains hauts lieux qui résistent aux assauts de la vulgarité. Il est difficile de visiter le mémorial Lincoln durant la nuit sans se sentir dans la peau de Mr. Smith débarquant au Sénat. La première fois que j’ai visité ce lieu à minuit, j’ai été affligé durant trois jours d’un bégaiement à la James Stewart. »

Extrait de : D. Simmons. « Les Fosses d’Iverson. »

Les forbans de Cuba par D. Simmons

Fiche de Les forbans de Cuba

Titre : Les forbans de Cuba
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1999
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : J’ai lu

Première page de Les forbans de Cuba

« Il a fini par passer à l’acte le dimanche 2 juillet 1961, en Idaho, dans une maison neuve qui, je pense, ne signifiait pas grand-chose pour lui, mais avait une vue imprenable sur les sommets dominant la vallée, sur la rivière qui coulait au fond de celle-ci et, de l’autre côté, sur un cimetière où étaient enterrés certains de ses amis.

J’étais à Cuba quand j’ai appris la nouvelle. Ce qui n’était pas sans ironie, car je n’avais pas remis les pieds à Cuba depuis dix-neuf ans, depuis l’époque où je fréquentais Hemingway. Plus ironique encore, ce 2 juillet 1961 était le jour de mon quarante-neuvième anniversaire. Je l’ai passé à suivre un petit homme crasseux dans des petits bars tout aussi crasseux, puis j’ai roulé toute la nuit – toujours en filature –, tandis qu’il parcourait trois cent cinquante kilomètres en pleine campagne, au-delà du point où le train blindé de Santa Clara signale la route de Remedios. »

Extrait de : D. Simmons. « Les forbans de Cuba. »

Les feux de l’Eden par D. Simmons

Fiche de Les feux de l’Eden

Titre : Les feux de l’Eden
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1994
Traduction : M. Lebailly
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les feux de l’Eden

« D’abord, seul le vent hurle.

Le vent d’ouest a soufflé sans contrainte sur six mille kilomètres d’océan, il n’a rencontré que des vagues coiffées de blanc et quelques mouettes déroutées avant de se heurter aux escarpements de lave noire et aux rochers en forme de gargouilles qui bordent la côte sud-ouest presque déserte de la Grande île d’Hawaii. Mais en se heurtant à cet obstacle, le vent crie et hurle entre les rocs noirs, il étouffe presque le bruit constant de la houle qui s’écrase contre les falaises et le bruissement des feuilles tourmentées de la palmeraie, oasis artificielle nichée dans les culbutis de basalte.

Il y a deux sortes de laves sur ces îles et leurs noms hawaiiens les décrivent bien : la pahoehoe, plus ancienne et plus lisse, s’est durcie en faibles ondulations ou en « cordes » doucement enroulées ; l’a’a, récente et déchiquetée, aux bords coupants, s’est refroidie en tours grotesques et en gargouilles renversées. »

Extrait de : D. Simmons. « Les feux de l’Eden. »

L’épée de Darwin par D. Simmons

Fiche de L’épée de Darwin

Titre : L’épée de Darwin
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2000
Traduction : G. Abadia
Editeur : Gallimard

Première page de L’épée de Darwin

« Le téléphone sonna quelques minutes après 4 heures du matin.

– Toi qui aimes les accidents, Dar, il faudrait que tu voies celui-là.

– J’aime les accidents, moi ? Première nouvelle !
Il n’avait pas demandé qui c’était. Il avait reconnu tout de suite la voix de Paul Cameron, bien qu’ils ne se soient pas vus depuis plus d’un an.
Cameron faisait partie de la police de la route de Californie basée à Palm Springs.

– D’accord, lui dit l’officier de police. Disons que tu aimes les énigmes.
Dar se tourna pour regarder la montre.

– Pas à quatre heures huit du matin, grommela-t-il.

– Celui-là vaut le coup.
La voix résonnait dans l’écouteur, comme si c’était une liaison radio ou un téléphone portable. »

Extrait de : D. Simmons. « L’épée de Darwin. »

Le styx coule à l’envers par D. Simmons

Fiche de Le styx coule à l’envers

Titre : Le styx coule à l’envers
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1990
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Denoël

Sommaire de Le styx coule à l’envers

  • Le styx coule à l’envers
  • Vanni Fucci est bien vivant et il vit en Enfer
  • Passeport pour Vietnamland
  • Deux minutes quarante-cinq secondes
  • Métastases
  • Douce nuit, sainte nuit
  • Mémoires privés de la pandémie des stigmates de Hoffer
  • Les fosses d’Iverson
  • Le conseiller
  • Photo de classe
  • Mes copsa mica
  • A la recherche de Kelly Dahl

Première page de Le styx coule à l’envers

« J’aimais beaucoup ma mère. Après son enterrement, après que l’on eut descendu le cercueil, la famille rentra à la maison pour attendre son retour.
Je n’avais que huit ans à l’époque. De la cérémonie obligée je ne me rappelle pas grand-chose. Je me rappelle que le col de ma chemise de l’année précédente était bien trop serré et que la cravate, chose toute nouvelle pour moi, me faisait l’effet d’un nœud coulant autour du cou. Je me rappelle que cette journée de juin était trop belle pour une réunion aussi solennelle. Je revois oncle Will qui n’arrêtait pas de boire ce matin-là et la bouteille de Jack Daniel’s qu’il avait sortie dans la voiture sur le chemin du retour. Je revois la figure de mon père. »

Extrait de : D. Simmons. « Le Styx coule à l’envers. »

Le nez-boussole d’Ulfänt Banderõz par D. Simmons

Fiche de Le nez-boussole d’Ulfänt Banderõz

Titre : Le nez-boussole d’Ulfänt Banderõz
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2013
Traduction : S. Guillot
Editeur : Robert Laffont

Première page de Le nez-boussole d’Ulfänt Banderõz

« Au cours des ultimes millénaires du Vingt et Unième Éon, lors d’une des innombrables ères chaotiques ayant marqué l’histoire ignorée de la Terre Mourante, tous les signes habituels d’un malheur imminent s’aggravèrent soudainement.
Le grand soleil rouge, toujours lent à se lever, devint plus léthargique que jamais. Tel un vieillard rechignant à sortir de son lit, l’astre boursouflé, certains matins, tremblait, frémissait, titubait, il provoquait des tremblements de terre protestataires qui rayonnaient vers l’ouest à travers les antiques continents depuis les horizons orientaux, secouant jusqu’aux basses chaînes de montagnes usées par le temps et la gravité au point de les faire ressembler à de vieilles molaires. Des taches noires toujours plus nombreuses se mirent à véroler le pâle visage du soleil à son pénible essor, de sorte que des jours entiers finirent par se perdre dans un terne crépuscule marron. »

Extrait de : D. Simmons. « Le Nez-Boussole d’Ulfänt Banderõz. »

Le grand amant par D. Simmons

Fiche de Le grand amant

Titre : Le grand amant
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1993
Traduction : M. Lebailly
Editeur : ActuSF

Première page de Le grand amant

« Comme je suis déjà venu ici la semaine dernière pendant la Grande Offensive, en tant qu’observateur, et que je « sais » me diriger dans le dédale interminable des tranchées, on m’a désigné hier soir pour mener la Rifle Brigade des tranchées de réserve jusqu’à la crête de Tara-Usna, dans notre secteur du front situé à La Boisselle. J’ai accepté d’assez bonne grâce, bien qu’en sept jours les lignes aient spectaculairement changé sur cette partie du front. Depuis que La Boisselle est tombée, il a reculé, et les tranchées ennemies que nous avons minées et pilonnées si sauvagement le matin du 1er juillet ne forment plus qu’un gigantesque entonnoir à droite de notre nouvelle première ligne. (Pendant que j’écris ceci, ce trou est en train de devenir le tombeau collectif de nos camarades de la 34e division que j’ai vus monter à l’assaut si bravement et si inutilement, il y a seulement une semaine. »

Extrait de : D. Simmons. « Le Grand Amant. »

Le cinquième coeur par D. Simmons

Fiche de Le cinquième coeur

Titre : Le cinquième coeur
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2015
Traduction : C. Arnaud
Editeur : Robert Laffont

Première page de Le cinquième coeur

« Au cours du pluvieux mois de mars 1893, pour des raisons que personne ne comprend (en premier lieu parce que personne en dehors de nous ne connaît cette histoire), l’auteur américain Henry James, alors installé à Londres, décida de passer le jour de son anniversaire à Paris et, ce 15 avril, de s’y donner la mort en se jetant de nuit dans la Seine.

Si je peux affirmer que James était très déprimé ce printemps, je ne saurais vous dire précisément pourquoi. Bien sûr, il avait perdu sa sœur un an plus tôt, emportée par un cancer de sein le 6 mars 1892, à Londres, mais Alice, une invalide professionnelle depuis des décennies, avait accueilli de bonne grâce le diagnostic de cancer. La mort, avait-elle dit à son frère, était l’événement qu’elle avait toujours attendu avec le plus grand enthousiasme. »

Extrait de : D. Simmons. « Le cinquième cœur. »