Étiquette : Zelazny

 

Deus irae par P. K. Dick et R. Zelazny

Fiche de Deus irae

Titre : Deus irae
Auteur : P. K. Dick et R. Zelazny
Date de parution : 1976
Traduction : F. Cartano
Editeur : Denoël

Première page de Deus irae

« Tiens ! La vache blanche et noire tirant la voiture à deux roues. À la porte de la sacristie, le père Handy clignait des yeux vers l’horizon, du côté de Wyoming, comme si le soleil du matin venait du nord ; il voyait venir l’employé de l’église, l’homme-tronc dont la tête loupeuse semblait dodeliner mollement au rythme lent de quelque gigue onirique tandis que la vache du Holstein allait cahin-caha son chemin.
Sale journée, se dit le père Handy. C’est qu’il avait de mauvaises nouvelles pour Tibor McMasters. Il fit donc demi-tour, et redisparut dans l’église où il se tint caché. Dans sa voiture, Tibor ne l’avait pas vu, Tibor était la proie de ses pensées et de nausées qui ne le lâchaient pas. Chaque fois que l’artiste arrivait pour se mettre à l’ouvrage, c’était la même chose : il en avait l’estomac retourné, la moindre perception olfactive ou visuelle, à commencer par celle de son propre travail, le faisait hoqueter. »

Extrait de : P. K. Dick et R. Zelazny. « Deus Irae. »

Une rose pour l’ecclésiaste par R. Zelazny

Fiche d’Une rose pour l’ecclésiaste

Titre : Une rose pour l’ecclésiaste
Auteur : R. Zelazny
Date de parution : 1967
Traduction : M. Deutsch
Editeur : J’ai lu

Sommaire d’Une rose pour l’ecclésiaste :

  • Les furies
  • Le coeur funéraire
  • Les portes de son visage, les lampes de sa bouche
  • Une rose pour l’ecclésiaste

Première page de Les furies

« Il arrive quelquefois que la nature, comme prise de remords, jette en aumône un os à ronger à ceux qu’elle mutile, à ses laissés-pour-compte. Souvent sous forme d’un talent, en général inutile, ou de cette malédiction : l’intelligence.
À quatre ans, Sandor Sandor était capable de réciter intégralement la liste des cent quarante-neuf mondes habités de la galaxie. À cinq ans, il pouvait nommer les principaux continents de chaque planète et en tracer sommairement les contours à la craie sur des globes muets. À sept ans, il connaissait toutes les provinces, tous les États, tous les pays et toutes les grandes villes de tous les continents des cent quarante-neuf mondes habités de la galaxie. Il passait le plus clair de ses journées plongé dans des ouvrages de landographie, d’histoire et de landologie, il lisait des guides touristiques, étudiait cartes et enregistrements à l’usage des voyageurs. On eût dit qu’il avait une caméra derrière les yeux car, quand il atteignit l’âge de dix ans, il n’y avait pas dans la galaxie une seule cité dont on lançait le nom au hasard sur laquelle il n’eût pas quelque lumière. »

Extrait de : R. Zelazny. « Une rose pour l’ecclésiaste. »

Un pont de cendres par R. Zelazny

Fiche d’Un pont de cendres

Titre : Un pont de cendres
Auteur : R. Zelazny
Date de parution : 1976
Traduction : B. Martin
Editeur : Pocket

Première page d’Un pont de cendres

« Je…
Le jour était le…
Le…
Vu l’homme, il est…
L’homme se déplace à travers bois. Avec lui une bande d’autres, tous des chasseurs. Ils portent des peaux de bêtes. Ils ont des bâtons pointus, durcis au feu. Le mien a une pointe de pierre, décorée de lignes tracées avec la pointe du couteau de silex pendu à la lanière de cuir autour de… sa taille. Il y a des feuilles dans ses cheveux et un objet brillant qui pend à un lacet autour de son cou. C’est une chose de puissance qu’il a apportée de la terre des esprits sous la mer. Il conduit les hommes à la chasse, père du père aux cheveux aile-de-corbeau d’eux tous. Ses yeux sombres décrivent le trajet de la bête. En silence, narines dilatées, les autres marchent dans ses pas. L’air se charge parfois d’une faible odeur de sel et de varech, des côtes pas trop lointaines de la grande eau, notre mère à tous. Il lève la main et les hommes s’arrêtent.
Il fait encore un geste et tous se déploient de part et d’autre de lui, accroupis en un arc, les pointes en avant. Et, de nouveau, ils font halte. »

Extrait de : R. Zelazny. « Un pont de cendres. »

Toi l’immortel par R. Zelazny

Fiche de Toi l’immortel

Titre : Toi l’immortel
Auteur : R. Zelazny
Date de parution : 1966
Traduction : M. Perrin
Editeur : Gallimard

Première page de Toi l’immortel

«  Tu es un kallikanzaros », affirma-t-elle tout à coup.
Je me retournai sur le côté gauche et confiai mon sourire à l’obscurité environnante.
— Oui, mais j’ai laissé mes sabots et mes cornes au Bureau. 
— Tu vois, tu connais la légende ! 
— Écoute-moi bien : mon nom est Nomikos. 
J’étendis la main vers elle et trouvai son corps.
— Pars-tu pour détruire le monde cette fois-ci ? 
Je l’attirai vers moi et répondis en riant :
— Je vais y penser sérieusement, et ma foi si c’est ainsi que la Terre doit s’effondrer… 
— Sais-tu que les enfants nés le jour de Noël ont du sang kallikanzaros dans les veines, dit-elle, et tu m’as confié un jour que ton anniversaire… 
— Bon, d’accord ! »

Extrait de : R. Zelazny. « Toi l’immortel. »

Terre mouvante par R. Zelazny

Fiche de Terre mouvante

Titre : Terre mouvante
Auteur : R. Zelazny
Date de parution : 1981
Traduction : J. Bailhache
Editeur : Pocket

Première page de Terre mouvante

« LES sept hommes portaient des menottes attachées à des chaînes, et chaque chaîne était fixée à part sur la pierre suintante des murs de la haute salle. Seule l’éclairait faiblement une lampe à pétrole logée dans une petite niche du fond, à droite de l’entrée. Des chaînes et entraves inemployées pendaient çà et là. Le plancher malpropre était jonché de paille, l’air chargé d’odeurs fortes. Chacun des hommes était barbu, déguenillé. Leurs visages pâles étaient creusés de rides. Ils avaient les yeux fixés sur l’entrée.
Devant eux des formes dansaient ou fulguraient dans l’air, traversant l’épaisseur des murs quitte à réapparaître ailleurs. Formes abstraites ou imitant des objets naturels – fleurs, serpents, oiseaux, feuilles – le plus souvent avec une fidélité touchant à la parodie. Un tourbillon vert pâle s’éleva puis expira au fond de la salle, déversant au sol une horde d’insectes. Ce fut le signal d’une mêlée entre de petites bêtes avides de les consommer. Un rire caverneux résonna quelque part derrière l’entrée,  »

Extrait de : R. Zelazny. « Terre mouvante. »

Seigneur de lumière par R. Zelazny

Fiche de Seigneur de lumière

Titre : Seigneur de lumière
Auteur : R. Zelazny
Date de parution : 1967
Traduction : C. Saunier
Editeur : Denoël

Première page de Seigneur de lumière

« Ses disciples l’appelaient Mahasamatman et disaient qu’il était un dieu. Il préférait cependant supprimer Maha-et-atman de son nom et se faire appeler Sam. Il ne prétendit jamais être un dieu, mais n’affirma jamais le contraire. Les circonstances étant ce qu’elles étaient, admettre l’un ou l’autre n’eût été d’aucun profit, à la différence du silence.
Il était donc entouré de mystère.
C’était en la saison des pluies…
La grande saison humide était bien avancée…
Ce fut en ces jours de pluie que s’élevèrent leurs prières, mais non pas en égrenant les nœuds de la corde, ou en faisant tourner les moulins. Elles s’élevèrent de la grande machine à prières, dans le monastère de Ratri, déesse de la Nuit.
Les prières à haute fréquence étaient dirigées vers les cieux, traversaient l’atmosphère, atteignaient le nuage doré, appelé le Pont des Dieux, qui entoure le monde, apparaît la nuit comme un arc-en-ciel de bronze ; le soleil rouge y devient orange à midi. »

Extrait de : R. Zelazny. « Seigneur de lumière. »

Royaumes d’ombre et de lumière par R. Zelazny

Fiche de Royaumes d’ombre et de lumière

Titre : Royaumes d’ombre et de lumière
Auteur : R. Zelazny
Date de parution : 1969
Traduction : M. Claudel
Editeur : Denoël

Première page de Royaumes d’ombre et de lumière

« L’homme, au Soir de sa Millième Année, parcourt la Maison des Morts. S’il vous était loisible d’embrasser du regard l’immense salle dans laquelle il déambule, vous ne pourriez rien y percevoir. Il fait bien trop sombre pour que les yeux servent à quelque chose.
Présentement, à cette heure obscure, nous nous contenterons de le nommer : « l’homme ».
À cela il y a deux raisons :
Tout d’abord, il répond à la description générale et généralement acceptée d’un être du type humain, inaltéré, mâle, marchant en position verticale, ayant des pouces opposés et présentant toutes les caractéristiques typiques de la profession ; ensuite, parce que son nom lui a été retiré.
Il n’y a aucune raison d’être plus explicite à ce stade du récit.
Dans sa main droite, l’homme serre le sceptre de son Maître, grâce auquel il se guide à travers l’obscurité. Le sceptre l’entraîne d’un côté, puis de l’autre. Il lui brûle la main, les doigts, le pouce opposé quand son pied s’écarte d’un pas du chemin prescrit. »

Extrait de : R. Zelazny. « Royaumes d’ombre et de lumière. »

Route 666 par R. Zelazny

Fiche de Route 666

Titre : Route 666 (traduction première du titre : Les culbuteurs de l’enfer)
Auteur : R. Zelazny
Date de parution : 1969
Traduction : T. Bauduret
Editeur : Denoël

Première page de Route 666

« La mouette entama sa longue descente. Un instant, elle resta suspendue, entre ciel et terre, sur ses ailes largement déployées.
Hell Tanner jeta le mégot de son cigare à la tête de l’oiseau, qui émit un cri rauque et battit des ailes. La mouette monta à la verticale sur une centaine de mètres et, si elle poussa un second cri, Tanner ne l’entendit pas.
Puis, en un éclair, elle disparut.
Il n’en restait plus qu’une seule et unique plume blanche qui planait dans le ciel chaotique ; elle tourbillonna jusqu’au bord de la falaise et continua de descendre vers l’océan. Tanner eut un petit rire qui se perdit dans le rugissement du vent et le fracas des vagues qui martelaient les rochers. Puis il retira ses pieds posés sur le guidon, releva la béquille et démarra sa bécane.
Il progressa au ralenti le long du sentier qui menait au bas de la colline, puis atteignit la piste et prit peu à peu de la vitesse. Il tenait un bon quatre-vingts lorsqu’il aborda la grand-route. »

Extrait de : R. Zelazny. « route 666. »

Repères sur la route par R. Zelazny

Fiche de Repères sur la route

Titre : Repères sur la route
Auteur : R. Zelazny
Date de parution : 1979
Traduction : A. Dorémieux
Editeur : Denoël

Première page de Repères sur la route

«  Rabats-toi ! » s’écria Leila.
Randy vira immédiatement à droite et freina. Le ciel subit une pulsation et passa à une aube couleur de perle.
« Recule sur le bas-côté. »
Il acquiesça et enclencha la marche arrière.
« Ces gens ? Nous pourrions aller voir à pied…
— Je veux les regarder de plus près avant de sortir de voiture.
— Entendu », dit-il en commençant à reculer.
Elle se retourna pour observer le véhicule gris en mauvais état. Deux silhouettes y étaient assises. L’une et l’autre semblaient avoir les cheveux blancs, mais la lumière était encore trompeuse. Les deux personnes paraissaient fixer leurs yeux sur elle.
« Dans un moment, la portière du conducteur va s’ouvrir », annonça-t-elle d’une voix douce.
La portière du conducteur s’ouvrit.
« Maintenant l’autre.  »

Extrait de : R. Zelazny. « Repères sur la route. »

Lord démon par R. Zelazny et J. Lindskold

Fiche de Lord démon

Titre : Lord démon
Auteur : R. Zelazny et J. Lindskold
Date de parution : 1999
Traduction : B. Mariot
Editeur : Denoël

Première page de Lord démon

« Orange. Verte. C’était l’une des plus belles que j’avais réalisées. Après avoir hésité entre un pichet et un vase, je venais de créer une bouteille, pour la première fois depuis fort longtemps. Celle-ci, fruit de l’art du verre soufflé, m’avait occupé par intermittence pendant plus ou moins cent vingt ans. Les bouteilles, selon l’utilisation à laquelle elles étaient destinées, m’absorbaient bien plus ou, paradoxalement, bien moins que certains autres objets.
J’explorai l’intérieur de celle-ci, pour ma grande satisfaction ; puis, de nouveau, je me matérialisai au-dehors et serrai fortement ma main gauche, jusqu’à ce que l’anneau qui l’ornait se mit à briller. Quand celui-ci eut atteint un niveau de chaleur suffisant, je le pressai contre le fond de la bouteille, la marquant de mon sceau, le signe de Kai Wren, maître ès bouteilles. »

Extrait de : R. Zelazny et J. Lindskold. « Lord Demon. »