Étiquette : Fleuve noir
L’herbe aux pendus par Kurt Steiner

Fiche de L’herbe aux pendus
Titre : L’herbe aux pendus
Auteur : Kurt Steiner
Date de parution : 1958
Editeur : Fleuve noir
Première page de L’herbe aux pendus
« La classe était enfin vide. Du haut de l’estrade sur laquelle trônait son bureau de bois vernis, Carmeaux laissa errer son regard de pupitre en pupitre, sans parvenir à lier ses pensées entre elles.
Il flottait encore entre les tables cette odeur d’enfant poussiéreux que les instituteurs connaissent bien. Çà et là, la tache blanche d’une feuille de papier froissée mettait dans la grisaille louche de cette fin d’après-midi d’octobre comme une petite lumière abandonnée.
Octobre. La rentrée ne datait pas de huit jours. Et déjà Francis Carmeaux, responsable de ce cours moyen, sentait sur ses épaules le poids d’une nouvelle année scolaire. Il venait d’atteindre trente ans. Huit ans d’enseignement derrière lui éloignaient tout espoir d’un événement quelconque. Et le pli vertical qui creusait son front, à la racine du nez, contenait déjà les lassitudes à venir, la discipline à maintenir avec peine, l’amertume des fins de mois difficiles. »
Extrait de : K. Steiner. « L’herbe aux pendus. »
L’envers du masque par Kurt Steiner

Fiche de L’envers du masque
Titre : L’envers du masque
Auteur : Kurt Steiner
Date de parution : 1957
Editeur : Fleuve noir
Première page de L’envers du masque
« Lydia serra légèrement la main de son mari avant de descendre du bus.
— Déjeunez-vous au White Cat ? dit-elle avant de se lever de la banquette.
— Non, pas aujourd’hui, fit Jack en haussant les sourcils. Juste le tournoi d’échecs avec Cooley… J’avalerai un sandwich. Je rentre dans l’après-midi.
Lydia réprima un mouvement d’impatience.
— Comme vous voudrez…
Elle se leva. Le bus s’arrêtait dans Tottenham Court Road, à la station la plus proche du British Museum. Lydia dévala les marches qui reliaient l’impériale à la portière arrière et se retrouva sur le trottoir. « Ces sacrés échecs ! », pensait-elle en traversant la rue. Mais une certaine philosophie avait fait place chez elle aux contrariétés d’antan. Quand on vit avec un mari qui se jette sur un échiquier aussitôt qu’il a une heure de liberté, on finit par s’apercevoir qu’il existe d’autres hommes sur la terre. »
Extrait de : K. Steiner. « L’envers du masque. »
Grand-Guignol 36-88 par Kurt Steiner

Fiche de Grand-Guignol 36-88
Titre : Grand-Guignol 36-88
Auteur : Kurt Steiner
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de Grand-Guignol 36-88
« À cheval sur un balai de série, une jeune sorcière très sexy amorce sa descente vers l’aéroport du sabbat. À la suite d’une fausse manœuvre, le balai est plaqué au sol, où il prend feu. La malheureuse est carbonisée malgré la diligence des secours.
On s’agite sur la piste d’atterrissage, on vérifie les balais entreposés dans les hangars. Le sorcier directeur du personnel sorcier fait de sévères commentaires.
— Les usines de Salem ne sont plus ce qu’elles étaient, dit-il. On y construit maintenant un matériel qui n’est plus fiable…
Il entre dans la tour de contrôle et s’adresse aux aiguilleurs sorciers du ciel.
— Je vous interdis de boire du sang de crapaud pendant les heures de service, dit-il d’une voix ferme.
Mais le trafic doit continuer. D’autres jeunes sorcières sexy prennent place sur un grand balai moyen-courrier. Les insouciantes voyageuses passent au-dessus des restes calcinés de leur sœur. L’une d’elles s’exclame :
— Voilà ce que c’est que le destin ! On échappe au bûcher… »
Extrait de : K. Steiner. « Grand-Guignol 36-88. »
Glace sanglante par Kurt Steiner

Fiche de Glace sanglante
Titre : Glace sanglante
Auteur : Kurt Steiner
Date de parution : 1960
Editeur : Fleuve noir
Première page de Glace sanglante
« Dans la nuit noire rendue encore plus opaque par une furieuse tempête de neige, je me cramponnais au volant de ma De Soto, pour en maîtriser les bonds incohérents, mais elle tanguait dangereusement. Le capot plongeait et replongeait, soulevant des vagues de boue qui venaient aveugler le pare-brise.
J’étais alors contraint de freiner aussitôt en attendant que les essuie-glace aient, tant bien que mal, repoussé cette purée blanchâtre. Les phares eux-mêmes recouverts de neige glacée, ne diffusaient plus qu’une lumière tamisée, imprécise, ce qui augmentait encore l’impression que j’avais de voyager dans un monde irréel, dans un rêve ou plutôt dans un cauchemar…
Des fantômes d’arbres dépouillés et tordus surgissaient par instants, avançaient vers moi en agitant des bras parfois implorants, parfois menaçants, et disparaissaient à mes côtés. »
Extrait de : K. Steiner. « Glace sanglante. »
Ortog et les ténèbres par Kurt Steiner

Fiche de Ortog et les ténèbres
Titre : Ortog et les ténèbres (Tome 2 sur 2 – Ortog)
Auteur : Kurt Steiner
Date de parution : 1975
Editeur : Fleuve noir
Première page de Ortog et les ténèbres
« Le soleil venait de disparaître derrière les fougères arborescentes. De l’humus montait une vapeur où tourbillonnaient des mouches dorées, grandes comme la main.
Dâl s’arrêta au pied d’une haute sigillaire. Il regarda le brouillard pernicieux des bas-fonds végétaux et rabattit sur son visage le masque nocturne, le masque aux trois usages. Alors seulement il s’avança vers la combe, dans la direction d’où semblait provenir le barrissement.
Le masque réagissait au moindre photon. Opaque de l’extérieur, sa matière devenait transparente de l’intérieur, et plus que transparente, sensibilisait la rétine en lui envoyant mille particules lumineuses pour une seule reçue – toujours selon la trajectoire initiale. Il faisait de la nuit un crépuscule et du crépuscule un jour ensoleillé. Mais là ne s’arrêtait pas son rôle : le filtre dont il était pourvu détruisait les miasmes. Enfin, il constituait un bouclier contre les mouches. »
Extrait de : K. Steiner. « Ortog et les ténèbres. »
L’ombre du chasseur par Michael Reaves

Fiche de L’ombre du chasseur
Titre : L’ombre du chasseur (Tome 2 sur 2 – Star Wars – Dark Maul)
Auteur : Michael Reaves
Date de parution : 2001
Traduction : J.-M. Toussaint
Editeur : Fleuve noir
Première page de L’ombre du chasseur
« L’espace est la meilleure des cachettes.
Le cargo Neimoidien Saak’ak croisait lourdement dans les profondeurs inconnues de l’Espace Sauvage. Il arborait fièrement ses couleurs, sans crainte d’être détecté. On avait désactivé son bouclier de camouflage ici, à des parsecs de la civilisation du Noyau Galactique et de ses systèmes environnants, l’appareil pouvait aller et venir en toute sécurité. Même les Neimoidiens, pourtant réputés sans rivaux en matière de délire paranoïaque, se sentaient rassurés dans le vaste abîme infini qui s’étendait entre le disque et l’un des bras en spirale de la galaxie.
Et pourtant, même ici, les dirigeants de la Fédération du Commerce ne pouvaient totalement abandonner leur tendance naturelle à pratiquer le subterfuge. Ils aimaient la duplicité comme une jeune larve le confort et la chaleur de son alvéole au sein de la ruche communautaire. Le Saak’ak en était un exemple probant. A première vue, il avait l’allure d’un vaisseau marchand ordinaire. Sa forme en fer à cheval le destinait au transport d’immenses quantités de marchandises. »
Extrait de : M. Reaves. « Dark Maul – L’Ombre du Chasseur. »
Le navire étoile par Edwin Charles Tubb

Fiche de Le navire étoile
Titre : Le navire étoile
Auteur : Edwin Charles Tubb
Traduction : A. Audiberti
Date de parution : 1955
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le navire étoile
« Le Psycho-policier Jay West arriva tout juste à temps au quartier général pour assister au jugement d’un cas porté devant la cour de justice du Vaisseau. Comme à l’ordinaire, Gregson, président de la cour, faisait fonction de juge et, à part Kennedy et le préposé aux communications, il n’y avait personne d’autre dans le bureau. Jay sourit à l’employé, poussa du coude son collègue officier pour avoir de la place sur le banc et, avec un signe de tête vers la vitre qui les séparait de la salle du débat, il demanda :
— Que se passe-t-il ?
— Un cas de gaspillage, répondit Kennedy sans détacher son regard de la scène. Secteur quatre. Vous connaissez ?
— Non.
Jay regarda l’accusé qui, comme l’indiquait son short vert, était un jardinier encore célibataire. Ses membres minces et sa peau délicate montraient qu’il avait passé la plus grande partie de sa vie aux étages supérieurs, où la force de gravitation était faible. L’homme était nerveux et il écarquillait les yeux pour regarder l’aménagement de la pièce sommairement meublée. »
Extrait de : E. C. Tubb. « Le navire étoile. »
De flamme et d’ombre par André Ruellan

Fiche de De flamme et d’ombre
Titre : De flamme et d’ombre
Auteur : André Ruellan
Date de parution : 1957
Editeur : Fleuve noir
Sommaire de De flamme et d’ombre
- De flamme et d’ombre
- L’amour et la mort
- L’envers du masque
- L’Attila du gai-savoir
- Intermède panique
- Contes au scalpel
- Délires visuels
- Déchets d’oeuvre
- Treize poèmes
Première page de De flamme et d’ombre
« Une volute bleuâtre monta verticalement lorsque le docteur Walter McCairn écrasa sa cigarette dans le cendrier. En même temps que la fumée s’évanouissait en une draperie aérienne, le dernier accord du piano s’éteignit, absorbé par le silence de la pièce. Une seconde passa avant que le déclic du mécanisme vînt ponctuer le tout. Le pick-up demeura silencieux, mais le salon resta imprégné de la musique de John Field.
Walter secoua la tête : quelque chose, en cette matinée d’automne, le troublait étrangement. Comme si le rayon de soleil qui perçait la fenêtre n’avait pas été à sa place… et que le soleil fût au nord. Mais non : cette musique fragile et mélancolique transformait tout.
— Allons, dit-il. En route pour Galashiels.
Il se leva, et passa dans le hall où il enfila son imperméable. La Morris était déjà sortie du garage. Il l’avait rangée au bas du perron avant de prendre son petit déjeuner. »
Extrait de : A. Ruellan. « De flamme et d’ombre. »
La tronçonneuse de l’horreur par Nick Blake

Fiche de La tronçonneuse de l’horreur
Titre : La tronçonneuse de l’horreur
Auteur : Nick Blake
Traduction : Y. Boniface
Date de parution : 1984
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de La tronçonneuse de l’horreur
« La boîte à outils tomba sur le sol, ouverte, une hachette aux contours aiguisés apparaissant sur le dessus. La lame était enduite d’huile et des morceaux de tissus et de bois restaient collés sur le métal.
Ralph Briggs abaissa sa lourde carcasse, replaça la hachette et vérifia la fermeture de la boîte. Mentalement, il prit note de remplacer le système défectueux dès qu’il le pourrait. Il ne voulait pas que ses outils se répandent partout la prochaine fois qu’il effectuerait des travaux à l’extérieur.
Cette boîte était presque aussi âgée que son propriétaire et il y avait une certaine ressemblance entre sa couleur et celle du visage de Briggs. De larges rides lui barraient le front et rejoignaient le coin de ses yeux. Ces marques profondes résultaient de l’attitude soucieuse et renfrognée qu’il affichait toujours. Un masque qu’il ne quittait jamais, même chez lui, et qui ne s’effaçait légèrement que devant l’arrivée d’un nouveau client. »
Extrait de : N. Blake. « La tronçonneuse de l’horreur. »
Le démon des âges troubles par Ivor Watkins

Fiche de Le démon des âges troubles
Titre : Le démon des âges troubles
Auteur : Ivor Watkins
Date de parution : 1983
Traduction : B. Roques
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de Le démon des âges troubles
« Cette année-là, des pluies torrentielles s’abattirent sur l’Europe. Des semaines durant, la tempête fit rage, sans le moindre répit. Les montagnes isolées du nord du pays de Galles furent parmi les zones les plus touchées. Par endroits, la couche sédimentaire fut érodée par les intempéries, laissant les rochers à nu, en équilibre instable.
Une nuit, plusieurs blocs furent entraînés dans un creux que recouvrait une végétation touffue impénétrable. Nul pas humain n’avait foulé ce sol oublié de tous depuis l’époque où les druides y avaient accompli leurs derniers rites orgiaques, depuis l’ultime sacrifice humain.
Au fond de la dépression s’ouvrait un gouffre étroit, sombre et sans fond, une faille dans laquelle on avait précipité les victimes terrifiées, selon l’ancien rite. Les forces du mal engendrées par l’homme, qui s’étaient nourries de la douleur des victimes et avaient pris possession du gouffre lui-même, s’animaient imperceptiblement, pour la première fois depuis des siècles. Une ombre impalpable, un vague chuchotement. Il n’en fallait pas plus.
Le Démon s’était réveillé. »
Extrait de : I. Watkins. « Le démon des âges troubles. »