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Sur le territoire de Milton Lumky par P. K. Dick

Fiche de Sur le territoire de Milton Lumky
Titre : Sur le territoire de Milton Lumky
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1985
Traduction : I. Delord-Philippe, S. Guillot
Editeur : J’ai lu
Première page de Sur le territoire de Milton Lumky
« Au coucher du soleil, un air âcre en provenance du lac vint souffler dans les rues désertes de Montario, dans l’Idaho. Des nuées de mouches jaunes aux ailes effilées l’accompagnaient, s’écrasant contre les pare-brise des autos en circulation. Les conducteurs s’efforçaient de les chasser à coups d’essuie-glaces. Tandis que les réverbères commençaient à illuminer Hill Street, les magasins fermèrent un à un jusqu’à ce qu’il ne reste plus que les drugstores d’ouverts, un à chaque bout de l’agglomération. Le cinéma Louxor, lui, n’ouvrait ses portes qu’à 18 h 30. Les nombreux cafés ne faisaient pas partie de la ville à proprement parler ; ouverts ou fermés, ils appartenaient à la nationale 95 qui empruntait Hill Street.
Le train de nuit de l’Union Pacific, qui reliait Portland à Boise, fit son apparition dans un concert de sifflements et de bruits de ferraille, glissant sur la plus septentrionale des quatorze voies ferrées parallèles. »
Extrait de : P. K. Dick. « Sur le territoire de Milton Lumky. »
Simulacres par P. K. Dick

Fiche de Simulacres
Titre : Simulacres
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1964
Traduction : M. Thaon, C. Gueret
Editeur : J’ai lu
Première page de Simulacres
« Cette note de service de l’Entreprise musicale électronique effrayait Nat Flieger. Il n’y avait pourtant pas de quoi. Elle annonçait, il est vrai, un événement considérable : le fameux pianiste soviétique Richard Kongrosian, un psychokinétiste qui jouait Brahms et Schumann sans toucher le clavier, avait été repéré à sa résidence d’été de Jenner, en Californie. Avec un peu de chance, Kongrosian serait disponible pour une série de séances d’enregistrement. Cependant…
Peut-être, songea Flieger, étaient-ce les forêts sombres et humides de l’extrême nord de la Côte californienne qui lui répugnaient ? Il aimait bien les terres méridionales sèches, proches de Tijuana, là où l’E.M.E. avait ses bureaux principaux. Mais, s’il fallait en croire la note, Kongrosian ne sortirait pas de sa résidence d’été ; il était entré dans une période de semi-retraite, poussé par quelque drame familial inconnu, que l’on supposait concerner sa femme ou son fils. Tout se serait produit des années auparavant, prétendait la note. »
Extrait de : P. K. Dick. « Simulacres. »
O nation sans pudeur par P. K. Dick

Fiche d’O nation sans pudeur
Titre : O nation sans pudeur
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1994
Traduction : H. Collon
Editeur : J’ai lu
Première page d’O nation sans pudeur
« C’était le début de l’été et la journée s’achevait. L’après-midi avait été doux, mais le soleil se couchait, et maintenant le froid s’installait. Carl Fitter descendit les marches du perron, laissant derrière lui la résidence des hommes ; il portait une valise pesante et un petit paquet ficelé.
Il marqua une pause au pied de l’escalier en bois brut, dont la laque grise était tout écaillée par le temps. Ces marches avaient été peintes bien longtemps avant qu’il ne vienne travailler pour la Compagnie. Il se retourna vers la porte d’entrée du bâtiment. Elle coulissait lentement. Elle finit par se refermer avec un claquement sonore. Carl posa sa valise et s’assura que son portefeuille, bien en sécurité dans sa poche boutonnée, ne risquait pas de tomber.
— C’est la dernière fois que je descends cet escalier, fit-il tout bas. La dernière fois. Quel bonheur de revoir les États-Unis après tout ce temps !
Derrière les fenêtres, on avait tiré les stores. Les rideaux n’étaient déjà plus là. Sans doute emballés dans un carton quelque part. Il n’était pas le dernier à partir ; il fallait encore tout verrouiller. »
Extrait de : P. K. Dick. « Ô nation sans pudeur. »
Loterie solaire par P. K. Dick

Fiche de Loterie solaire
Titre : Loterie solaire
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1955
Traduction : F. Straschitz
Editeur : J’ai lu
Première page de Loterie solaire
« Il y eut des augures. Dans les premiers jours de mai 2203, les informatrices rapportèrent le passage d’un vol de corneilles blanches au-dessus de la Suède. Une série d’incendies inexpliqués détruisit à moitié la Colline Oiseau-Lyre, un des principaux pivots industriels du système. Une pluie de petites pierres rondes s’abattit sur un camp de travail martien. À Batavia, Directoire de la Fédération des Neuf Planètes, naquit un veau à deux têtes : signe certain qu’un événement d’une incroyable importance se préparait.
Les interprétations ne manquaient pas : la spéculation sur la signification des événements naturels était un passe-temps favori. Chacun conjecturait, consultait, débattait de la bouteille – instrument socialisé du hasard. Les diseurs de bonne aventure du Directoire étaient pris des semaines à l’avance.
Mais ce qui est augure pour les uns est épreuve pour les autres. En réaction à la catastrophe limitée qu’elle avait connue, la Colline Oiseau-Lyre provoqua une catastrophe totale pour cinquante pour cent de ses employés classifiés. »
Extrait de : P. K. Dick. « Loterie solaire. »
Les machines à illusions par P. K. Dick & R. Nelson

Fiche de Les machines à illusions
Titre : Les machines à illusions
Auteur : P. K. Dick et R. Nelson
Date de parution : 1967
Traduction : I. Tate
Edition : J’ai lu
Première page de Les machines à illusions
« À 3 heures du matin retentit la sonnerie du vidphone placé sur la table de chevet de Rudolph Balkani, chef du Centre de Recherche Psychédélique. Bien que Balkani fût éveillé depuis des heures (ces derniers temps, il souffrait d’insomnie), elle se prolongea longtemps avant qu’il ne daignât lui répondre.
— Balkani. Que désirez-vous ?
— J’ai besoin d’un renseignement, déclara une voix soucieuse dont Balkani reconnut aussitôt le propriétaire : le Président du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Il faut absolument que je sache à quoi m’en tenir.
— Soyez bref. Je suis souffrant.
— Avez-vous écouté la communication ?
— Quelle communication ? (Balkani se passa la main sur son menton hérissé de barbe.)
— L’ultimatum des extra-terrestres ! Il a été diffusé par toutes les chaînes de radio et de télévision…
— Je n’ai pas l’habitude de perdre mon temps à écouter les médias récréatifs de masse. Que proposaient-ils ? »
Extrait de : P. K. Dick et R. Nelson. « Les machines à illusions. »
Les clans de la lune alphane par P. K. Dick

Fiche de Les clans de la lune alphane
Titre : Les clans de la lune alphane
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1964
Traduction : F. Truchaud
Edition : J’ai lu
Première page de Les clans de la lune alphane
« Avant de pénétrer dans la salle du Conseil suprême, Gabriel Baines envoya au-devant de lui son simulacre cliquetant – fabrication manse – pour voir s’il ne risquait pas d’être attaqué. Le simulacre – construit avec ingéniosité pour ressembler à Baines en tous points – rendait de multiples services depuis qu’il avait été construit par le clan inventif des Manses, mais Baines l’utilisait uniquement pour son système de défense ; se défendre était sa seule conduite de vie, ce qui lui donnait le droit de faire partie de la communauté pare d’Adolfville, à l’extrémité nord de la lune…
Baines bien sûr était sorti d’Adolfville de nombreuses fois, mais il ne se sentait en sécurité – ou plutôt relativement en sécurité – qu’ici, à l’intérieur des murs épais de la ville pare. Ce qui prouvait que sa prétention à être un membre à part entière du clan pare n’était pas simulée, n’était pas un simple moyen qu’il avait imaginé pour avoir accès à n’importe quel endroit de la zone urbaine, dont la plupart des constructions étaient solides, robustes et prévues pour durer longtemps. »
Extrait de : P. K. Dick. « Les clans de la lune alphane. »
Le maître du haut château – P. K. Dick

Fiche de Le maître du haut château
Titre : Le maître du haut château
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1962
Traduction : M. Charrier
Edition : J’ai lu
Première page de Le maître du haut château
« M. Childan avait beau scruter son courrier avec anxiété depuis une semaine, le précieux colis en provenance des Rocheuses n’arrivait pas. Lorsqu’il ouvrit son magasin, le vendredi matin, seules quelques lettres l’attendaient à l’intérieur, devant la porte. Je connais un client qui ne va pas être content, se dit-il.
Il prit une tasse de thé instantané au distributeur mural à cinq cents, s’empara du balai et se mit au travail. Quelques minutes plus tard, la devanture d’American Artistic Handcrafts Inc. était prête : propre comme un sou neuf, la caisse enregistreuse pleine de monnaie, un vase de soucis frais sur le comptoir, une discrète musique de fond, diffusée par la radio. Sur le trottoir, des hommes d’affaires se hâtaient vers leurs bureaux de Montgomery Street. »
Extrait de : P. K. Dick. « Le Maître du Haut Château. »
Le maître du haut château par P. K. Dick

Fiche de Le maître du haut château
Titre : Le maître du haut château
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1962
Traduction : J. Parsons
Edition : J’ai lu
Première page de Le maître du haut château
« Depuis une semaine, Mr R. Childan guettait avec anxiété l’arrivée du courrier. Mais la précieuse expédition en provenance des États des Montagnes Rocheuses n’était toujours pas là. En ouvrant son magasin, ce vendredi matin, il ne vit sur le sol que quelques lettres tombées par la fente et il pensa : « Il y a un client qui ne va pas être content ! » Au distributeur mural à cinq cents, il se versa une tasse de thé instantané, prit un balai et se mit à faire le ménage. La devanture de l’American Artistic Handcrafts Inc. fut bientôt prête à recevoir les clients ; tout était reluisant de propreté, la caisse enregistreuse avait son tiroir plein de monnaie, il y avait dans un vase un bouquet de soucis fraîchement cueillis, la radio diffusait une musique de fond. Dehors, sur le trottoir, des hommes d’affaires se hâtaient vers leurs bureaux de Montgomery Street. Au loin, un tramway passait ; Childan s’interrompit un instant dans son travail pour le regarder avec satisfaction. Des femmes, dans leurs longues robes de soie aux couleurs vives… Il y eut une sonnerie de téléphone. Il se retourna pour aller répondre. »
Extrait de : P. K. Dick. « Le Maître du Haut Château. »
Le dieu venu du Centaure par P. K. Dick

Fiche de Le dieu venu du Centaure
Titre : Le dieu venu du Centaure
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1964
Traduction : G. Abadia
Edition : J’ai lu
Première page de Le dieu venu du Centaure
« Barney Mayerson s’éveilla avec un exceptionnel mal de tête dans une chambre inconnue d’un immeuble résidentiel inconnu. À côté de lui, les couvertures remontées jusqu’à ses épaules lisses et nues, la bouche délicatement entrouverte pour respirer et la tête auréolée d’une cascade de cheveux d’un blanc cotonneux, dormait une fille qu’il ne connaissait pas.
Je vais être en retard, se dit-il en se laissant glisser du lit, luttant pour se maintenir debout, les yeux fermés pour refouler sa nausée. Si cela se trouvait, il était à plusieurs heures de son lieu de travail. Qui sait même s’il n’avait pas quitté les États-Unis ? Cependant, il était toujours sur la Terre ; la pesanteur qui le faisait tituber était normale et familière.
Et dans la pièce à côté, posée au pied du sofa, se trouvait la valise également familière, celle de son psychiatre le Dr Sourire. »
Extrait de : P. K. Dick. « Le dieu venu du Centaure. »