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Captive par M. Atwood

Fiche de Captive

Titre : Captive
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 1996
Traduction : M. Albaret-Maatsch
Editeur : Robert Laffont

Première page de Captive

« Entre les gravillons poussent des pivoines. Elles surgissent à travers le tapis de cailloux gris, tandis que leurs boutons, pareils à des yeux d’escargot, sondent l’air, se gonflent, puis s’ouvrent en d’énormes fleurs rouge sombre, brillantes et lustrées comme du satin. Ensuite, elles se défont brutalement et tombent par terre.

Durant cet instant unique où elles vont se défaire, elles ressemblent aux pivoines du jardin de devant de M. Kinnear, le premier jour, sauf que celles-là étaient blanches. Nancy était en train de les cueillir. Elle portait une robe claire semée de boutons de rose roses avec une jupe à triples volants et une capote de paille qui lui cachait la figure. Elle tenait un panier à fond plat où elle mettait les fleurs ; elle se penchait en inclinant le buste, comme une dame, en restant bien raide. Quand elle nous entendit et qu’elle se tourna pour voir ce qu’il se passait, elle porta la main à sa gorge comme si elle était surprise. »

Extrait de : M. Atwood. « Captive. »

C’est le coeur qui lâche en dernier par M. Atwood

Fiche de C’est le coeur qui lâche en dernier

Titre : C’est le coeur qui lâche en dernier
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2015
Traduction : M. Albaret-Maatsch
Editeur : Robert Laffont

Première page de C’est le coeur qui lâche en dernier

« Dans la Honda, ils sont serrés pour dormir. Déjà que c’était pas un palace à la base, vu qu’ils l’ont achetée d’occasion… Si c’était un van, ils auraient davantage de place, mais tu parles qu’ils auraient pu s’en payer un, même à l’époque où ils pensaient avoir de l’argent. Stan dit qu’ils ont déjà de la veine d’avoir cette caisse, ce qui est vrai, n’empêche, ce n’est pas pour ça qu’ils sont un tant soit peu plus à l’aise.
Charmaine estime que Stan devrait dormir à l’arrière parce qu’il a besoin de plus de place – ce ne serait que justice, il est plus grand –, or il doit être devant pour lever le camp rapidement en cas d’urgence. Il ne fait pas confiance aux réactions de Charmaine dans ces circonstances : d’après lui, elle serait trop occupée à hurler pour conduire. Charmaine peut donc profiter de l’espace plus spacieux derrière, même si elle aussi est obligée de se recroqueviller comme un escargot, parce qu’elle ne peut pas vraiment étendre les jambes. »

Extrait de : M. Atwood. « C’est le cœur qui lâche en dernier. »

Les testaments par M. Atwood

Fiche de Les testaments

Titre : Les testaments (Tome 2 sur 2 – La servante écarlate)
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2019
Traduction : M. Albaret-Maatsch
Editeur : Robert Laffont

Première page de Les testaments

« Seuls les morts ont droit à une statue, mais on m’en a élevé une de mon vivant. Me voici pétrifiée avant l’heure.

Cette statue constituait un modeste témoignage de reconnaissance pour mes multiples contributions, pour reprendre la citation qu’a lue Tante Vidala à haute voix. Cette tâche que nos supérieurs lui avaient confiée était loin de lui plaire. J’ai remercié Tante Vidala avec toute l’humilité que j’ai pu mobiliser, puis j’ai tiré sur la corde et dégagé le drap qui me dissimulait ; il est tombé à terre en tourbillonnant, et je me suis dressée devant tous. Ici, à Ardua Hall, nous ne pratiquons pas les acclamations, mais j’ai eu droit à quelques applaudissements discrets. J’ai incliné la tête en guise de salut.

Ma statue est plus grande que nature, c’est souvent le cas chez les statues, et me représente plus jeune, plus mince et en meilleure forme que je ne le suis depuis quelque temps. Je me tiens droite, les épaules rejetées en arrière, et mes lèvres affichent un sourire assuré mais bienveillant. »

Extrait de : M. Atwood. « Les Testaments – La servante écarlate. »

La servante écarlate par M. Atwood

Fiche de La servante écarlate

Titre : La servante écarlate (Tome 1 sur 2 – La servante écarlate)
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 1985
Traduction : S. Rué
Editeur : Robert Laffont

Première page de La servante écarlate

« Nous dormions dans ce qui fut autrefois le gymnase. Le sol était en bois verni, avec des lignes et des cercles tracés à la peinture, pour les jeux qui s’y jouaient naguère ; les cerceaux des paniers de basket-ball étaient encore en place, mais les filets avaient disparu. Un balcon courait autour de la pièce, pour recevoir le public, et je croyais sentir, ténue comme une image persistante, une odeur âcre de sueur transpercée par les effluves sucrés de chewing-gum et de parfum que dégageaient les jeunes spectatrices, que les photographies me montraient en jupes de feutrine, plus tard en minijupes, ensuite en pantalons, puis parées d’une unique boucle d’oreille, les cheveux en épi, striés de vert. »

Extrait de : M. Atwood. « La servante écarlate – La servante écarlate. »

Madaddam par M. Atwood

Fiche de Madaddam

Titre : Madaddam (Tome 3 sur 3 – Le dernier homme)
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2013
Traduction : P. Dusoulier
Editeur : Robert Laffont

Première page de Madaddam

« Quand l’histoire commence, Snowman habite dans un arbre au bord de la mer. Il croit être le seul véritable humain survivant après qu’une pandémie létale a balayé la planète. Non loin de là vivent les Enfants de Crake, une espèce humanoïde douce et pacifique, biogénétiquement créée par le brillantissime Crake, autrefois le meilleur ami de Snowman et son rival auprès de sa bien-aimée, la belle et énigmatique Oryx.
Les Crakers sont exempts de jalousie sexuelle, de cupidité, de vêtements et du besoin d’ingérer des protéines animales ou d’utiliser des insectifuges – tous facteurs que Crake tenait pour responsables non seulement des malheurs de l’humanité, mais aussi de la dégradation de la planète. Les Crakers s’accouplent de manière saisonnière, lorsque certaines parties de leur corps virent au bleu. »

Extrait de : M. Atwood. « MaddAddam – Le dernier homme. »

Le temps du déluge par M. Atwood

Fiche de Le temps du déluge

Titre : Le temps du déluge (Tome 2 sur 3 – Le dernier homme)
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2009
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Robert Laffont

Première page de Le temps du déluge

« Tôt le matin, Toby monte sur le toit pour regarder le soleil se lever. Un manche à balai lui sert de balancier : l’ascenseur a cessé de fonctionner il y a quelque temps et l’escalier de service ruisselle d’humidité, alors si elle glisse et tombe, personne ne viendra la ramasser.
Dès la première chaleur, la brume monte de l’étendue d’arbres qui la sépare de la ville en ruine. Il y a dans l’air une légère odeur de brûlé, caramel, goudron et barbecue rance, et la puanteur graisseuse d’un dépotoir incendié puis arrosé par la pluie. Au loin, les tours abandonnées sont pareilles aux coraux d’un antique récif : délavées, décolorées, vidées de toute vie.
Mais la vie est toujours là. Des oiseaux pépient ; sûrement des moineaux. »

Extrait de : M. Atwood. « Le Temps du déluge – Le dernier homme. »

La machine à différence par W. Gibson et B. Sterling

Fiche de La machine à différence

Titre : La machine à différence
Auteur : William Gibson et Bruce Sterling
Date de parution : 1991
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Robert Laffont

Première page de La machine à différence

« Image composite, optiquement codée par l’appareil escortant le dirigeable transmanche Lord Brunel : vue aérienne de la banlieue de Cherbourg, 14 octobre 1905.

Une villa, un jardin, un balcon.

Effacer les courbes en fer forgé du balcon révèle une chaise de malade et son occupante. Les reflets du couchant étincellent sur les roues et leurs rayons nickelés.

L’occupante, propriétaire de la villa, repose ses mains arthritiques sur une étoffe tissée par un métier Jacquard.

Ces mains sont constituées de tendons, de tissu, d’os articulés. Les processus silencieux du temps et de l’information ont élaboré une femme à partir des filaments contenus dans les cellules humaines.

Elle s’appelle Sybil Gerard. »

Extrait de : W. Gibson et B. Sterling. « La machine à différences. »

Le fleuve de l’éternité par P. J. Farmer

Fiche de Le fleuve de l’éternité

Titre : Le fleuve de l’éternité (l’intégrale)
Auteur : Philip José Farmer
Date de parution : 1971
Traduction :
Editeur : Robert Laffont

Sommaire de Le fleuve de l’éternité

  • Le monde du fleuve
  • Le bateau fabuleux

Première page de Le monde du fleuve

« Sa femme l’avait tenu dans ses bras comme si cela pouvait empêcher la mort d’approcher. Il s’était écrié : « Mon Dieu, c’est la fin ! »

La porte de la chambre s’était entrouverte. Il avait vu à l’extérieur un dromadaire géant, noir, et entendu le tintement des grelots que le vent brûlant du désert agitait contre le harnais. Un énorme visage noir surmonté d’un turban était apparu dans l’encadrement de la porte. L’eunuque avait franchi le seuil, un gigantesque cimeterre à la main, en se déplaçant comme sur un nuage. La Mort, qui détruit les plaisirs et extermine les sociétés, était enfin venue le prendre.

Vide et obscurité. Il ne savait même pas que son cœur avait cessé de battre pour l’éternité. Ténèbres et néant. »

Extrait de : P. J. Farmer. « Le fleuve de l’éternité. »

Survol par K. Roberts

Fiche de Survol

Titre : Survol
Auteur : Keith Roberts
Date de parution : 1985
Traduction : G. Abadia
Editeur : Robert Laffont

Première page de Survol

« L’équipage de sol avait presque achevé sa litanie. Les hommes attendaient l’un derrière l’autre, la tête inclinée en avant, profilant leurs silhouettes sur les dernières lueurs estompées du couchant. En contrebas de l’endroit où je me tenais, le Véhicule de Lancement frémissait doucement tandis que l’eau bruissante ruisselait autour d’un rivet de chaudière rouillé. Une rafale d’air chaud monta vers le portique, apportant des effluves de vapeur et d’huile qui se mélangèrent aux odeurs omniprésentes des enduits. À côté de moi, le Captain Servant renifla, apparemment en signe d’impatience. Puis il remua les pieds sur le sol et enfonça un peu plus sa tête taurine dans ses épaules. Je regardai autour de moi dans le hangar de plus en plus sombre, enregistrant mentalement la scène familière. Les rouleaux de câbles, debout sur leurs chariots, les lames luisantes des systèmes d’ancrage, le train de levage complexe s’étirant brasse après brasse. »

Extrait de : K. Roberts. « Survol. »

Les brontosaures mécaniques par M. Coney

Fiche de Les brontosaures mécaniques

Titre : Les brontosaures mécaniques
Auteur : Michael Coney
Date de parution : 1979
Traduction : C. Canet
Editeur : Robert Laffont

Première page de Les brontosaures mécaniques

« Long croissant de sable blême, la plage réverbérait si durement l’éclat du soleil que je dus remettre mes lunettes noires. Il y avait là une foule de gens qui tous, sans exception, regardaient la mer. L’eau était peu profonde, ridée de vaguelettes paresseuses provenant du grand large. Derrière la ligne des brisants, je discernai du mouvement : des ailerons noirs allaient et venaient.
J’avisai une jeune fille à deux pas de moi ; grande et bronzée, elle devait être du coin, et sans doute pourrait-elle me fournir quelques explications. Je l’observai un instant en rassemblant mon courage. Elle possédait ce type de beauté que procure la vie au grand air ; ses cheveux étaient décolorés par le soleil, et un liséré de peau blanche au ras de son bikini indiquait qu’elle en avait abaissé le léger tissu autant qu’elle l’avait osé. Comme le sable étouffait le bruit de mes pas, je toussotai en m’approchant d’elle, mais elle ne m’accorda aucune attention. »

Extrait de : M. Coney. « Les brontosaures mécaniques. »