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Le seigneur des ténèbres par R. Silverberg

Fiche de Le seigneur des ténèbres

Titre : Le seigneur des ténèbres
Auteur : R. SIlverberg
Date de parution : 1983
Traduction : N. Zimmermann
Editeur : Le livre de poche

Première page de Le seigneur des ténèbres

« Dieu Tout-Puissant, je Te rends grâces pour m’avoir délivré des sombres terres d’Afrique. Je Te suis cependant reconnaissant de tout ce que Tu m’as montré en ce pays, et même des souffrances que Tu m’as infligées à cette fin de parfaire mon instruction. Je Te remercie également de m’avoir gardé du courroux des Portugais, qui firent de moi leur esclave, ainsi que d’autres ennemis à la peau sombre et à l’âme plus sombre encore que je dus affronter. Et je Te rends grâces encore pour m’avoir fait goûter les délices d’étranges amours en d’étranges lieux, m’accordant ainsi le privilège de contempler avec joie, durant les dernières années de ma vie, des jouissances que fort peu d’Anglais ont éprouvées. Mais, par-dessus tout, je Te remercie de m’avoir présenté le visage du mal puis de m’avoir permis de revenir indemne, bienheureux et affermi encore dans mon amour pour Toi. »

Extrait de : R. Silverberg. « Le seigneur des ténèbres. »

Le nez de Cléopâtre par R. Silverberg

Fiche de Le nez de Cléopâtre

Titre : Le nez de Cléopâtre
Auteur : R. SIlverberg
Date de parution : 1994
Traduction : H. Collon
Editeur : Denoël

Sommaire de Le nez de Cléopâtre

  • Légendes de la forêt Veniane
  • Le traité de Düsseldorf
  • Tombouctou à l’heure du Lion
  • Le sommeil et l’oubli
  • Entre un soldat puis un autre
  • Basileus

Première page de Légendes de la forêt Veniane

« C’était il y a fort longtemps, dans les premières décennies de la Deuxième République, au temps de mon enfance en Pannonie Supérieure. La vie était très simple en ces temps-là, du moins pour les gens comme nous. Nous habitions un village en forêt sur la rive droite du Danube, mes parents, ma grand-mère, ma sœur Friya et moi. Mon père, Tyr, dont je porte le nom, était forgeron ; ma mère, Julia, faisait l’école dans notre propre maison, et ma grand-mère était prêtresse au petit temple voisin de Junon Teutonica.
La vie était paisible. L’automobile n’avait pas encore été inventée – ceci se passe aux environs de l’an 2650, alors qu’on se servait encore de charrettes à cheval –, et nous ne quittions pratiquement jamais le village. Une fois l’an, pour le Jour d’Auguste – qu’on célébrait encore à l’époque –, nous revêtions nos plus beaux habits, mon père sortait de la grange le grand chariot à ferrures qu’il avait fabriqué de ses propres mains, et nous partions pour le municipium de Venia, à deux journées de route, pour entendre l’orchestre impérial jouer des valses sur la place Vespasien. »

Extrait de : R. Silverberg. « Le nez de Cléopatre. »

Le long chemin du retour par R. Silverberg

Fiche de Le long chemin du retour

Titre : Le long chemin du retour
Auteur : R. SIlverberg
Date de parution : 2002
Traduction : R. Provost
Editeur : Robert Laffont

Première page de Le long chemin du retour

« Les premières explosions semblèrent très distantes : une série lointaine, étouffée, de détonations, de grondements et de bruits sourds qui aurait pu n’être que le tonnerre à l’horizon. Joseph, plus endormi qu’autre chose dans son lit confortable du pavillon des invités de la Maison Geften, remua, sa vigilance vaguement en éveil, dressa une oreille, écouta un instant sans vraiment écouter. Oui, songea-t-il : le tonnerre. Sa seule inquiétude était que ce tonnerre pût annoncer la pluie, car elle gâcherait la chasse du lendemain. Mais ici, dans le Haut Manza, on était censé être au milieu de la saison sèche, non ? Alors comment pourrait-il pleuvoir le lendemain ?
Il n’allait pas pleuvoir ; par conséquent, Joseph sut que ce qu’il croyait avoir entendu ne pouvait être le son du tonnerre… pouvait, d’ailleurs, ne rien être du tout. C’est juste un rêve, se dit-il. Demain, il fera beau, le soleil brillera, je chevaucherai jusqu’à la réserve de chasse avec mes cousins du Haut Manza et nous passerons un moment formidable. »

Extrait de : R. Silverberg. « Le long chemin du retour. »

Le livre des crânes par R. Silverberg

Fiche de Le livre des crânes

Titre : Le livre des crânes
Auteur : R. SIlverberg
Date de parution : 1972
Traduction : G. Abadia
Editeur : Le livre de poche

Première page de Le livre des crânes

« Nous arrivions à New York, venant du nord par le New England Thruway. Comme d’habitude, c’est Oliver qui conduisait. Décontracté, sa vitre à demi baissée, ses longs cheveux blonds battant au vent glacé. Timothy tassé à côté de lui, assoupi. Deuxième jour de nos vacances de Pâques. Les arbres étaient encore nus, et des plaques de neige noircie enlaidissaient les bas-côtés. En Arizona, nous ne trouverions pas de vieille neige au bord des routes. Ned, assis à côté de moi sur la banquette arrière, griffonnait des pages et des pages dans un carnet à reliure spirale, une lueur démoniaque dans ses petits yeux noirs brillants. Notre mignon Dostoïevski au petit pied. Un camion rugit soudain derrière nous sur la voie de gauche, nous doubla et se rabattit brusquement devant nous. C’est tout juste s’il ne nous toucha pas. Oliver enfonça la pédale du frein dans un crissement plaintif. Nous faillîmes, Ned et moi, être projetés contre le siège avant. Une seconde plus tard, Oliver fit une embardée vers la droite pour éviter d’être embouti par une voiture qui arrivait derrière nous. »

Extrait de : R. Silverberg. « Le livre des crânes. »

Le chemin de l’espace par R. Silverberg

Fiche de Le chemin de l’espace

Titre : Le chemin de l’espace
Auteur : R. SIlverberg
Date de parution : 1967
Traduction : M. Demuth
Editeur : J’ai lu

Première page de Le chemin de l’espace

« LE FEU BLEU

Le chaos menaçait la Terre mais peu importait à l’homme qui se trouvait dans la Chambre du Néant.
Dix milliards de personnes – ou bien était-ce maintenant douze milliards ? – se battaient pour une place au soleil. Des buildings montaient vers le ciel comme autant de pousses de haricots. Les Martiens raillaient. Les Vénusiens crachaient. Des cultes extravagants prospéraient et, dans un millier de cellules, les Vorsters se prosternaient devant leur diabolique lueur bleue. Rien de tout cela, pour le moment, n’intéressait Reynolds Kirby. Il était hors du circuit. C’était lui l’homme qui se trouvait dans la Chambre du Néant.
Le lieu de son repos se situait à douze cents mètres au-dessus des eaux bleues de la mer des Caraïbes, dans son appartement du centième étage, à Tortola, dans les îles Vierges. Il fallait bien se reposer quelque part. Kirby, en tant que haut fonctionnaire de l’O.N.U., avait droit à la chaleur et au sommeil paisible, et une part substantielle de son salaire passait à payer les frais de sa retraite. »

Extrait de : R. Silverberg. « Le chemin de l’espace. »

Le livre d’or par R. Silverberg

Fiche de Le livre d’or

Titre : Le livre d’or de la science fiction
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1979
Traduction : D. Pemerle, P. Alpérine, M. Demuth, F. Straschitz, B. Martin, P. R. Hupp, L. Malbernard
Editeur : Pocket

Sommaire de Le livre d’or

  • Absolument inflexible
  • Le circuit Macauley
  • Eve et les vingt-trois Adams
  • Le coup du téléphone
  • Je vous donne 1000110
  • Quand les arbres ont des dents
  • La danse au soleil
  • Monade urbaine 158
  • Pousser ou grandir
  • Bon pour le service des organes
  • Voir l’homme invisible
  • Des mondes en cascades
  • Le dybbuk de Mazel Toy IV
  • Schwartz et les galaxies

Première page d’Absolument inflexible

« Le détecteur se mit à rougeoyer dans un coin du petit bureau de Mahler. D’un geste las, il le désigna au type assis légèrement effondré devant sa table de travail : un anachronique à la triste mine, empêtré dans les boursouflures du scaphandre spatial qu’il était contraint de porter.
— Comme vous le voyez, dit Mahler en tapotant sur son bureau, on vient d’en trouver un autre. Vous n’arrêtez pas de nous tomber dessus. Quand vous arriverez sur la lune, vous trouverez un plein Dôme de vos pareils. Depuis que j’ai pris mes fonctions ici, j’en ai envoyé plus de quatre mille là-bas. C’était il y a huit ans, en 2776, ce qui fait une moyenne de cinq cents par an. Il ne se passe pratiquement pas de journée sans qu’il nous en débarque un.
— Et pas un qui n’ait été laissé en liberté, dit l’anachronique. Tous les voyageurs de l’espace qui ont atterri ici ont été expédiés immédiatement sur la lune. Tous. »

Extrait de : R. Silverberg. « Le livre d’or de science fiction. »

Le grand silence par R. Silverberg

Fiche de Le grand silence

Titre : Le grand silence
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1998
Traduction : B. Sigaud
Editeur : J’ai lu

Première page de Le grand silence

« DANS SEPT ANS D’ICI
Carmichael était peut-être la seule personne à l’ouest des Rocheuses à ne pas savoir ce qui se passait. Ce qui se passait ? La fin du monde, plus ou moins.
Mais Carmichael – Myron de son prénom, même si tout un chacun l’appelait Mike – était resté quelque temps absent : il s’était octroyé une semaine d’exquise solitude et de rééquilibrage mental dans le morne et somptueux désert qu’était la partie nord-ouest du Nouveau-Mexique et n’avait pas suivi l’actualité de près.
En ce limpide et vivifiant matin d’automne, bien avant l’aube, il avait décollé d’une piste rurale cabossée aux commandes de son petit Cessna 104-FG et mis cap à l’ouest pour rentrer chez lui. Il avait été furieusement secoué sur tout le parcours ; soufflant du centre du continent, un vent féroce chahutait l’avion dans tous les sens, lui assenant des claques redoutables pratiquement depuis le décollage. »

Extrait de : R. Silverberg. « Le grand silence. »

Le fils de l’homme par R. Silverberg

Fiche de Le fils de l’homme

Titre : Le fils de l’homme
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1971
Traduction : J. Guiod
Editeur : Le livre de poche

Première page de Le fils de l’homme

« Il s’éveille. Sous lui, la terre noire est froide et humide. Il est allongé sur le dos dans un champ d’herbes écarlates. Un souffle de vent se lève et agite les feuilles, qui se fondent en un ruisseau de sang. Le ciel est d’un bleu métallique, une couleur d’une transparence si intense qu’elle éveille dans son crâne une clameur aussi brève que désespérée. Il découvre le soleil : bas dans le ciel, plus grand qu’il n’aurait dû être, il a l’air légèrement pâle et fragile et semble aplati aux deux pôles. Des brumes nacrées s’élèvent de la terre et tourbillonnent vers le soleil, créant dans leur ascension des spirales de dentelles bleues, vertes et rouges. Un coussin de silence l’oppresse. Il se sent perdu. Il ne voit pas de cités, il ne relève aucune trace de la présence de l’homme dans cette prairie, sur ces collines et par-delà cette vallée. Lentement, il se lève et se dresse face au soleil.
Son corps est nu. Il le touche et découvre sa peau. Avec une curiosité paisible, il examine sa main, posée sous son menton contre la toison brune de sa poitrine. »

Extrait de : R. Silverberg. « Le Fils de l’homme. »

Le dernier chant d’Orphée par R. Silverberg

Fiche de Le dernier chant d’Orphée

Titre : Le dernier chant d’Orphée
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 2010
Traduction : J. Callier, F. Dolisi
Editeur : ActuSF

Première page de Le dernier chant d’Orphée

« Joue de ta lyre, Orphée. Pince une corde d’or. Et une autre, plus fort. Allez, encore plus fort ! Pour réveiller les morts… Oui, c’est cela : la mort elle-même ne pourra résister à ta musique. Joue de ta lyre, Orphée ; que par toi les morts se relèvent, que sanglotent les rivières, que de chagrin les arbres perdent leurs feuilles…
Pince donc une autre corde, encore plus fort si tu le peux. Plus doucement ensuite, puis en sourdine…
Chante, Orphée !
Chante ta vie, et le pouvoir qui t’a été donné de comprendre le sacré, et les tâches que les dieux t’ont confiées, et les souffrances qui en découlent, et ta mort, aussi… Et chante l’éternel renouveau qui succède à la mort…
Chante ! »

Extrait de : R. Silverberg. « Le Dernier Chant d’Orphée. »

La tour de verre par R. Silverberg

Fiche de La tour de verre

Titre : La tour de verre
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1970
Traduction : S. Hilling
Editeur : Marabout

Première page de La tour de verre

« Écoutez, aurait voulu dire Siméon Krug, il y a un milliard d’années, il n’y avait pas un seul homme sur Terre, il n’y avait qu’un poisson. Pauvre chose visqueuse pourvue d’écailles, de branchies, et de petits yeux tout ronds. Il vivait dans l’océan, et l’océan était comme une prison, et l’air formait comme un toit au-dessus de sa geôle. Personne ne pouvait traverser le toit. On mourait si on le traversait, disait-on. Mais il y eut un poisson qui le traversa, et il mourut. Et il y en eut un autre, et il le traversa, et il mourut. Mais il y eut un troisième poisson, et il le traversa, et ce fut comme si son cerveau était en feu, ses branchies en flammes, et l’air l’étouffait, et le soleil était une torche dans ses yeux, et il resta gisant dans la boue, attendant la mort, mais il ne mourut pas. Il rampa sur la plage, rentra dans l’eau et dit : « Dites donc, il y a un tout autre monde, là-haut ! » Et il y retourna, et il vécut encore, disons deux jours, et puis il mourut. »

Extrait de : R. Silverberg. « La Tour de verre. »