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Les singes du temps par M. Jeury

Fiche de Les singes du temps

Titre : Les singes du temps (Tome 2 sur 3 – Chronolyse)
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1973
Editeur : Robert Laffont

Première page de Les singes du temps

« Simon Clar savait que Magic-Joe allait mourir : question de jours ou peut-être d’heures… Simon avait douze ans et il passait ses après-midi de vacances dans le camion rouge, à écouter délirer le magicien du Far-West. Le médecin avait insisté longtemps pour que Joe Anton-Amos Roboam se laisse conduire à l’hôpital. Je veux crever chez moi ! répondait toujours le vieux baladin. Et il mourait lentement, en crachant ses poumons, dans le désespoir et la solitude de sa dernière étape.

Ce n’était pourtant qu’une demi-solitude. Simon venait l’écouter à l’insu de ses parents, et Sophia Shofranka, la Lovara, lui apportait à boire et à manger et nettoyait le camion de temps en temps.

— Quoi ? Quoi ? Quoi ? C’est ma vie, ma vie, ma vie ! Ah, quand je voyais ces montagnes qui grimpaient jusqu’au ciel et que je pensais à la mer, de l’autre côté, je me sentais tout petit. Je me disais : tu y arriveras jamais, au bord de la mer ! »

Extrait de : M. Jeury. « Chronolyse – Les singes du temps. »

En terre étrangère par R. A. Heinlein

Fiche de En terre étrangère

Titre : En terre étrangère
Auteur : R. A. Heinlein
Date de parution : 1961
Traduction : F. Straschitz
Editeur : Robert Laffont

Première page de En terre étrangère

« Il était une fois un Martien du nom de Valentin Michaël Smith.

Les membres de la première expédition humaine vers Mars furent choisis selon la théorie que le plus grand danger pour l’homme, c’est l’homme lui-même. En ce temps-là, huit années après l’établissement de la première colonie sur Luna, les voyages interplanétaires humains dépendaient encore de trajectoires orbitales – deux cent cinquante-huit jours terrestres de Terra à Mars et autant pour le retour, sans compter quatre cent cinquante-cinq jours d’attente sur Mars pour que les planètes se retrouvent dans une position réciproque favorable à la trajectoire du retour.

L’Envoy ne pouvait faire le voyage qu’en se réapprovisionnant à une station spatiale. De Mars, il pourrait revenir… s’il ne s’écrasait pas à l’arrivée, si l’on trouvait de l’eau pour remplir ses réservoirs, si mille autres choses se passaient comme prévu. »

Extrait de : R. A. Heinlein. « En terre étrangère. »

Mémoire par M. McQuay

Fiche de Mémoire

Titre : Mémoire
Auteur : M. McQuay
Date de parution : 1987
Traduction : H. Collon
Editeur : Robert Laffont

Première page de Mémoire

«  Et maintenant, que se passe-t-il ? »
« Mon père me porte sur son épaule, il me soulève au-dessus de sa tête pour que je puisse y voir. La salle est comble, les gens se pressent pour apercevoir le grand homme. Je n’ai jamais vu de salle si vaste. Mon père me dit que c’est l’homme le plus important du pays, mais moi je ne peux pas croire qu’on soit plus grand que mon père. »
« Quel âge as-tu ? »
« Quatre ans. »
« Qui est ce grand homme ? »
« Je ne sais pas. Je suis contente parce qu’on dirait un jour de fête – tout le monde est tellement excité ! Des milliers de bougies illuminent la salle et pour moi elles sont comme des étoiles dans le ciel. »
David Wolf se rassit et contempla avec embarras la femme qui était à demi renversée sur le divan aux couleurs passées. Ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait à effleurer chez elle ce même point sensible de sa main experte. »

Extrait de : M. McQuay. « Mémoire. »

Mensonges et Cie par P. K. Dick

Fiche de Mensonges et Cie

Titre : Mensonges et Cie
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1984
Traduction : H.-L. Planchat
Editeur : Robert Laffont

Première page de Mensonges et Cie

« Un ballon-jet créancier flottait au-dessus de Rachmael ben Applebaum ; de ses circuits vocaux jaillit une voix monocorde mais agréable et masculine – bien qu’artificielle – tellement amplifiée qu’elle fut entendue non seulement par Rachmael, mais également par tous les gens qui se pressaient sur les trottoirs roulants. L’amplification était bien destinée à cela ; vous étiez simultanément dénoncé et exposé à la raillerie publique, aux ricanements de la foule toujours présente qui devenait alors une force agissant contre vous… et gratuitement pour le créancier, songea Rachmael.
— Mr. Applebaum !
La grosse voix cordiale mais synthétique se répercuta, roula et tonna tandis qu’un millier de visages humains se tournaient d’un air attentif, levaient les yeux avec amusement pour voir le ballon-jet créancier, et observaient sa cible : Rachmael ben Applebaum qui s’efforçait de sortir du parking où il venait de laisser son papillon, pour gagner les bureaux de l’Arnac, à peine à deux kilomètres de là – une distance néanmoins suffisante pour être reconnu et devenir la cible du ballon-jet créancier. »

Extrait de : P. K. Dick. « Mensonges et Cie. »

Crise par Lester del Rey

Fiche de Crise

Titre : Crise
Auteur : Lester del Rey
Date de parution : 1956
Traduction : J.-M. Léger
Editeur : Robert Laffont

Première page de Crise

« La sonnerie aigre du téléphone rongeait le sommeil de Doc Ferrel. Ses efforts pour l’assourdir en enfouissant la tête plus profondément dans son oreiller n’avaient réussi qu’à la rendre plus présente. Il entendait Emma se retourner dans le lit voisin. C’est à peine s’il devinait son corps sous les draps dans la lumière pâle du petit matin.
On n’avait pas le droit d’appeler les gens à une heure pareille !
La colère dissipa les dernières brumes du sommeil. Il se leva tant bien que mal et tâtonna à la recherche de sa robe de chambre. Lorsqu’un homme approche de la soixantaine, qu’il a des cheveux gris et de l’embonpoint pour le rappeler, on devrait respecter son sommeil. Mais le téléphone continuait avec insistance. En atteignant le palier, il commença pourtant à redouter qu’il ne cesse de sonner. Arriver quelques secondes trop tard serait l’ultime vexation. »

Extrait de : L. Del Rey. « Crise. »

Tom O’Bedlam par R. Silverberg

Fiche de Tom O’Bedlam

Titre : Tom O’Bedlam
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1985
Traduction : P. Berthon
Editeur : Robert Laffont

Première page de Tom O’Bedlam

« Cette fois, Tom s’était senti poussé vers l’ouest par une force intérieure. Une direction qui en valait bien une autre. En allant vers le couchant, il arriverait un jour aux confins des terres et de là peut-être lui serait-il possible de s’élancer vers les étoiles.
Ce jour de juillet, l’après-midi touchait à sa fin quand il déboucha au sommet de la pente abrupte bordant le lit à sec d’un cours d’eau et s’arrêta dans un champ calciné pour reprendre son souffle et faire le point. Il se trouvait à peu près à deux cents kilomètres à l’est de Sacramento, sur le versant le plus aride de la montagne, dans le courant de la troisième année du nouveau siècle qui, à ce que l’on disait, devait voir se terminer les souffrances de l’humanité. Tom songea que cela se réaliserait peut-être, mais mieux valait ne pas trop y compter.
Juste devant lui, il aperçut un groupe de sept ou huit hommes déguenillés et rassemblés autour d’un vieux van sur coussin d’air dont les flancs rouillés étaient couverts d’éclairs de peinture rouge et jaune. Il était difficile de savoir s’ils réparaient le véhicule ou s’ils se disposaient à le voler. Peut-être les deux à la fois. Deux hommes étaient allongés dessous, la tête et les épaules au niveau de la boîte de vitesses, tandis qu’un troisième bricolait le filtre à air. »

Extrait de : R. Silverberg. « Tom O’Bedlam. »

Le long chemin du retour par R. Silverberg

Fiche de Le long chemin du retour

Titre : Le long chemin du retour
Auteur : R. SIlverberg
Date de parution : 2002
Traduction : R. Provost
Editeur : Robert Laffont

Première page de Le long chemin du retour

« Les premières explosions semblèrent très distantes : une série lointaine, étouffée, de détonations, de grondements et de bruits sourds qui aurait pu n’être que le tonnerre à l’horizon. Joseph, plus endormi qu’autre chose dans son lit confortable du pavillon des invités de la Maison Geften, remua, sa vigilance vaguement en éveil, dressa une oreille, écouta un instant sans vraiment écouter. Oui, songea-t-il : le tonnerre. Sa seule inquiétude était que ce tonnerre pût annoncer la pluie, car elle gâcherait la chasse du lendemain. Mais ici, dans le Haut Manza, on était censé être au milieu de la saison sèche, non ? Alors comment pourrait-il pleuvoir le lendemain ?
Il n’allait pas pleuvoir ; par conséquent, Joseph sut que ce qu’il croyait avoir entendu ne pouvait être le son du tonnerre… pouvait, d’ailleurs, ne rien être du tout. C’est juste un rêve, se dit-il. Demain, il fera beau, le soleil brillera, je chevaucherai jusqu’à la réserve de chasse avec mes cousins du Haut Manza et nous passerons un moment formidable. »

Extrait de : R. Silverberg. « Le long chemin du retour. »

L’étoile des gitans par R. Silverberg

Fiche de L’étoile des gitans

Titre : L’étoile des gitans
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1986
Traduction : P. Berthon
Editeur : Robert Laffont

Première page de L’étoile des gitans

« L’idée d’abdiquer me vint dès que je pris conscience que le moment était venu de tout laisser tomber et de prendre la fuite. L’une de mes tactiques préférées, et qui m’a valu nombre de succès, consiste à passer à l’attaque en simulant une retraite. Une sorte d’offensive passive, si l’on veut.
C’est ainsi qu’à la saison des neiges, je quittai Galgala, abandonnant mon trône, mon palais et tout ce qui était mien, à destination de la planète Mulano dont le nom signifie le Monde des Ombres. Je ne cherchais rien d’autre qu’un lieu où je pourrais vivre paisiblement, moi qui m’étais toujours nourri du bruit et de l’agitation, et je trouvais exactement ce que je cherchais dans les éclatantes immensités neigeuses. J’avais cent soixante-douze ans. C’était comme si je n’avais jamais été le roi des Gitans et j’étais bien décidé à ne jamais me laisser persuader de le redevenir. »

Extrait de : R. Silverberg. « L’étoile des Gitans. »

A la fin de l’hiver par R. Silverberg

Fiche d’A la fin de l’hiver

Titre : A la fin de l’hiver (Tome 1 sur 3 – Nouveau printemps)
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1988
Traduction : P. Berthon
Editeur : Robert Laffont

Première page d’A la fin de l’hiver

« L’hymne du printemps nouveau

Nulle part dans la mémoire du Peuple on ne trouvait trace d’une journée comme celle-là. Dans le cocon où, sept cents siècles auparavant, les ancêtres de Koshmar et de sa petite troupe avaient trouvé refuge durant le Long Hiver, il pouvait s’écouler six mois ou plus sans que le plus petit événement fût digne de figurer dans les chroniques. Mais, ce matin-là, ce furent trois événements extraordinaires qui se succédèrent en l’espace d’une heure et transformèrent à jamais la vie de Koshmar et de sa tribu.
On découvrit tout d’abord qu’une troupe nombreuse de mangeurs de glace, remontant des profondeurs glacées de la terre, s’approchait du cocon par-dessous.
C’est Thaggoran, le chroniqueur, qui perçut leur présence. Thaggoran était l’ancien de la tribu, par le titre comme par la situation. Il avait vécu plus longtemps que tous les autres, car sa qualité de chroniqueur lui conférait le privilège de vivre jusqu’à la fin naturelle de ses jours. »

Extrait de : R. Silverberg. « Nouveau printemps – A la fin de l’hiver. »

La Terre est un berceau par A. C. Clarke et G. Lee

Fiche de La Terre est un berceau

Titre : La Terre est un berceau
Auteur : A. C. Clarke et G. Lee
Date de parution : 1988
Traduction : D. Defert
Editeur : Robert Laffont

Première page de La Terre est un berceau

« Espèces en danger

Les flots émeraude se brisent contre les sombres falaises volcaniques. De beaux embruns blancs courent sur la roche déchiquetée, formant un voile de brume qui scintille dans la lumière du soir. Au loin, deux soleils jaunes se couchent simultanément, séparés l’un de l’autre de quarante degrés, et disparaissent tous les deux derrière l’horizon. Dans le ciel bleu nuit, de l’autre côté de l’isthme qui descend doucement des falaises volcaniques vers un océan, une paire de pleines lunes se lève à mesure que s’éclipsent les deux soleils. Leur double clarté, bien que beaucoup plus faible que l’éclat des soleils couchants, est assez vive pour dessiner des ombres dansantes sur les flots au pied des surplombs rocheux.
Tandis que les lunes jumelles se lèvent sur la côte orientale de l’isthme, une lueur commence à  »

Extrait de : A. C. Clarke et G. Lee. « La Terre est un berceau. »